Une fleur deux sels
Lumeï et Cassiopée
Lumeï
Toujours de cette rapidité invisible à l'humain, le phénix arrive en effleurant la cime des arbres. La traînée multicolore dessine sont chemin parcouru. Comme cette histoire des petits cailloux que les grands humains racontent aux plus petits.
Le phénix sent la douce odeur de l'océan qui parfume l'air agréablement. Puis, l'odeur des fleurs sur le bord de la Terre chatouillent ses ailes, son âme. Phénix frisonne. Il volète en contrebas maintenant pour saluer les arbres et vient se poser aux racines d'un des plus anciens.
*Que par ta sagesse je me transforme.*
Le phénix regarde l'arbre.
Puis, sa forme s'allonge, se grandit progressivement en un flouté surprenant. Quelques lumières vont se perdre dans le jour sur l'océan sur le bord de terre. Sur les bords du monde qui grandit.
Dépassement de la taille initiale du phénix.
Les ailes se transforment en bras d'enfant et les pattes, en petits pieds nus.
Puis, la brise qui faisait danser les plumes de l'oiseau s'occupa alors des cheveux de l'être.
Du phénix, seules l'âme et la couleur des yeux demeurèrent. Mais ce détail imperceptible, peu d'humains avaient su le déceler.
L'enfant est vêtu d'une simple tunique beige.
Il lève la tête. Observe. Attend.
Il ramasse des cailloux et les place sur le sol de façon à donner forme à un phénix.
Ensuite, il se dirige vers les bruissements réguliers de l'étendue d'eau; là où se rencontrent le Ciel et la Terre.
Il s'assoit. Trempe ses pieds dans l'eau froide du petit matin. Puis, son regard.
Son regard se perd vers l'horizon. Dans le lointain qui a la couleur des bleuets.
Son âme survole l'eau.
En attendant.
En attendant la Dame-étoiles.
En l'attendant, il écoute le Monde qui parle des Choses et des Hommes.
Cassiopée
Dans les sous-sols des palais du Sang, Cassiopée avait œuvré à protéger les êtres, l’esprit en suspension vers un cheminement ensoleillé. Il n’avait pas failli dans le temps et avait conservé sa beauté attirante.
Seule, à présent, Cassiopée peut enfin se consacrer à la perception fascinante qui s’est attachée à elle. Elle n’a qu’à fermer les yeux pour sentir la longue trainée de lueurs. Elle s’ouvre à elle comme un long chemin à parcourir.
Et elle décide son départ.
Prenant son souffle, elle pénètre en elle-même jusqu’à atteindre les marques laissées par l’être venu tout comme elle des cieux. C’est un recueil au plus profond d’elle pour atteindre une porte de sortie. Celle qui lui ouvrira la voie pour suivre les lueurs tracées par Lumeï.
Son souffle est court lorsqu’elle entame la course. Le voyage est peut-être long ou peut-être très rapide. Elle ne perçoit que la douceur des étoiles sous ses pieds, elle poursuit les cieux.
Le chemin la mène tranquillement vers le rivage. Elle semble marcher sur l’océan pour se diriger vers l’enfant seul, les pieds dans l’eau.
Lumeï
Des pas, derrière, frôlent la Terre puis les petits cailloux. Clapotent dans l'eau.
La Dame-étoiles s'assied à la droite de Miel puis elle observe à son tour l'horizon d'eau et d'air.
Dans un murmure Miel lui glisse :
- Tu as fait vite. Comment fût ton voyage ?
Silence que le vent efface. La Dame laisse quelques instants se poser entre leur échange.
- Étrange petit garçon, étrange. Un instant. Tu es donc Miel.
L'enfant sourit. Une fleur nait quelque part.
La Dame est d'un calme olympien. Apaisée.
- Il m'a dit que tu me cherchais, explique-t-il.
Je ne suis qu'un enfant mais en quoi puis-je t'aider créature des Étoiles ?
Une lueur malicieuse s'ajouta à son regard comme un monde entre-ouvert.
L'enfant leva la tête et regarda au-dessus de lui puis la tourna vers la Dame. Il l'a regarda et attendit sa réponse. Sa demande ou son souhait. Une attente impatiemment curieuse de celles que nous avons, les yeux grands ouverts sur les Néantes. Toutes les Néantes. Sur l'insondable et le devinable. Les Humains appellent cela le Savoir. Miel appelle cela les hypothèses.
Quelques poissons semblent s'amuser de l'air en lui sautant dessus. Peut-être veulent-ils l'attraper pour lui faire visiter l'océan.
Cassiopée
Au moment délicat où Cassiopée toucha le sol, elle se sentit sortir d’un rêve. Le chemin qu’elle venait de parcourir n’était que songe ou déplacements inter temporel et spatial étaient le fruit d’une volonté dont elle n’était pas le maître. Elle n’avait fait qu’accepter emprunter une route qui s’ouvrait à elle. Elle en gardait l’impression brutale d’un retour à une réalité tout aussi surprenante.
Devant elle, un enfant était installé sur le quai le plus à l’Ouest de Galvorn. Un lieu assez sordide la nuit mais complètement déserté le jour.
Il était seul, les pieds dans l’eau, mains posées sous ses cuisses. Il contemplait les poissons qui venaient se frotter à ses doigts de pied.
Mais l’enfant l’attendait et se mettait à sa disposition. Or si la Dame du Sang se référait aux informations apportées par le Phénix, Miel était enfant de l’Univers et il avait la faculté de voir les choses aveugles aux Hommes.
Elle s’approcha de lui jusqu’à le toucher et sentir le doux velouté de la peau enfantine.
-L’être de Lumière, Lumeï, m’a assuré que tu étais enfant du Mystère et que peut-être tu accepterais de me conduire là où je ne peux aller seule.
Elle s’était tue avant d’aller plus loin dans ses explications. Son esprit attendait la certitude que l’enfant était bien le guide qu’elle espérait.
Mais elle n’eut pas à attendre bien longtemps. Miel s’était levé et avait enfoncé ses mains dans les profondes poches de sa tunique. Ses pieds nus avaient déposé des petites flaques d’eau sur les larges dalles en bordure du quai.
Il la regardait, la tête un peu de côté, sans s’impatienter. Une attente tranquille de celui qui sait que chaque chose vient à son heure.
Alors, Cassiopée formula son souhait :
-Peux-tu me conduire vers le Phénix ?
Lumeï
L'enfant reçu les paroles de la Damétoiles. Sa tête était levée de façon à ce que ses yeux puissent totalement communiquer en regard.
Un instant d'attente.
- Oui, il m'a dit que tu voulais le voir.
Un autre instant à écouter le vent se lever légèrement. En touches fines et douces. Nuage léger de pluie fine qui se déverse. Une minute s'écoule. Laissant les brins de soleil serpenter entre les gouttes.
D'un coup, le monde brilla plus.
Puis, la pluie fine s'arrêta. Soleil plein. Soleil partout. Le monde brille couleur neige. Qui fond. Fond.
- Je vais te répondre. Probablement seras-tu surprise de ce que je t'apprendrais. De la facilité avec laquelle nous pouvons le trouver, lui parler. Peut-être. Toi seule en jugeras, astre brillant.
La voix de l'enfant laissait supposer qu'il allait révéler quelque chose. Mais quoi ? Mystère suspendu qui chatouille la patiente. Ah, l'herbe frémit. Frémit comme eau qui bout. L'eau, l'herbe et le vent. Nos quelques gerbes de temps entre la Damétoiles et l'enfant.
- Je crois que tu peux te rasseoir. Je dois te raconter une histoire.
L'enfant n'attendit pas quant à lui. Il se dirigea de nouveau vers les vagues de mer et laissa glisser ses petits pieds nus en leur chair tantôt blanche, tantôt translucide.
- Damétoiles, je ne t'apprendrais rien en te disant que Lumeï est un phénix, être de couleurs de vies.
Miel regarda au loin, devinant le hochement de tête de Cassiopée.
- Bien. Te souviens-tu ce jour de ta première rencontre avec Phénix ? demanda l'enfant.
Cette fois-ci, il observa la réaction de la Dame, la fixant de ses yeux sans peur, curieux et sages. Dans son regard, il vit qu'elle se remémorait les images de leur premier contact tant inusité. Un sourire ébauché. Un fil de jour entre les feuilles d'arbres qui volent sur la bordure de mer entre Cassiopée, Miel, le ciel, la terre et l'eau.
- Oui, je m'en souviens, répondit-elle.
- Tu te souviens donc de la manière dont il s'est adressé à toi ainsi que tes compagnons. Afin de pouvoir parler aux êtres qui ne savent user du langage de l'univers, il doit emprunter leur voix et parler leur langue.
Silence. La mer chante le ciel.
- Ainsi s'exprime-t-il.
Miel regarde une mouette planer indolemment. Quelque part, la mer est la terre des oiseaux d'eau.
- Le phénix aime parcourir l'univers et les Néantes qui le compose. Il aime découvrir ces petits Néants parsemés d'êtres et de langages, de couleurs et de sons. Toutes ces différences, il veut les connaître toutes. Et toutes les ressemblances, quand les êtres meurent pour les construire. Le phénix observe. Il observe. Toujours. Il voyage. Beaucoup.
Qu'y avait-il dans les yeux de la lune quand le soir danse à retrouver les étoiles. Il en une de ceux qui connaissent la réponse : la Damétoiles.
- Peut-être vais-je t'apprendre quelque chose. De cette même manière, pour intégrer et observer les univers qu'il parcourt, Lumeï se transforme en être de Néante. Comprends-tu ?
Miel attendit afin que Cassiopée reçoive entièrement son discours.
Cassiopée
Un instant, le temps que deux regards se pénètrent, la Nature avait semblé plus grande, plus envahissante. Elle avait montré ses nuées, ses lumières ; avait dégringolé le ciel pour se déverser sans complexe aux pieds des deux êtres, curieux l'un de l'autre.
Puis les mots, presque brutaux, s'étaient chargés de communiquer. Ils étaient le retour vers la matière - le solide - Les mots matérialisaient une relation naissante. Ils cristallisaient ce que la mer chantait au ciel.
Le Vent, sans se presser, paradait sur les flots. Il caressait les épaules de Cassiopée et soufflait une douce brise des mers du Sud sur le cou nu de Miel.
Miel évoquait le phénix dont le voyage semblait la priorité.
Cassiopée suivait sans se perdre chaque détail exprimé. Quand elle prit la parole, elle dit :
- Je me souviens très bien de ma première rencontre avec le phénix. Nous étions égarés au fond d'un rêve qui n'en était peut-être pas un. Le phénix est alors apparu comme sorti d'un autre songe et s'est adressé à nous dans notre plus profonde intimité. Un instant, Sanz et moi avons été enveloppés par notre propre miroir et nos mots étaient ceux du phénix.
Tu sembles tout connaitre de Lumeï. Comment cela se fait-il ?
Elle s'était avancé jusqu'à dépasser les quais et Miel l'avait suivie.
Puis, elle avait quitté les contreforts de la cité pour escalader la dune. Elle avait tourné le dos aux flots et contemplait l'immense steppe qui se déroulait vers l'horizon terrestre.
La steppe aux couleurs orangées était parsemée de grandes auréoles d'un vert tendre et cernées de hautes herbes. Ces disques lumineux s'étalaient jusqu'à la forêt lointaine.
Vers l'Est, on entendait les remous de la Ville de Galvorn et des manutentions portuaires. Brouhahas lointains que recouvraient les pulsations lentes de la houle.
- Qu'appelles-tu : "Néantes", Enfant ?
Lumeï
Les bruits de la ville, des bateaux. Quelques rires et paroles criées les uns aux autres, très lointain que le vent leur portèrent.
Miel avait écouté cette impression très personnelle de la première entrevue de Cassiopée, de Sanz, de l'elfe avec le phénix. Puis Miel, qui était en quelque sorte ce phénix, s'amusa des yeux de la Damétoiles.
Cassiopée lui fit un signe de la main, l'invitant à la rejoindre en direction des terres. Miel laissa son regard se perdre encore quelques instants sur la a surface de la mer comme à glaner ses dernières couleurs puis se frotta les mains. Il la rejoignit. Dans ses pas silencieux emprunts de respect, il la suivit. La Damétoile se déplaçait avec une grâce surnaturelle. Chaque geste portant une pointe de maturité.
Miel continuait encore son observation terrestre. Un lézard qui court très vite. Image qui file devant les yeux de l'enfant pendant que lui-même ouvre ses oreilles à la Damétoiles.
Chaque merveille terrestre et extraterrestre se gravait dans la mémoire de l'enfant comme une sculpture dont les traits s’éclaircissent au fur et à mesure du travail de l'homme au maillet et au burin. Le monde est un artiste.
Les deux êtres magiques marchaient sur un sentier étroit. Il devait probablement être assez peu pratiqué par les humains. Merveille qu'ils manquaient sans doute à ne pas arpenter.
Brisant ce silence parolier, la Damétoile s'adresse à l'enfant aux pieds nus :
- Qu'appelles-tu : "Néantes", Enfant ?
Visiblement, Cassiopée réfléchissait depuis à cette notion particulière. Elle semblait avoir soif de chaque information qui pouvait la décrire. Comme si chaque fois que Miel lui en donnait de nouvelles, elles ne semblaient apaiser sa curiosité.
Sourire léger du coin des lèvres sur son visage aux traits simples.
- Les Néantes sont propres à chaque être qu'il soit humain, extra-humain ou magique. Ou un peu des deux, dit-il avec un rire léger derrière les mots. Chaque être a sa propre Néante, son propre monde dans lequel elle y place la profondeur de sa façon-d'être, son savoir, ses rêves, ses envies. Les Néantes sont les mondes de l'intimité. On ne peut y mentir. Nos âmes y sont vraies, toujours.
L'enfant réalisa trois grand pas pour se mettre à la hauteur de la Damétoiles. Il débordait légèrement sur les herbes qui bordaient le maigre sentier.
- La Néante de l'autre n'est accessible que dans le seul cas où celui-ci nous ouvre ses portes.
Respiration.
- La Néante est une profondeur d'âme qui s'apprivoise, un peu.
Les deux êtres étaient arrivés jusqu'à un coin d'eau. Un étang de petite taille. De magnifiques roseaux sortaient d'eau à caresser le ciel. On pouvait écouter le croassement d'une grenouille qui conversait probablement à convaincre les poissons de venir voir le soleil du bout de l'étang à l'air libre.
Miel se dirigea vers l'eau opaque. Elle avait la couleur chaude de la Terre. Une sorte d'entre eau-sol, intéressant mélange.
- Toi aussi tu as ta propre Néante. Je pense que tu le sais.
Ces paroles étaient destinées à Cassiopée.
L'enfant s'assit au bord de l'étang à contempler les plantes aquatiques nager, pencher, se noyer. La Dame le rejoignit à sa droite.
- Je dois chercher un livre. Souhaites-tu m'accompagner ? Il n'est pas trop loin d'ici.
Cassiopée
Cassiopée n’avait pas répondu à Miel lorsque celui-ci l’avait invité à considérer son propre monde. Elle était entrée dans ses Néantes le temps sentir son cœur battre au rappel de son intimité. Un bref instant, Miel avait disparu du champ de sa perception et était devenu une image lointaine tant la force de ses Néantes l’avait envahie. Oui, Cassiopée savait les conséquences du retrait sur soi et elle ne laissa pas la bulle mentale s’emparer de ses pensées. L’instant fut rapide et elle enchaina très vite en répondant à Miel :
- Un livre ? Ici ? Je suis surprise, mais pourquoi pas… Je t’accompagne Miel. J’aspire en ce moment à te connaître mieux. Que m’offres-tu ? Un voyage ? Une excursion ? Une tasse de thé dans tes appartements ? Quel livre recherches-tu ?
Elle s’arrêta là.
Elle aurait pu formuler des questions sans s’arrêter car sa soif de connaissance semblait stimulée par la présence de cet enfant et l’évocation du phénix.
Elle ajouta cependant :
- Pourtant, avant qu’on ne parte d’ici, je voulais te montrer le lieu où nous nous trouvons. Vois-tu ces cercles formés par la Nature au-delà des étangs ? Ils ressemblent à des traces circulaires laissées par un monstre. Vois-tu, chaque disque est recouvert d’une flore d’un vert tendre et sa circonférence s’est habillée pour l’occasion d’une chevelure bleutée qui vole sous l’effet de la brise. On les appelle ici les cercles de fées. La mémoire populaire se plait à évoquer des danses mortuaires les grands soirs d’équinoxe. Rares sont les personnes qui s’aventurent sur ces terres hantées.
Déjà, Cassiopée s’était détournée du paysage féérique qui s’étendait par delà la lagune, toute à son attention pour l’enfant qui l’accompagnait.
-Je te suis Miel.
Lumeï
L'impatiente curiosité sembla d'un coup se précipiter aux bords des lèvres lumineuses de la Dame.
- Un livre. Il n'est pas trop loin. Mais pas si près non plus. Je pense qu'il faudra une vingtaine de jours pour parvenir au lieu précisément.
Cassiopée savait que le temps n'était pas un obstacle au phénix. Probablement sa patience provenait-elle de cette relation que cet être avait noué avec le grand Temps. Un mois. Une année. Qu'importe la durée, pour le phénix aux vies éternelles qui se réalisent les unes après les autres, le temps humain n'a pas cette signification au yeux, à l'âme du Phénix. Cela, Cassiopée le savait.
L'enfant se leva et partit derrière un long arbre planté à côté de l'étang. Il s'agenouilla et ôta feuilles et branches qui recouvrait très discrètement un trou à abriter. A abriter une sacoche. Le petit être s'en saisit et passa la bandoulière au-dessus de sa tête. Il se retourna vers la Damétoiles, un sourire aux yeux :
- Je suis prêt. Souhaites-tu que nous récupérions des choses en ville? Ou alors pouvons-nous entamer notre périple à ouvrage ?
Cassiopée lui jeta un regard. Elle mit la main dans son corps qui se perdait en lumière. Elle la glissa dans sa cuisse. La main sembla disparaître et pourtant elle la matérialisa à nouveau, accrochée à une trousse. La Damétoile la prit à deux mains.
- Voici déjà et cela me suffit à voyager sans crainte.
Cassiopée rangea la trousse de la même manière dont elle s'était emparée de l'objet en question.
- Partons, donc Amidétoiles, prononça-t-il, se permettant un ultime coup d’œil à contempler les cercles de fées.
Il entama le premier pas. A s'engouffrer sur les terres. A frôler un chemin invisible où pourtant brillait la détermination de Miel en son regard. Cassiopée le rejoignit, marchant au même rythme.
- Damétoiles cherchant à me connaître, tu seras servie. Car cet ouvrage que nous partons quérir raconte la naissance du Phénix. Tu sais que je suis une matérialisation humaine de celui-ci.
La Dame restait toute ouïe.
- Cet ouvrage est tombé entre des mains qui ne devraient tenir mon histoire. Je vais donc chercher un bout de moi pour le replacer en son socle supposé.
Miel lui avait révélé les raisons de cette recherche. Il lui semblait légitime de les lui partager, Cassiopée étant devenue son compagnon de voyage. Ce secret partagé lui sembla être une preuve de confiance et d'amitié. Et elle avait raison de le penser puisque c’en était.
Leurs deux silhouettes fines dansèrent au loin sur l'horizon déjà né. Le jour se prononçait alors. Et les oiseaux chantèrent un hymne au voyage de l'enfant-au-pieds-nus et de la Damétoile.
Dans l'univers, le Phénix poussa cri fin en son langage. Que d'autres êtres magiques parviendraient peut-être à écouter. L'âme ouverte.
Cassiopée
La marche avait un goût d’irréel pour Cassiopée. Elle se tenait aux cotés de Miel en silence. Ses pas s’emboîtaient dans ceux de l’enfant. Les mots étaient devenus inutiles car ses pensées rejoignaient le Phénix dans l’infini Cosmique.
Les deux êtres avaient leur point d’ancrage au-delà du monde terrestre et ils communiquaient par d’autres biais que la parole. Le Verbe n’est qu’évocation sommaires des véritables contenus. Leur langage n’utilisait pas les mots, il se modelait au travers des Vents sidéraux et des Lumières célestes.
En communiquant avec Lumeï, Cassiopée découvrait la créature dans son déploiement et elle-même oubliait la dépouille fragile de son corps d’humaine.
Elles avancèrent ainsi le long du jour sans s’interrompre pour manger, leurs pas étaient légers et s’enfonçaient peu dans le sol ameubli par les pluies de nuits passées. Le soleil montrait son nez derrière quelques nuages volages. La route était aisée.
Cependant les corps sont périssables et il ne fallut pas plus de ces quelques heures pour rappeler aux silhouettes frêles que prendre un repas était indispensable.
Constatant le chemin parcouru, Miel et Cassiopée prirent conscience qu’ils s’étaient profondément enfoncés dans la vaste plaine marécageuse. L’itinéraire qu’ils avaient suivi était un ancien talus qui surplombait la tourbe environnante. Mais à présent ils se trouvaient au pied d’une colline surplombée d’un tas de pierrailles.
En arrivant au sommet, Cassiopée sentit le vent frais glisser sur ses épaules en même temps que la pénombre. Quelques passes adroitement formulées du bout des doigts la revêtit d’un manteau nuageux qu’elle partagea avec l’enfant. Mais la faim commençait à lui crier son existence.
Observant la nature qui les environnait, elle attendit et Miel s’assit en tailleur dans la même position patiente.
Attirés par la présence des deux êtres, un lapin curieux fit une apparition, trop courte pour être envisagé comme repas. Mais il revint un moment plus tard et cette fois-ci le bras de Cassiopée se déplia d’un geste si prompt qu’un simple éclat fut lisible. La Dame du Sang se leva tranquillement et alla cueillir les fruits de sa patience. Miel attisa le feu et l’odeur du gibier rôti excita leur appétit.
Lumeï
Le dîner portait le goût du monde : sa force et sa tendresse.
Cassiopée ouvrit ses yeux sur les cheveux du soleil envolés. Miel avait rangé le peu d'affaires éparses sur le sol qu'ils avaient utilisées la veille. Les cendres formaient un cercle qui décorait la pleine verte. La chaleur de l’hiver qui rencontre celle d'été.
La fraîcheur du matin ravivait les couleurs du visage de l'enfant.
La Damétoile se releva puis roula la couverture sur laquelle elle s'était reposée. Une fois placée dans sa trousse puis sa cuisse ; d'un commun accord, les deux êtres repartirent.
Marcher n'était plus si aisé. A chaque pas, de la boue s'accrochait à leurs chaussures. Puis à chaque autre, la boue se rajoutait comme une construction de carte sur laquelle on loge une nouvelle pièce. Mais quand tombera le château de boue ?
Ce pas puis l'autre. Ces pas de l'autre. Pas d'autres qu'eux sur le chemin. Comme fui des Hommes.
La couleur s'était ternie de marron englué sur les arbres plus rares. Plus frêles. Plus résistants. L'air était tiède, légèrement moite. Il donnait comme l'impression d'un nuage qui entoure, qui protège en chaleur.
Miel leur faisait traverser le nuage, pour mieux voir. Pour mieux chercher. Se débarrasser des travers superficiels.
L'objectif demeurait. Trouver ceux qui avaient dérobé l'objet.
Arriva un moment où le chemin parcouru s'arrêta, devenant trop mou. Cassiopée lança un coup d’œil à l'enfant :
- Hey, tu pensais que nous pourrions traverser entièrement le Pays de la Boue ? C'est impossible ! Vois comme le sol s'écoule sous nos pas. Vois comme il est profond !
L'évidence pouvait être. Ainsi ou autrement. Ainsi et autrement.
Il y avait à voir autre chose cependant.
L'enfant acquiesça pour la traversée en bouée.
- Pourquoi ne pourrions-nous pas ? lui répondit-il.
Miel rit devant l'air décontenancé de la Dame.
Il marcha ensuite droit vers le sol en bouillie de terre. Son corps fondit progressivement jusqu'à disparaître totalement.
L'enfant traversa le le Pays de la Boue.
Et, de l'autre côté, il attendait probablement la Damétoile.
Cassiopée
Cassiopée avait, un court instant été déstabilisée par l’enfant qu’elle ne connaissait pas. Comme elle ne connaissait pas Lumeï. Et l’inconnu surprend souvent celui qui n’est pas sur ses gardes. Non seulement l’enfant qui la précédait dans cette quête détenait des connaissances indispensables sur leur but, mais en plus, il détenait une magie qu’elle n’avait pas soupçonnée un moment plus tôt.
Elle avait oublié que Miel était l’incarnation de Lumeï, ce phénix dont elle recherchait la trace afin d’en mesurer la puissance.
Il s’était enfoncé dans la boue comme un nageur pénètre dans la mer. Comme si tout lieu était son domaine.
Cassiopée n’aimait pas la boue, cette eau trop chargée de terre. Imaginer s’immerger dans la gadoue ne lui plaisait pas. Elle sentait déjà ses narines envahies de ce liquide gluant et ses oreilles s’emplir jusqu’à étouffer son souffle intérieur.
Mais elle prit son courage à deux mains et insuffla une longue aspiration afin de gonfler au maximum chacune des alvéoles de ses poumons. Dans le même temps, elle ralentit au minimum son rythme cardiaque, ferma les yeux et perçut le chemin lumineux que les pas de Miel avaient tracé à sa suite.
Elle s’engagea dans le flot lourd et massif d’une terre trop humide pour en faire un jardin.
Ses pensées suivaient celles de Miel et utilisaient l’enfant comme un point magnétique sur lequel elle avait ancré son azimut de marche.
Ses pas étaient lents bien qu’elle fendit la masse boueuse sans difficulté. La sensation était désagréable. Elle n’aimait décidément pas la boue.
Lumeï
La Damétoiles n'aimait pas cette traversée. Troublée. Le phénix emprunta alors sa voix pour lui insuffler en langage d'univers :
-* Conseil. Ne laisse pas les impressions t'être un obstacle. *_ lui transmit Lumeï, s'exprima la voix de la Dame.
Miel sentit l'emprunte de l'âme de Cassiopée qui s'accrocha à un pan de la sienne. Elle avait compris comment suivre les âmes dans l'univers. Déjà, elle l'avait réalisé une fois en suivant la créature volante aux plumes de soleil.
Miel sentit son pas affirmé. Les yeux fermés. Guidée par l'âme. Ce, uniquement. Elle marchait sans crainte sur ce sentier d'inconnu et rejoignit assez rapidement le petit enfant.
Son sourire illuminait ses yeux.
- Bienvenue de ce côté de l'univers, l'accueilla-t-il chaleureusement.
C'est alors que Cassiopée vit à quel endroit ils se trouvaient alors. Les deux êtres étaient apparus au beau milieu de petits vallons entremêlés. Liés les uns aux autres, ils semblaient en fusion fraternelle millénaire. Mais qui saurait dire que les éléments vivent ?
L'enfant sourit.
Ces vallons étaient clairsemés de verdure profuse. Parmi les brins d'herbe, des fleurs de couleurs innombrables. Le parfum délicat de cette riche flore vint défier leur narines de parcourir ces champs de nature déployée.
Nul homme ne semblait avoir gravit ces terres depuis longtemps.
Était-ce à eux de poser quelqu'empruntes de pieds dont la terre autoriserait un bout de sa mémoire à leur souvenir. Il fallait doucement lui parler, à la terre fine de cet endroit sauvage.
- Ce lieu n'a pas de nom, expliqua Miel à la Damétoiles. Certains peuples l'ont parfois traversé. Mais peu ont demeuré longtemps. Et jamais un nom humain ne lui a été attribué.
Pourtant, c'est magnifique.
Il n'y a rien à comprendre. Souvent, les humains ne savent cueillir ce qui leur est offert.
Soupir de l'enfant.
- Maintenant, Nous devons traverser ces vallons. Lorsque nous parviendrons à la lisière, nous pénétrerons une forêt dans laquelle se dissimule un petit village d'humains.
La Damétoile se demanda comment l'enfant connaissait pareil lieu minuscule et probablement assez peu fameux.
- Nous trouverons une première réponse.
Cassiopée
Ils avaient émergé du lit de boue recouverts d'un suaire de terre. Miel ne semblait pas s'en soucier. Seule la vue de ce monde nouveau la captivait. La boue séchait rapidement sous le soleil éclatant d'une journée d'été. Elle se fendillait de fines crevasses et peu à peu la terre asséchée se détacha des commissures des lèvres alors que l'enfant parlait. Puis son visage se matérialisa à nouveau et secouant les bras, il se débarrassa des résidus boueux, comme un chien s'ébroue en sortant du bain.
Cassiopée, de son coté, s’était dépêchée de retirer sa gangue terreuse en formulant une courte incantation.
Constatant que les paysages alentour paraissaient charmants, elle souriait en écoutant Miel lui parler. Le monde qui les environnait avait des allures d’Eden et Cassiopée se méfiait de tout monde inconnu malgré les propos rassurant de son guide.
Elle le suivit pourtant, bien décidée à découvrir le livre que recherchait Miel.
Ils marchaient hors sentier car aucun chemin n’avait été pratiqué. Quelques sentes empruntées par quelque animal sauvage leur simplifiaient parfois la progression. Mais le plus souvent, leurs pas s’égaraient au milieu de bruyères sous des arbres centenaires.
L’enfant suivit sa route sans soucis de direction. Il paraissait reconnaître une voie tracée.
Tout à coup, Cassiopée aperçut un éclat lumineux au milieu d’un enchevêtrement de ronces en bordure de leur route. Soulevant délicatement une branche, elle découvrit une broche finement travaillée, sertie d’une pierre de rosée.
Comme elle était derrière l’enfant, elle l’encouragea à stopper son avancée.
-Miel ! Regarde donc le bijou que je viens de découvrir ! Je n’ai plus vu de tels ouvrages depuis le déclin des immortels. Ce bijou est une véritable antiquité.
Lumeï
Le regard de Miel dévorait les paysages, c'est alors que la Damétoiles l'interpella pour lui faire note de sa mystérieuse découverte. L'enfant s'agenouilla de façon à mieux voir. Il sentit la terre meuble s'affaisser légèrement sous son poids. L'herbe se froissa. Le bijou était de facture ancestrale et d'une finesse impressionnante. Chaque courbe était gravée de dessins mettant en scène différents animaux. Le sens échappait aux deux contemplatrices, curieuses, qui n'avaient pu découvrir complètement l'ouvrage qu'en l'observant avec leurs yeux rapprochés.
- Tu as raison, c'est un objet plus vieux que Monde.
L'enfant posa son regard perplexe sur Cassiopée. Il essaya de déceler si, dans ses yeux, une sorte de savoir quelconque, une information faisant surface transparaissait.
- As-tu une idée de qui a pu construire pareil objet ? la questionna-t-il.
Son regard. Droit de sincérité dont le but se lit sans peine. Et la réponse, la réponse qu'il attend patiemment.
Miel laissa du temps à la Dame qui lui était probablement nécessaire afin de farfouiller dans sa propre mémoire aussi ancestrale que l'univers lui-même car la blanche créature n'a pas vraiment d'âge. Ou alors, l'enfant dirait plutôt qu'elle en a plusieurs. Plusieurs ères. Plusieurs strates de vies démêlées.
Miel réfléchit.
Il fallait avancer sur le périple et suivre le chemin. Là-bas il y aurait des âmes humains qui donneraient quelques informations. Eux, savaient-ils mieux ce qu'il en était de cette broche de temps d'inconnu faîte de légendes et de couleurs ?
Marcher à trouver.
Marché d'objets.
Les ouvrages en image.
Marcher à trouver ce sentier.
- On a trouvé le chemin, tu sais. On devrait le suivre pour aller visiter les Hommes. Ils sauront peut-être quelques choses.
L'enfant sortit de son sac abîmé un bout de papier légèrement replié. Il se munit d'un crayon de bois pour dessiner l'objet. Sous le regard de la Damétoiles, il expliqua en réalisant avec le plus de réalité possible le croquis :
- On doit plutôt le dessiner que sortir l'objet. On ne sait jamais ce qui pourrait arriver. Alors je procède avec prudence. Je crois qu'il est sage de le faire.
L'enfant avait simplement parlé gardant à l’œil avec méticulosité le tracé du crayon. C'est qu'il était un enfant et qu'il voulait bien faire.
Cassiopée
Une broche comme une épingle dans une botte de foin, perdue en pleine lande. Loin, semblait-il de toute vie, dans un Eden aux couleurs de Paradis.
Une broche dont l'artisanat était à n'en pas douter d'une facture si fine et méticuleuse qu'elle rappelait à la Dame des Etoiles le travail réalisé par les ouvriers d'Ashgrö. La cité brisée de l'ancien continent. Souvenir d'autres temps et des guerres ancestrales.
Si le bijou provenait des temps anciens, Miel était sage de ne pas vouloir le mettre sous le nez de marchands sans foi ni loi.
-Tu penses vraiment trouver un marché dans ces territoires sauvages ?
Cassiopée n'avait pas jugé utile de dire ses doutes à l'enfant. Elle le regardait tracer avec justesse les contours méticuleux des animaux. Le sanglier central, aussi cornu qu'un buffle, rappelait à Cassiopée un motif mural aperçu lors d'une visite en territoire Van'shi. Par contre l'oiseau à quatre pattes et le hérisson volant ne lui évoquaient aucun souvenir.
Quand Miel eut achevé son croquis, Cassiopée enfouit la broche dans les replis brumeux de son vêtement.
Ils reprirent tout deux leur marche, sans se presser mais avec l'envie d'arriver au plus vite, si bien que leurs pas s'enchainèrent rapidement.
Miel semblait savoir où il allait, à moins que l'odeur fut son guide...
Le silence s'était imposé à eux afin d'écouter le monde qui les environnait.
Miel le brisa soudain, comme si la pensée avait suivi un long fil avant de pouvoir s'exprimer :
-Nous arriverons bientôt sur les rives de l'Orn. Nous y trouverons ce que nous cherchons.
En effet, bientôt, la vue s'ouvrit à perte de vue. Ils se trouvaient tous deux sur les bords d'un promontoire dont le plateau qu'ils venaient de traverser était la continuité. Sous leurs yeux, la brume caressait une vaste plaine dans laquelle circulait un fleuve aux couleurs de diamant qui scintillaient sous les rayons solaires. En contrebas, un village plutôt conséquent se logeait dans le creux d'un méandre. Il gagnait sur l'eau par une série de constructions sur pilotis et les toits rosés des maisons cachaient l'activité incertaine de la population à cette heure du jour.
- Ce village s'appelle Dreessor. Je te conseille de tenter de passer inaperçue autant que faire se peut. Dreessor est réputé pour sa populace hargneuse.
Lumeï
La Damétoile et l'enfant avaient pris quelques précautions avant de s'avancer trop près du village. Ils avaient caché la broche ainsi que quelques pièces dans une couture lorsqu'ils étaient encore dans le bout de forêt verdoyante.
L'Orn était une région où la pluie ne se faisait pas prier pour rencontrer les terres. Cela donnait une certaine profusion de fleurs, d'arbres immenses. Un vert décliné dans toutes ses formes d'expression au monde qui le regarde. Et le fleuve, ce joli fleuve le fil de vie qui permettait aux maisonnées de flotter. De vivre sur des îles-maisons. Comme ce peuple devait être joyeux !
Dreessor était le premier village de l'Orn que rencontraient les voyageurs s'il leur était bien entendu permis d'aller au-delà. La fidélité de la populace à sa région établissait sa réputation jusque dans les contes les plus vieux qui décrivaient cette douce région. Leurs valeurs se savaient.
D'un commun regard les deux compagnons franchirent la porte principale. Cela était facile, c'est ensuite qu'il fallait jouer pour traverser la ville.
Un soldat s'approcha et lança bruyamment :
- Un enfant et une Dame, tiens donc ! Comment peuvent-ils voyager ? Petit, tu ne t'es pas encore fait mangé ?
- Nous venons de loin et nous sommes fatigués, répliqua la Damétoile dans l'espoir d'écourter la conversation et le ton désagréable de l'homme.
L'homme se prit d'un rire sans égard à ceux auxquels il s'adressait. Sans le moindre respect.
Miel sentit le sang magique de la Damétoile se glacer. Sa mâchoire se contracta.
- Si vous veniez de loin, vous seriez morts depuis longtemps. La vermine n'épargne pas ! continua le soldat.
Il semblait s'amuser et ne le cachait pas.
Soudain, Miel qui avait la tête baissée depuis le début de la conversation s'approcha de l'homme. Il leva haut la tête afin de pouvoir distinguer son visage et s'exprima en ces mots :
- Les faibles n'épargnent pas.
L'homme eut un moment d'hésitation à ne savoir quel sens poser puis quelle réplique offrir. Cependant, à pein eut-il entrouvert les lèvres que Miel prit le pas :
- Inutile ne nous offrir vos bons mots, nous trouverons une auberge tout seuls ainsi que nous sommes arrivés jusqu'ici.
Miel continua son chemin avec Cassiopée, les battements de leur cœur légèrement moins à l'affût.
Le soldat ne les interpella pas lorsqu'ils se dirigèrent vers le marché permanent, là où se regroupaient tous les forgerons et les joailliers du village. Parfois s'y greffaient quelqu'artisans ambulants. Probablement pourraient-ils trouver les réponses nécessaires à leur quête.
Cassiopée
Miel et Cassiopée débouchaient sur la rue dîte "des valeurs" quand le ciel s'obscurcit dangereusement. De gros nuages se bousculaient au dessus de leurs têtes et très vite les premières gouttes de pluie s'abattirent sur eux. Grosses comme des billes, elle tombaient droit vers le sol en grandes éclaboussures et quand elles faisaient mouche la goutte choquait la peau mieux qu'une claque bien sentie.
Les deux compagnons se précipitèrent vers la première boutique venue. Leur seul espoir à ce moment de l'averse était de s'abriter.
Ils étaient tous deux fort occupés à se secouer énergiquement quand un regard fixe posé sur eux les obligea à oublier l'humidité.
Un homme de très petite taille, le teint aussi gris que l'asphalte, la peau ridée comme une vieille pomme, se tenait derrière un comptoir surchargé d'objets variés. Toutes les choses exposées sur les murs, les étagères ou en vitrine étaient d'or serti de pierres précieuses, certains étaient entassés en un magnifique échafaudage. Les cabochons finement ciselés, enchâssés dans le métal ornaient des petites pendules posées près d' un coffret sculpté, lui-même déposé sur un meuble moulé et travaillé dans le métal précieux.
Le regard du petit homme était intrusif et paraissait traverser toutes les défenses des nouveaux arrivants dans sa boutique.
C'est Cassiopée qui se décida la première à briser la glace qui s'était installée après la pluie.
- Bonjour brave homme, pardonnez notre arrivée si intempestive mais elle convient si bien au temps qu'il fait au dehors !
L'homme ne broncha pas, sondant l'âme des deux personnes qui lui faisaient front.
-Nous ne sommes pourtant pas rentrer dans votre boutique par pur hasard, nous sommes à la recherche de joailleries anciennes. Et je vois que disposez d'un étalage magistral !
Cassiopée s'extasiait ainsi devant les magnifiques fioritures , ciselures, incrustations présentes sur chaque pièce qui les entourait. L'homme se décida enfin à parler.
-Que désirez-vous exactement ?
Le ton était plus doux que le visage.
-Nous recherchons des bijoux datant des temps anciens. Auriez-vous quelque broche ou bague sculptés d'animaux extraordinaires dans votre antre digne des Trésors de Calisha ?
17:02 - 16 déc. 2015
Lumeï
Cassiopée
Lumeï
Cassiopée
Lumeï
Cassiopée
Lumeï
Cassiopée
Lumeï
Cassiopée
Lumeï
Cassiopée
Lumeï
Cassiopée
Lumeï
Cassiopée
Lumeï
Cassiopée
Lumeï
Cassiopée
18:28 - 16 déc. 2015
Lumeï
Cassiopée
Lumeï
Cassiopée
Lumeï
Cassiopée
Lumeï
Cassiopée
La Dames du Sang et l'enfant phénix regardaient la nuit sombre sans lune où pas une étoile ne perçait. Ils s'étaient arrêtés sur le piton rocheux et surplombaient la vallée qu'ils s'apprêtaient à descendre.
Miel dit de sa voix enfantine :
-Ce Don Cardero ne peut être loin. Il connaît la valeur du livre et doit chercher à le retrouver.
Cassiopée scrutait l'horizon cherchant dans la nuit les lumières des villes. Elle s'inquiétait, cependant.
-As-tu vérifié que ton livre était au complet ?
Miel regarda la Damétoile en plissant le sourcil, dubitatif.
-Tu penses que certains objets pourraient avoir été subtilisés ? Que Don Cardero aurait pu réussir à ouvrir les clés de certaines formules historiques ?
-Je ne sais pas du tout ce dont ces hommes sont capables. Mais tu m'as bien dit que l'orbe envoûtante sortait de ton livre. Alors, je crois que rien n'est impossible.
Calmement, l'enfant s'assit sur un rocher et ouvrit le livre qu'il tenait encore sous le bras. Il prenait le temps de tourner chaque page, plongeant son regard dans les profondeurs d'un contenu abyssal.
Cassiopée n'avait pas bougé. Ses yeux s'attachaient à un carré de ciel sur lequel perçaient quelques points brillants. Ouverture vers l'infini.
Mais sa contemplation fut interrompue par la lueur orangée qui s'échappait de la page que Miel venait de tourner.
-Le orange est couleur de colère. Le Septon a été subtilisé. Le Septon est unique et son pouvoir est grand.
-Tu ne l'as pas vu la salle de cet homme que nous venons de quitter ?
-Oh, non. J'aurais perçu sa présence s'il avait été dans mon environnement ! C'est sans aucun doute ce Don Cardero qui se l'est approprié. Mais il l'a fait sans que son acolyte le sache car il n'apparaissait pas dans ses souvenirs.
Miel était contrarié. Son mince visage exprimait une sévérité que Cassiopée ne lui avait jamais vu depuis qu'elle était en sa compagnie.
-Dis-moi, qu'est-ce que le Septon ? Quel est son pouvoir ? Tu sembles si inquiet tout d'un coup...
Lumeï
Cassiopée
Lumeï
Cassiopée
Lumeï
Cassiopée
Lumeï
Cassiopée