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[Confrérie] Un concert mouvementé

Teclis, De Vaanne, Mike001, Exodus(...),

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5 nov. 2015 - 18:31

Teclis a dit :


- Je-ne-mettrai-pas-un-seul-orteil-là-bas.
- Allez, fais pas ton rabat-joie ! Il a dit qu'il avait une surprise pour nous !
- Justement, c'est une raison de plus pour ne pas y aller.

Tear tournait résolument le dos à Exodus tandis qu'il finissait l'une des frugales rations de l'ordre, attablé dans le réfectoire tout aussi austère que la nourriture que l'on y servait.
Une voix s'éleva en face des deux compères. Ces derniers levèrent le regard pour tomber nez à nez -d'aucuns auraient dit pupille à pupille- avec une paire d'yeux d'un bleu glacé.

- Pourquoi ne pas se rendre à l'invitation offerte par Teclis ?

Il y eut un silence prolongé. Exodus semblait pris dans la contemplation du plafond en pierre nue tandis que Tear mâchait un bout de pain avec lenteur, mettant un point d'honneur à réduire en bouillie l'épaisse pâte. Mike001 poussa un léger soupir.

- Mais encore ?
- Si je devais te résumer rapidement la situation : pour produire une flamme, il faut trois éléments : de la chaleur, un comburant et un combustible. Imagine juste que le soleil incarne la source de chaleur et que tout ce qui se trouve autour de nous, du bâtiment, en passant par le mobilier, les gens qui y travaillent et ses fondations constituent un potentiel combustible...
- Et le comburant ?
- C'est Teclis.

A ce moment, Exodus eut une légère quinte de toux, un peu trop courte pour qu'elle paraisse vraie. Le plus jeune des Enfants leva un sourcil.

- Tu voulais rajouter, Exodus ?
- Moi ? Rien ! Le ton faussement innocent ne trompait pourtant personne. Je trouve juste... intéressant que tu compares Teclis à un comburant.
- Si ça ne tenait qu'à moi, ou au Primat, il y a beaucoup de fois où il serait réduit à l'état de combustible...
- Combustible auquel tu fournirais volontiers une source de chaleur et un comburant non ?
- …

Bien qu'il fut nouvellement arrivé dans la cathédrale, Mike était déjà habitué aux sous-entendus du répurgateur toujours prêt à introduire une pointe d'humour lors des repas, de la célébration des messes ou des exécutions massives d'hérétiques. Il fut interrompu dans ses pensées par le même répurgateur qui s'était levé d'un bond plein d'énergie.

- Bon, allez ! On y va !


**



Dans la vieille chapelle abandonnée, à l'arrière de la cathédrale, les quelques personnes ayant eu le courage (la folie) de venir, se tortillaient sur les bancs inconfortables. Devant elles, Teclis semblait donner, d'un air nerveux, deux trois coups de tournevis à une étrange machine. L'objet, assurément de conception artisanale, ne ressemblait à rien de connu. La forme, et les nombreuses touches évoquaient vaguement à Exodus un orgue... mais rien n'en était moins sûr.  Après une ou deux minutes d'attente, l'archiviste se releva et prit la parole.

- Mes amis, mes frères ; je suis heureux de vous voir tous réunis en ce jour et surtout, que vous ayez répondu favorablement à mon invitation.

A ce moment, tout le monde entendit très clairement un crissement métallique. Une vingtaine de têtes se tournèrent vers un coin sombre de la pièce, derrière l'espèce d'orgue. De Vaanne, d'un air insouciant, aiguisait une épée bâtarde empruntée à l'armurerie. Les Enfants présents commençaient à comprendre pourquoi Teclis paraissait légèrement nerveux.

- Hahum... J'ai eu l'idée, pour célébrer la disparition temporaire de l'une des notre, j'entends notre bien aimée Sharah'In, de donner une représentation musicale avec un instrument de ma composition.

Il y eut quelques tortillements supplémentaires sur les bancs. Exodus prit soin de se décaler légèrement pour qu'il y ait un frère juré entre lui et une trajectoire directe avec la machine de Teclis. Tear quant à lui semblait plus aux aguets que jamais. Enfin, Mike observait la scène d'un air impassible. Alors qu'au moins trois personnes dans la pièce étaient prêtes à se boucher les oreilles, il y eut un léger grattement. Seul Tear l'entendit. Il tourna la tête et remarqua que Dispater se situait sous l'un des bancs. Le loup, accoutumé aux expériences de l'archiviste, se méfiait. A la manière d'un maestro, Teclis fit craquer ces doigts et commença à pianoter sur une série de touches.
Contrairement à l'appréhension générale, les sons émis par l'orgue n'étaient pas désagréables, et formaient une mélodie plutôt acceptable. Naturellement, cela ne valait pas le talent de Sharah'In, qui aurait pu faire passer n'importe quelle composition musicale pour un infâme brouet. Toutefois, pour l'heure, le membres du culte avaient connu bien pire.
Le temps passa. Peu à peu, l'atmosphère s'adoucit. Dispater sortit à pas de velours de sa cachette et se dirigea vers Tear. Machinalement, l'Enfant lui gratta la tête. Exodus s'était affalé sur son banc d'une poignée de centimètres et sa respiration s'était faite plus lente. Quant à De Vaanne, il avait légèrement baissé son épée bâtarde. C'est alors qu'une note grave, très grave, sortit tout le monde de sa torpeur. Teclis s'arrêta de jouer et la salle se figea.
Dix secondes s'écoulèrent, puis vingt. Tout le monde était silencieux et attentif. Puis un léger sifflement, semblable à celui qu'émet une balle en fendant l'air, retentit dans la nef, suivi d'un bruit métallique. Nouveau silence jusqu'à ce que Mike remarque qu'il manquait une vis à l'énorme machine de l'archiviste.

- A COUVERT !

Alors que le cri retentissait avec force, des dizaines d'écrous et de colifichets en acier partaient dans tous les sens à la vitesse d'un boulet de canon. Dispater émit un « KAI » perçant et fonça vers la sortie tandis qu'une vive agitation parcourait l'assistance. Tear et Mike plongèrent avec plusieurs fidèles derrière leur banc respectif tandis que le bois était, l'instant d'après, déchiqueté par une vague de projectiles en furie. Le bruit réveilla Exodus qui, surpris, bascula en arrière et s'écrasa sur le sol en pierre. Ce réflexe malheureux lui sauva la vie.
Plusieurs cordes en cuivre claquèrent à l'unisson dans un affreux bruit aigu et les vitraux défraichis volèrent en éclats. En plus de la pluie de métaux en furie qui dévastait la pièce, une tempête d'éclats de verre s'ajouta à l'ouragan meurtrier. Très rapidement, les murs furent percés de petits trous et un mince brouillard composé de poussière de pierre se leva... puis plus rien.
Après une minute de calme, Exodus se risqua à jeter un oeil. Il ne restait plus rien de l'orgue qui trônait il y a peu sur l'autel. Le mobilier et les vitraux étaient en miettes. Quant aux murs, on aurait cru qu'une colonie de vers de pierre s'y était installée. Il y eut un nouveau bruit lorsqu'un énorme pavois tomba au sol avec fracas. De Vaanne, une lueur furieuse dans les yeux, balayait la pièce du regard. Apparemment, Teclis avait mystérieusement disparu. Le Primat passa devant un Exodus impressionné par la prudence de son supérieur et sortit. Le répurgateur, avant que la porte de la chapelle ne claque crut entendre un.

- … Et dire qu'il voulait donner son concert dans la cathédrale...



DeVaanne

Malgré la porte fermée (ou plutôt claquée avec fracas), et peut-être grâce aux nombreux orifices désormais percés dans les vénérables vitraux, les Enfants encore présents purent entendre De Vaanne hurler d'une voix de stentor au rassemblement de la garnison. Le volume sonore ne fit rien pour cacher une intonation, une fois n'était pas coutume persifleront les mauvais esprits, particulièrement énervée et les Frères jurés ne s'y trompèrent pas. Laissant en plan toutes leurs activités annexes, ils se précipitèrent dans la cour pour former un rang parfait sous l'air énervé de leur Primat qui faisait les cent pas. Moins pressés car moins sujets à recevoir une punition exemplaire de la part de leur supérieur (à raison) mal luné, les Enfants trainèrent un peu la patte (et la robe) pour prendre leur place.

- Je vais la faire court : disons juste que l'archiviste a, une fois de trop, tapé sur mes nerfs et les murs. Cette fois-ci, il s'en est rendu compte et a ajouté la fuite à la liste de ses offenses.
Votre nouvelle mission, prioritaire et éclipsant toutes les autres, est donc fort simple : vous me retrouvez Teclis. Vivant, mais pas forcément en bonne santé. Vous pouvez utiliser tout ce qui vous semble bon pour le ramener : n'oubliez pas que même nu comme au jour de son passage devant l'Unique, ce type doit être considéré comme dangereux et armé !
Organisez-vous en patrouilles et quadrillez Belthil. Fouillez tous les bouges et autres lupanars. Interrogez les habitants pour vérifier s'ils n'ont pas vu un débile en robes du Culte passer. Pas de violences contre eux, ils ne sont pas à l'origine de cette nouvelle machine infernale. D'ailleurs, s'il y a de grandes gueules parmi vous, et je suis sûr qu'il y en a, vous ne seriez pas Frères jurés sinon, qu'ils fassent office de crieurs publics, histoire de vous faire aider. Je donne 50 pièces d'argent et une gourde de vin d'Exodus à la patrouille qui me rapporte l'archiviste !
Pour finir, ne l'amochez pas outre mesure quand vous l'aurez capturé : JE veux lui faire passer le goût du pain. Clair ?


Un acquiescement général lui répondit, et le bel ordonnancement se transforma en chaos organisé quand les officiers organisèrent les patrouilles qui allaient retourner tous pavés de Belthil à la recherche de l'archiviste. les Enfnats, non concernés, restaient en ligne sans trop savoir quoi faire.

- Et nous, chef ? demanda Exodus.

- J'ai une autre idée, mais il me manque quelqu'un...

- Teclis, sans d...

Avant que le répurgateur puisse finir sa phrase, une horrible odeur de brûlé s'éleva de sa botte gauche, et il se mit à sautiller sur son autre jambe en battant des mains pour éteindre les flammèches.


- Comme le dit si bien Tear en images, tu gardes ton humour pour toi cette fois-ci. En fait, voilà celui que je cherche, ajouta le Primat en avançant vers une forme grise qui cherchait à se fondre dans le gris plus sombre de la vieille chapelle.

Il attrapa le loup par la peau du cou avant que celui-ci ne cherche à s'échapper et l'éleva à hauteur d'yeux. Dispater, qui était loin d'être un idiot, et qui n'était sans doute pas le plus bête de l'enclave de la cathédrale, savait fort bien qui était le maître de la meute ici, et que de toute façon, cette étrange fourrure dorée était complètement immangeable. Il se contenta donc de regarder calmement les yeux furibonds de De Vaanne.

- Je trouve que ce canidé évolué mange un peu trop aux frais du Culte comparé à l'utilité qu'il a ces temps-ci. L'heure est donc venue de le mettre un peu à contribution. Dispater, tu viens avec moi.

Sans attendre une quelconque réponse, De Vaanne rentra de nouveau dans la vieille chapelle en tenant toujours Dispater à bout de bras, malgré un "kaï" indigné devant ce mode malaisé de locomotion.

- Et nous, que faisons-nous ?

- Je suppose qu'on suit, répondit Exodus, fataliste devant sa belle botte ruinée.


Teclis

*Dispater*



L'hominidé à la fourrure dorée déposa Dispater sans ménagement sur l'estrade. Le loup lui lança un regard noir avant de promener rapidement son museau sur l'énorme carcasse d'orgue de son maître. Il s'était toujours demandé comment ce dernier faisait pour obtenir de si étranges odeurs...

- Allez, cherche !

Les oreilles de Dispater se dressèrent sur sa tête et il reporta son attention sur le chef de cette étrange meute à laquelle il appartenait.

- Trouve ton maître !

"Trouver le maître" ? Quelle étrange idée ! Il ne fallait pas approcher du maître durant la période précédent le troisième repas de la journée, à moins d'avoir l'instinct de survie d'un poulet rôti se promenant sous le nez de son comparse goinfre au vieux chapeau- et seul l'Unique savait combien c'était dangereux.
De plus, Dispater était un loup fidèle ! Fidèle à sa meute, très fidèle à son maître, et encore plus à son ventre. Si le deux premiers points voulaient qu'il n'aide pas le chef à la fourrure dorée à retrouver son maître, le troisième induisait qu'il serve la patte qui le nourrissait.... or, apparemment, c'était le chef de la meute qui était capable d'invoquer la nourriture qui remplissait régulièrement les celliers. Un choix de conscience qui se posait là...
Le loup resta immobile les yeux dans le vague quelques secondes avant de se pencher brusquement et de se mettre à renifler bruyamment le sol.

- Brave bête... Il va nous aider à mettre la main sur ce traitre d'archiviste.

Le chef à la fourrure dorée ne s'était même pas aperçu que pendant qu'il parlait, deux des membres de la meute s'étaient éclipsés. Tout d'abord discrètement, l'homme aussi furtif qu'un renard ; puis le goinfre au vieux chapeau.. L'odeur de rôti qui l'accompagnait s'estompa et Dispater put être beaucoup plus efficace dans ses recherches. Très rapidement, il pointa de la truffe un point sur le sol. Le chef de meute s'approcha, tâtonna maladroitement la pierre noircie avant de découvrir les bordes d'une plaque. Assez facilement, il souleva ce qui semblait être une fine dalle, découvrant par la même un passage noir comme de l'encre. Même les deux humains présents perçurent l'odeur humide qui suintait dans l'air. Un léger bruit d'eau était perceptible et semblait couler dans les ténèbres.

- Le fourbe, il avait anticipé son repli... Tear, tu connaissais l'existence de ce passage ?

L'Enfant eut un mouvement d'épaules, comme pour dire "pas du tout".


Mike001

Mike se tenait derrière le loup, le Primat et son protégé qui allaient partir à la recherche de l'explosif Teclis. Bien qu'ayant récemment intégré les Enfants, il avait vite été au fait de ce qui pouvait causer l'une des deux plus grosses colères de De Vaanne. Ainsi, outre des hurlements dû à des cuisines vidées par Exodus, s'établissait des crises régulières s'élevant contre la détoriation de l'équipement et des infrastructures du Culte.
Dans le dos de Mike, le Répurgateur essayait veinement de se cacher, tout en sautillant parfois mais grogant encore plus du fait de l'état de son pied. L'homme aux yeux bleus sur fond bleu se retourna alors, afin de constater son état. Celui-ci par quelques mimiques aussi discrètes qu'un Primat traquant un archiviste, lui fit signe de s'éclipser. Analysant au plus vite l'affaire, Mike finit par se décider. Il était moins dangereux pour lui, après ce concert attentatoire à toute vie existante, de s'éloigner le plus possible de Teclis. Or la voie que suivait De Vaanne l'en rapprochait. Accrochant le regard du Répurgateur, Mike hocha la tête et s'en alla en premier, vite suivit par un boiteux qui n'avait aucune envie de s'attarder là.
Ayant mis suffisament de distance entre eux et le Primat, ils purent enfin parler.

- Ce qui est étonnant, c'est que Teclis est encore en vie.

- Ou que nous même le sommes. Fut un moment, nous l'avons soupçonnés de vouloir nous tuer, maintenant je dirais qu'il essaye tout simplement de faire la plus belle explosion de sa vie.

- Cela risquerait fort bien d'être sa dernière...

- Apparemment ça ne l'arrête pas. Toutefois, puisque voici occupé De Vaanne et TeaR, on va pouvoir enfin investir les cuisines à notre gré, répondit le Répurgateur, tout sourire.

- Et bien, maître Répurgateur, vous m'avez toujours été de bons conseils, je vous suis. Egalement car je préfère donner ma vie à l'Unique plutôt qu'à une expérience râtée ou de la musique expérimentale tueuse.


Exodus(...)

Étendue sur le sol de pierre les bras en croix, contemplant le plafond vouté qui s'offrait à lui, Exodus savourait la situation présente et les avantages qu'elle octroyait. Le fait d'être toujours en vie par exemple.
Le visage de Mike se dessina au dessus de sa tête, masquant le motif étrange que le répurgateur tentait alors de reconnaitre parmi les fissures de la pierre.


- Dites-moi, maitre répurgateur, comptez vous éterniser votre sieste ou allons nous enfin avoir une explication sur ce qui vient de ce passer?

Exodus le regarda comme si Mike venait de se voir pousser un deuxième nez et se redressa légèrement en prenant appui sur ses coudes. Regardant autour de lui d'un œil hagard, il sentit soudain un courant d'air du côté de ses extrémités et se rendit compte que l'un de ses orteil était à l'air libre, cause du décès prématuré d'une de ses bottes. D'ailleurs, celle-ci fumait, tout comme le reste de ses habits dont émanaient de fines volutes de fumée blanche. Il regarda enfin devant lui et ses yeux se posèrent sur la porte du cellier, laquelle crépitait encore légèrement d'une aura dorée.
Mike de son côté attendais de voir comment allait réagir l'individu. Jusqu'ici, il lui avait semblé se comporter comme un être humain normal, mais l'évocation de nourriture faisait toujours ressortir un certain côté... animal chez l'Enfant. Allait-il se jeter sur l'huis en un bond féroce? Pas aujourd'hui. Toujours à moitié allongé, il fixait pour l'instant la porte comme pour la défier de changer de place si l'envie l'en prenait. Puis, faisant tourner un doigt de façon savante au dessus de sa tête, il commença à parler à moitié dans sa barbe.


- J'crois... je... ça doit être un... truc, là... prince... zut... principe à la un-deux-trois.

L'homme au yeux bleus regarda Exodus avec encore plus de curiosité, attendant avec impatience la suite de ce démêlage hasardeux de pensés. Qui ne semblait pas vouloir venir.

- Et? fit-il d'un ton voulu patient.

- Un-deux-trois, répéta Exodus d'un ton plus sûr. Un: on vous met en garde. Deux: on vous avait prévenue. Trois: trop tard, andouille. Un-deux-trois.

- Oh, je vois. Ce principe explique sans doute pourquoi vous avez fait ce bond en arrière lors de la seconde tentative d'ouverture. La première, il n'y avait eu qu'un petit coup de jus, c'est cela?

- Ouais, répondit Exodus tout en se relevant. J'aurais dû me méfier. Je pensais pas que ce sagouin aurait déjà installé le système d'enchantement...

- Vous ne projetez pas une troisième tentative?

- Étrangement, non. Les conséquences iraient à l'encontre de mes aspirations actuelles, un tas de cendre ayant rarement le plaisir de savourer des cœurs d'artichauts à la Belthil. La barbe!

Mike riait doucement dans sa barbe de la situation. Lorsque le cuisinier s'était barricadé derrière ses fourneaux avec une armée de marmiton près à le seconder, couperets, râpe à fromage et économes à la main, les deux Enfants avaient préférés se diriger directement vers l'un des celliers, misant sur le fait que les hommes habituellement en faction avait sans doute répondu à l'appel du Primat. Ils avaient vu juste mais s'étaient retrouvés bloqué par cet enchantement.

- Aucun moyen de l'ouvrir alors?

- Non, à moins de connaitre le mot adéquat. Or seul DeVaanne et le cuisinier connaissent et peuvent prononcer ce mot miraculeux. Et leur demander de le faire prendrait plus de temps que de réciter le dictionnaire devant cette foutu porte. J'ai bien peur que notre programme tombe à l'eau.

- A moins de trouver une monnaie d'échange, dit Mike d'un ton conspirateur.

- Un Primat est censé être incorruptible, rétorqua Exodus. Et comble du malheur, le notre l'est vraiment. Tu pensais à quoi?

- A un certain Archiviste actuellement en fuite. Le livrer à la fureur du notre Primat pourrait nous faire suffisamment bien voir pour mériter un petit mot, non?

Exodus resta interdit un instant, sans bouger ne serait-ce qu'un cil.

- Mike, c'est décidément l'Unique lui-même qui t'as envoyé ici. Suis-moi!

Le répurgateur fonçait dans les couloirs en directions des laboratoires. Quelques soit l'endroit où Teclis ai voulu fuir, il ne pouvait qu'être passé par son laboratoire pour y récupérer son minimum de survit. Les traces y seraient les plus fraiches.
Mike, quant à lui, se félicitait intérieurement. Bien que potentiellement et surtout accidentellement mortel, l'archiviste était sans doute moins dangereux qu'un Exodus affamé tournant autour d'une porte explosive.


- Étrange, tout de même, que toute l'activité de ce lieux ne semble tournée que vers la meilleurs manière, soit de tuer plus ou moins accidentellement son prochain, soit de se remplir l'estomac, fit remarquer Mike alors qu'ils disparaissaient au détour des couloirs.

- Un simple impression, mon frère. Rien qu'une simple impression.


Teclis

La souris continua à glisser au milieu du fatras du laboratoire jusqu'à arriver à portée d'une fiole fracassée. Le liquide contenu à l'intérieur avait séché exceptées deux ou trois gouttes. Le rongeur renifla la substance avant de la laper de sa petite langue râpeuse, puis elle reprit sa course.
Dans un autre coin de la pièce, un tas de feuilles parcheminées oscilla légèrement avant de basculer sur le coté lorsqu'une trappe s'ouvrit dans un grincement. La tête de Teclis, noircie et légèrement contusionnée, apparue par l'embrasure et regarda à droite et à gauche d'un air soupçonneux. Son regard s'arrêta une demie seconde sur la souris rose bonbon qui rongeait un manuscrit à cinquante centimètres de lui, avant de s'arrêter sur la porte fermée. Poussant un soupir de soulagement, l'archiviste se hissa à travers l'ouverture avant de refermer la trappe. Il hésita à tirer un lourd coffre dessus avant de se résoudre à l'inévitable : rien n'arrêterait le Primat dans sa fureur vengeresse.
Finalement, l'érudit ramassa un sac à dos et commença à le remplir de divers objets : il risquait de devoir prendre quelques vacances forcées à Galvorn ou Sûl-Nar le temps que les choses se calment et qu'un autre Enfant provoque une catastrophe capable d'éclipser la sienne -ou tout du moins d'en atténuer le douloureux souvenirs. C'est sur ses pensées que l'oreille aiguisée, par des années d'explosions, de Teclis perçue des bruits de pas. Aussitôt, il se précipita dans son bureau au fond de la pièce et verrouilla la porte au moment ou deux personnes entraient dans celle-ci. D'après les voix, ce devait être Exodus et Mike.

Pas tout à fait pressé de croiser ses collègues qui avaient manqué de peu de finir broyé, désintégré, déchiqueté, éventré, brûlé, décapité, écrasé, pwik-pwiké, atomisé... par ses soins, l'archiviste passa son sac en bandoulière et se saisit d'une sacoche avant de s'esquisser par une porte antique qui grinça sur ses gonds. Les voix dans la pièce d'à coté se turent ce qui poussa le fuyard à accélérer le pas. Il comptait mantenant rejoindre les bas-quartiers de Belthil avant de fuir la cité à l'aube prochaine.


Mike001

Exodus entra brusquement dans le laboratoire et avança suffisamment pour que Mike le suive l'instant suivant. Mais rien. La pièce était vide et mal rangée.

- Je me demande s'il est déjà passé par ici.

- A mon avis il s'en est éloigné. Et puis, il ne faut pas oublier que nous avons perdu du temps à essayer de forcer cellier.

- Certes. Quand j'imagine que je n'aurais pu jamais revoir les cuisines, je commence à vouloir le retrouver également. Toutefois, Teclis ne pense pas comme nous, la preuve en est que...

Le répurgateur ne termina pas sa phrase, un bruit de porte grinçante se fit entendre. Les deux hommes se dirigèrent immédiatement dans cette direction, en évitant ce qui paraissait suspect, c'est à dire de nombreux objets. Désormais, seul une nouvelle porte faisait barrage. Celle-ci s'avéra verrouillée lorsque Mike tenta de l'ouvrir.

- C'est lui ! Il était là ! Viiiiiite, il faut l'ouvrir ! Pense à la récompense, s'excita Exodus espérant ne plus souffrir de limitation quant à ses allées et venues aux cuisines.

Ils tentèrent alors en vain d'enfoncer la porte en la percutant en même temps, mais elle résistait. Les épaules meurtries, Exodus frappait du poing balbutiant quelques paroles sur la fuite de ses rêves, tandis que Mike regardait aux alentours, cherchant un meuble qui pouvait servir de bélier. Finalement, il trouva.

- Maître répurgateur, c'est risqué mais il s'agit de la seule solution si nous voulons l'attraper.

- Et qu'est-ce donc ?

- Lancer contre la porte les produits que Teclis a laissé dans son laboratoire.

- Oh non...


Exodus(...)

- Et celle-ci?

- Il y a marqué "Concentré d'éruption" sur l'étiquette. Pas question!

- Il faudrait savoir: on veux ouvrir cette porte, non?

- Oui. Mais si possible sans faire effondrer ce qu'il y a autour sur notre tête!

Mike soupira et reposa avec délicatesse la fiole qu'il tenait dès lors. Vingtième essais de sa part, et vingtième refus de la part de son collègue. S'accroupissant devant une nouvelle série d'ampoules aux couleurs bigarrées, il se mit à les examiner avec attention, espérant enfin trouver la formule qui contenterais Exodus. Ce dernier scrutait la porte depuis le couvert qu'offrait la table renversé derrière laquelle ils s'étaient abrités, l'examinant dans l'espoir que Teclis reviendrai sur ses pas et qu'ils n'auraient alors plus qu'à le cueillir.
Un espoir aussi vin que de trouver quelque chose d'utile dans son laboratoire.


- On pourrait essayer autre chose non?

- Comme le mannequin d'entrainement automatique de tout à l'heure? Celui qui a manqué de nous couper les extrémités dès lors que nous nous somme approché? Bizarrement, je ne suis pas très chaud...

- Je maintiens qu'il aurait pu aisément entamer le bois de l'huis.

- Et je maintiens que je tiens énormément à mes membres.

- Bon, d'accord... Mais utiliser ces potions et autres décoctions pour nous tailler un chemin me semble tout autant risqué, si ce n'est plus.

- Raison de plus pour sélectionner le produit avec soin. Continue à chercher.

- Fort bien, maître Répurgateur, concéda un Mike de mauvaise grâce. Mais est-ce que ce ne serait pas plus rapide si vous m'aidiez?

- Je... supervise, je surveille, répondit presque du tac au tac l'Enfant. Le laboratoire de Teclis ne doit jamais être quitté des yeux une fois qu'on y est entré , règle de survie numéro 2 dans notre commanderie.

- Quelle est la première?

- Ne pas y entrer tout court.

- J'aurais pensé qu'il s'agissait plutôt de ne pas tenter de tuer le Prim - Ah! Je crois que je tiens quelque chose!

Mike exhiba devant un Exodus une paire de ballon de verre dans lesquels macérait ce qui semblait être du jus de pied concentré. L'étiquette était la même sur chacun des récipient et il y était noté "Tue-Bois".

- Je suppose que ça vaut la peine d'essayer, concéda un Répurgateur méfiant après plusieurs secondes de réflexions.

- Fort bien, dans ce cas à vous l'honneur de la lancer. Vous avez préséance du fait de votre place dans la commanderie, dit Mike avec un air des plus sérieux.

- Euh, tu sais, les Répurgateurs sont comme qui dirait en dehors de la chaîne de commandement, alors je ne sais pas si... Et puis il faut surveiller le labo pendant le lancer, hein, règle de survie numéro 2 et tout... Bref, dit Exodus en tapotant amicalement l'épaule de l'Enfant, je m'efface et te laisse la responsabilité de la charge.

- Un grand honneur, c'est certain, répondit l'intéressé toujours avec le même air sérieux de greffier. J'y vais, donc. Un, deux...

- Attends, attends! fit le Répurgateur en levant précipitamment les bras. Il se redressa, tira la lourde table un peu loin encore de la porte puis se recroquevilla une nouvelle fois derrière avant de dresser un pouce confiant à son collègue. Vas-y, c'est bon, fait péter! Enfin pas trop quoi.

Mike ne prit pas la peine de compter et lança l'une des fioles sur la porte avant de se jeter à son tour derrière le couvert de l'épaisse table. Il y eu un bruis de verre brisé, de liquide, puis s'en suivi un crépitement étrange pendant quelques secondes et auquel le silence succéda.

- On est mort? demanda Exodus, les mains plaquées sur son chapeau et l'oeil interrogatif.

- Je ne pense pas, nous somme toujours dans le laboratoire.

- Alors c'est pire, on est sur le point de mourir!

- Pas forcément. En revanche la porte...

Les deux Enfant se relevèrent et examinèrent la cible du projectile. La porte tenait toujours bond, le bois a peine humide. Une fumée suspecte montait en revanche de ses contours et, en s'approchant, ils se rendirent compte que c'est la pierre autour des gonds ainsi qu'au bas de la porte qui avait fondu en partie. Une bref poussée de la main suffi alors à faire tomber l'hui dont les gonds ne s'accrochaient plus qu'à du vide et de la pierre effritée.
Exodus regarda de nouveau l'étiquette de la fiole rescapée et y lu, au crayon fin, "A retravailler".


- Sans blague, répondit-il au message avant de poser le tout religieusement. Ce type est vraiment un... un... J'hésite entre génie et malade incurable.

- Au moins la porte est ouverte.

- Un point fort pertinent. Nous pouvons enfin le suivre.

Les Enfants s'engagèrent alors dans l'étroit couloir nouvellement révélé, la prudence (et la faim) guidant leurs pas.


Teclis

- Non non, je ne suis pas intéressé vous dis-je…

Teclis enjamba le mendiant  étendu au travers de la ruelle, un peu trop insistant à son goût, et poursuivit son chemin. Le balbutiement rauque de l’homme l’accompagna jusqu’à un croisement.

- Mens pas, t’as d’la binouze avec toi. L’tint’ment du verre dans ton sac trompe pas…

L’archiviste ignora royalement l’ivrogne et tourna à gauche au hasard. Il avait toujours eu un sens de l’orientation déplorable et il ne connaissait pas les bas-quartiers de Belthil, si bien qu’il s’était rapidement perdu. Il errait pour l’heure de coursive en coursive, espérant déboucher sur une artère principale de la cité.  En règle générale, c’était Exodus qui hantait –plus ou moins discrètement- cet endroit. Le répurgateur avait pour tâche de frayer avec la racaille pour obtenir des informations et du matériel de première main aux fins de servir le culte. Pour les disciples de l’Unique aux ressources limitées, coincés dans un pays étranger, c’était aussi indispensable qu’interdit par le crédo. C’est pour cette raison que De Vaanne fermait soigneusement les yeux sur cette partie des activités de son subalterne. Il était de toute façon de notoriété publique au sein de l’Eglise que les répurgateurs s’occupaient de faire le « sale boulot » au sens propre comme figuré : les hommes et les femmes qui avaient embrassé cette carrière n’hésitaient pas à mettre les mains dans le cambouis là où celles des hommes du clergé –prélats, ministres, évêques- devaient rester propres.

C’est pour cette raison que malgré son avance, Teclis commençait à s’inquiéter. Il savait qu’Exodus pourrait faire jouer ses contacts pour lui mettre la main dessus. De plus, des deux voix qu’il avait perçues dans son laboratoire ; la seconde semblait appartenir à Mike. Celui-ci était loin d’être un mauvais pisteur, sans compter que l’assassin possédait un étrange sixième sens qui le menait toujours à la proie qu’il traquait. Un instant, Teclis fut tenté de se rendre à ses deux camarades, à condition de pouvoir profiter d’un tiers de la récompense que De Vaanne avait promis pour sa capture. Cependant, cela revenait à avoir une entrevue précipitée avec le Primat, qui devait être dans une fureur noire. L’archiviste souhaitait repousser le plus possible ce rendez-vous qui n’aurait rien de sympathique. D’un autre côté, plus il attendrait avant de se rendre à son supérieur, plus celui-ci aurait de temps pour ruminer sa vengeance. Le savant était donc dans une impasse. Il se décida à appliquer une procédure similaire à celle qu’il utilisait pour ses travaux scientifiques : agir d’abord et réfléchir aux conséquences ensuite.  

C’est en tournant à un nouvel angle de rue que les conséquences (et les ennuis) le rattrapèrent. Deux hommes et un nain, vêtus de loques, le toisaient avec un sourire mauvais aux lèvres. Le bout d’un gourdin tapait régulièrement dans la paume calleuse de l’allanthrope.

- Par la barbe d’mes aïeux. Tu s’rais pas un peu perdu, sire ?
- Hmm. Pas le moins du monde voyons, Teclis eut un geste nerveux et plongea la main dans sa sacoche de ceinture, je vous souhaite une bonne journée messieurs.

- On peut p’têt t’aider ? reprit l’un des deux hommes. Y’a un cul-béni en armure qui est passé tout à l’heure dans une taverne. Il a dit qu’son chef offrait une belle récompense pour la capture d’un homme d’science pâlot en fuite.  

Le dernier lascar s’avança de façon à prévenir toute tentative de fuite.

- C’est marrant mais j’suis à peu près certain qu’tu peux nous aider.

Il y eut un moment de flottement que l’archiviste mit à profit pour s’emparer de ce qu’il cherchait désespérément. Ses doigts se refermèrent sur une fiole de cuivre lorsque le nain passa à l’attaque.

- ATTRAPEZ-LE !

L’homme de gauche saisit le bras de Teclis tandis que le second le contournait afin de barrer toute retraite. Quant au troisième assaillant, il brandit son gourdin et l’abattit de toutes ses forces sur l’Enfant. Bien que ce dernier appartînt au corps des lettrés du culte, il avait déjà éprouvé plusieurs combats. Il pivota sur lui-même ce qui surprit l’humain qui l’avait attrapé. Il y eut un affreux craquement lorsque la matraque frappa le dos du malheureux, complètement déséquilibré. Le coupe-jarret hurla de douleur. Tout le voisinage devait avoir entendu le cri...
« Y compris Mike et Exodus » pensa Teclis.

Cependant, l’heure n’était pas à ce genre de considérations. L’archiviste porta a ses lèvres le minuscule récipient qu’il tenait et arracha avec ses dents le bouchon de liège qui le refermait. Il y eut aussitôt plusieurs crépitements verdâtres qui partirent du goulot alors que le cuivre commençait  à se distordre sous l’effet d’une pression inconnue. Le savant jeta l’objet sur le nain qui s’apprêtait à porter un nouveau coup.
Une énorme masse de mousse jaillit soudainement et commença à recouvrir la barbe, le buste puis les bras du bandit. Ce dernier recula inutilement : en quelques secondes, il fut recouvert par des millions de minuscules champignons qui commencèrent à ramper sur le trottoir en formant de grossiers membres. Rapidement, une créature de trois mètres de haut à l’apparence humanoïde se redressa en jaugeant les alentours. Teclis  ne se fit pas prier. Il détala dans l’autre sens en bousculant son troisième et dernier agresseur valide qui ne bougeait pas d’un iota : paralysé par la peur, l’émerveillement ou l’étonnement –voire les trois à la fois.

L’archiviste tourna à un coin de rue au moment où, dans son dos, un cri de terreur retentissait. Un coup sourd l’interrompit. L’Enfant se félicita d’avoir fui jusqu’à ce que deux silhouettes très familières apparaissent au bout de l’allée qu’il remontait. A une vingtaine de mètres, Exodus et Mike lui rendirent son regard stupéfait.


Mike001

Ils perdirent de précieuses minutes à s'assurer que le passage n'était pas piégé. L'envie de vivre de l'archiviste n'avait d'égal que sa dangerosité, si bien que les deux poursuivants préféraient ne pas finir leurs jours dans un couloir étroit et humide. En d'autres circonstances, Mike se serait porté volontaire pour avancer rapidement, quitte à déclencher trappes, explosifs et autres embûches, mais dans cette histoire il n'appliquait pas la volonté de l'Unique, juste celle du Primat. La vengeance était fort louable ainsi que compréhensive ; elle ne méritait toutefois pas de perdre le chef à la poursuite d'un scientifique fou. Que ce dernier soit plutôt offert en cadeau au Sang, il pourrait faire avancer la cause du Culte à grands pas par sa maladresse.

Les dessous de la cathédrale avaient beau être un labyrinthe composé de pièces et de couloirs, Exodus et Mike parvinrent sans peine à suivre la trace de Teclis. Celui-ci avait laissé des marques dans la poussière aqueuse. La précipitation de sa foulée convainquit le répurgateur et l'assassin que le fuyard était bien trop pressé pour songer à piéger les lieux. Ils accélèrent. Bientôt, ils sortirent à l'air libre.

Ça doit faire des années qu'il prépare cette retraite, soupira Exodus.

Les abords de l'accès à l'édifice sont couverts de terre et d'herbe. Je pense être en mesure de continuer la traque, assura Mike d'un ton confiant.

Bravo ! Moi, pendant ce temps, je reprends mon souffle.

Mike scruta le sol presque à quatre pattes à la recherche d'indices. La moindre empreinte de semelle ou brindille aplatie indiquerait la route à prendre.

Le cellier... Il est la clef..., murmura le répurgateur en regardant le ciel.

Vous avez trouvé quelque chose, maître répurgateur ?

Non, je me disais qu'il faudrait sceller la porte à clef, répondit précipitamment l'intéressé.

Vous avez raison, maître répurgateur, comme souvent. Mais plus tard ; j'ai sa piste. Il s'enfonce dans les bas-quartiers. Il sait ce qu'il fait.

Déjà ? Bon, je te suis.

Les deux comparses reprirent leur course sur plusieurs dizaines de mètres, jusqu'à ce que Mike s'arrête.

Ça se termine là. Je suis désolé, maître répurgateur, annonça-t-il, penaud. À partir d'ici la terre est trop sèche et il y a trop de va-et-vient.

Ce n'est pas grave, Mike. Je saurai le retrouver.

Exodus changea de posture. Son dos se redressa imperceptiblement et ses yeux transpercèrent les badauds. Les passants avaient tous le regard fuyant – car ils savaient qu'il ne fallait pas fixer les membres du Culte, qui plus est un répurgateur et un homme portant les robes des Enfants de l'Unique – mais Exodus pouvait déceler ceux qui cachaient des informations. Il avait suffisamment arpenté ce quartier – et d'autres encore moins fréquentables comme les coupes-gorges de Galvorn – pour savoir s'y prendre. Il avait porté son choix sur un mendiant quand un cri se fit entendre.

Suis-moi ! clama Exodus qui ne se laissa pas tromper par les échos des ruelles.

À nouveau le duo s'élança. Ils coupèrent à travers quelques venelles, sautèrent par-dessus quelques cageots de fruits pourris, bousculèrent quelques soiffards et tournèrent à un angle. Au bout de l'allée : un homme, seul, surpris. Teclis.


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Message posté le 17:31 - 7 nov. 2015

Exodus(...)

La vision de Teclis en train de remonter la rue dans leur direction emplie les Enfants de satisfaction : c'était la fin de la course, car même si le Maître Archiviste venait a reprendre la fuite, il n'aurait aucune chance de distancer Mike sur une si courte distance.

Mais a leur grande surprise, il ne dévia pas de sa course et continua a remonter vers eux, le visage éclairé d'une profonde panique. Deux explications possibles : soit il avait par négligence reniflé le contenue d'une de ses fioles, soit quelque chose avait réussi a l'effrayer plus que la perspective d'une entrevue avec son Primat. Ce qui paraissait plus que fantaisiste quand on connaissait le caractère fort affirmé de DeVaanne après chaque tentative de meurtre plus ou moins volontaire.

Pourtant cette improbabilité statistique surgit de derrière le virage que faisait la rue plus bas. Une masse verte et bien trop haute, titubant sur ses membres mal proportionnés dans leur direction. Exodus vit deux paires de bras et une jambe dépasser de la masse fongique verdâtre, tandis que Mike, les yeux plus perçant, reconnue le visage et surtout la barbe d'un nain dans l'amas central du corps spongieux. Et au milieux de cette barbe, une bouche grande ouverte, a moitié envahi par cette matière verte et hurlant du mieux que possible :

- VEEUUUUX... VIIIIVRE-EEEEEUUUH!

- Une hérésie allanthrope! Rugit-il alors en portant la main a ses armes.

- Allanthrope ou non, c'est foutrement laid et ça avance vers nous, alors...

Le Répurgateur sortit son pistolet, et le Fremen zélote fit de même avec la carabine courte qu'il portait dans son dos. Les deux hommes firent feu de concert en visant ce qui semblait être la tête, et ce malgré les gesticulations de bras désordonnées d'un Teclis paniqué.

- Ne l'énervez pas! Évitez de l'énerver!

Les balles ne firent qu'un *splortch* décevant a l'impact, et la créature avança dans leur direction avec plus de véhémence.

- Euh... tu disais? Demanda Exodus à Teclis alors qu'il passait a leur niveau.

- Je crois qu'il nous déconseillait notre futur action, répondit Mike en tendant simplement le bras pour stopper l'Archiviste dans sa course. Ce qui ne change rien a sa propre condition : Maître Archiviste Teclis, dit-il en plongeant sur lui ses yeux bleus, vous êtes actuellement sous mandat d'arrêt pour tentatives de meurtre accidentel multiples et répétées. Vous allez nous suivre dès lors jusqu'au Primat DeVaanne qui...

- Fautd'abordéchapperàcemonstre!

- Mike? Je crois qu'on devrait...

- ...procédera séance tenante a votre jugement et sans doute au jugement que lui aura révélé l'Unique dans Sa grande sagesse, loué soit-Il.

- Mike c'est très bien d'agir dans les formes mais je pense sincèrement que...

- Tu m'emmèneras où tu voudras mais on doit d'abord échapper a cette chose!

Et Teclis pris le visage du Fremen dans ses mains et braqua celui-ci en direction du monstre fongique verdâtre qui avançait de plus en plus vite dans leur direction. Mike afficha un visage fort surpris, comme s'il venait de découvrir la masse verdâtre.

Autour d'eux, les badauds attirés par les cris et les coups de feux avaient ouvert les volets donnant sur la rue. Certains des plus proches de la créature les avaient aussitôt refermé mais les autres restèrent a contempler le spectacle qui se déroulait.


Teclis

La masse fongique difforme s'immobilisa grotesquement à trois mètres. Un écœurant bruit de succion eut lieu et la chose entière sembla se contracter. Le seul bras visible du nain, qui dépassait encore de l'amas verdâtre, se brisa avant d'être englouti. Exodus dégaina sa rapière tandis que Teclis remit la main dans sa sacoche. Le répurgateur arrêta son geste en lui jetant un regard noir. Bref moment de flottement, puis Mike s'avança vers le monstre.

- Au nom de l'Unique, vous êtes en état d'arrestation. Vous avez été reconnu coupable du crime d'allanthropie. La sentence -la purification par le feu- est immédiatement exécutable.
- Il est sérieux là ?
- Sérieusement cintré oui !

La chose considéra une seconde l'humain en face d'elle, puis elle poussa un gargouillement rageur. L'un de ses gros membres balaya l'endroit où Mike se trouvait mais celui-ci effectua un agile bond pour éviter l'attaque. Dans son élan, le géant défonça un mur en briques proche. De la poussière s'éleva, gênant la visibilité. Plusieurs badauds s'enfuirent en courant, d'autres, hypnotisés, restèrent à observer la scène qui se déroulait devant eux. Le nuage opaque s'emplit soudain d'une masse sombre et un morceau de roche, projeté par le monstre, fonça dans la direction du groupe. Teclis se jeta à terre, le répurgateur fit une roulade sur le coté, quant à Mike, il avait disparu. Une seconde plus tard, le sol en pierre de la rue fut pulvérisé. Exodus dut lever son chapeau face à son visage pour éviter d'être défiguré par de multiples éclats de granite. Coup d'œil blasé en direction de son haut-de-forme, suivi d'un hochement de tête désabusé.

- Il était tout neuf... ça va me prend des heures et des heures pour le rapiécer...

Nouveau gargouillement puis hurlement humain... La créature venait de trouver quelqu'un dans la bâtisse qu'elle venait de défoncer. Les deux Enfants se remirent debout promptement.

- Bon... on tente de s'en débarrasser ? Une idée ?
- Heu, tu sais... D'habitude, ce sont les gens qui mangent les champignons, pas l'inverse. J'ai donc peu d'expérience en l'espèce.

Beuglement sonore, bruit de pas assez lourd. La silhouette humanoïde sort des gravats et assène un terrible coup. Nouveau bond des deux compères qui évitent de justesse de finir en bouillie.

- Tu sais que grâce à toi, De Vaanne devra expliquer aux dirigeants de la cité pourquoi l'un de ses subordonnés a libéré une colonie de mycètes assoiffée de sang au sein de Belthil ?
- Je ne vois absolument pas de quoi tu parles... Les seules personnes pouvant attester de la naissance des récents évènements se trouvent -hormis moi- toutes digérées par l'amas fongique. Je nous vois plutôt comme des sauveurs... cette chose est venue de nulle part et nous sommes venus l'arrêter.

Exodus allait répliquer devant tant de culot mais il s'abstint au dernier moment. Après tout... il possédait lui-même un certain passif dans le domaine. Nouvelle attaque du monstre, nouvelle esquive, de peu.

- Bon, il est temps de rendre un peu les coups.

Le répurgateur tira au clair sa lame et dégaina une belle poivrière. Pour faire bonne mesure, il actionna les six fûts en même temps. Il y eut une violente détonation suivi d'un "sprotch" visqueux. La chose sembla étourdie. Le trou formé dans sa poitrine commença à se refermer, toutefois, l'Enfant en profita pour passer à l'attaque. Plusieurs coups de taillades, portés avec vigueur, privèrent l'immondice d'une jambe. Une fois séparé du reste de l'amas, le membre s'anima et reproduisit une version miniature du monstre qui s'accrocha à la botte d'Exodus et commença à en mordiller le talon.

- Vla' autre chose !

Cette légère distraction aurait pu s'avérer fatale. La colonie fongique principale retrouva un semblant d'équilibre et se prépara à écraser définitivement cet humain impertinent. A cet instant, une silhouette bondit depuis un toit proche. Un éclat d'acier faucha la tête de la chose qui chût au sol. Aussitôt, un second nain fongique s'anima tandis que la masse originelle, privée d'une jambe et de sa tête, chancela. Mike, perché sur une gouttière, avait une flasque à la main. Il la projeta sur le monstre qui s'embrasa instantanément.

- Sentence : la purification par le feu -immédiatement exécutable, murmura t-il d'un air contrarié. J'ai horreur de devoir me répéter.

Durant cette pirouette, le deuxième petit amas avait assailli Exodus. Celui-ci s'en sortait plutôt bien. Il avait saisi par le col son premier adversaire avant de le jeter au sol et d'en faire de la bouillie. Son regard se porta sur son chapeau en lambeau, puis sur le dernier monstre.

- J'en ai soupé des champignons aujourd'hui.

Sa lame fendit l'air.


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