Le dessin est une activité à la fois physique, qui demande dextérité et coordination, et une activité mentale, qui se trouve au cœur de votre perception. C’est l’expression de votre intérieur.
Il y a différentes façon d’aborder un dessin. Le dessin d’observation, par exemple, lorsque vous étudiez une référence ou la répliquez, qui requiert votre attention, intuition et votre observation en particulier.
Et il y a le dessin d’imagination, qui sort non pas des méandres inconnus de votre tête mais de votre “bibliothèque intérieure”, constituée de tout ce que vous avez vu et noté dans votre mémoire sous quelque forme que ce soit. Cette bibliothèque se développe, comme le reste. On ne travaille jamais de “rien”.
Le dessin d’observation se fait bien entendu d’après modèle.
Je travaille sur un format identique à celui de la référence. Ce n’est pas par hasard: ça me permet de fabriquer des repères abstraits via les bords de mon document : très importants pour situer la figure avec fidélité et pour analyser ses proportions.
Je commence par me donner un point de repère: son coude, qui touche presque la bordure du document, mais pas complètement. Je trace une ligne horizontale pour le localiser sur la hauteur du document. J’ai désormais un repère très solide (puisqu’il est irrémédiablement juste) sur lequel baser le reste de l’anatomie.
L’espace négatif, c’est toute la zone de l’image où la figure ne se trouve pas. Cet espace fait autant partie du dessin que la figure elle-même et en dessinant, j’en suis consciente, à tous les stades du dessin.
Cette fois, j’utilise ma connaissance des os saillants, bien visibles sur la référence et d’autres repères anatomiques s’y attachants pour définir un peu plus ma figure.
Notez qu’à ce stade je n’ai ni ombre, ni lumière et aucun détail relatifs à l’individu capturé dans la photographie. Je n’ai posé que la pose et les proportions, en me concentrant complètement sur l’aspect abstrait de ma référence tel que l’espace négatif, les bordures du document etc.
Jusqu’ici, le dessin n’a rien d’impressionnant ni de défini. Je n’ai posé que les fondations de mon dessin en devenir. Mais comme toute fondation, elle se doit d’être solide. C’est un stade TRES important, qui vous donnera peut-être du mal. C’est normal. Vous apprenez à voir avec vos yeux plutôt qu’avec votre pensée et ça peut vous paraître étrange au début.
“Voir avec vos yeux?”
Eh oui. Si vous n’avez jamais dessiné de votre vie, vous n’avez pas encore appris à regarder. Si je vous demandais de dessiner une fleur?
Vous me dessineriez quelque chose comme ceci.
Mais cette “fleur” n’existe pas.
Soyons donc plus spécifique:
Traduisons cette fleur sous forme de mots elle aussi: Un demi ellipsoïde couché, son autre moitié écrasée, une petit courbe vers la droite, un demi ellipsoïde avec le haut écrasé... Ok, d’accord. Ce n’est plus une fleur c’est en réalité une abstraction.
Une abstraction formée de traits et de courbes.
Vous avez déjà lu et relu un mot tant de fois qu’il vous paraît être faux ou inexistant? Étranger? C’est pareil. Vous avez changé de perspective.
Il est important de regarder avec vos yeux pour dessiner. En effet, votre cerveau, votre maître des idées, peut se tromper, surtout si vos connaissances en anatomie sont encore pauvres. La réalité est souvent très différentes des idées que nous nous en faisons, même pour des choses aussi banales qu’un bras ou qu’un coude.
Parfois, vos deux modes de perception sont contradictoires et vous allez poser des traits que vos repères vous indiquent et qui n’ont pas de sens pour vous.
Acceptez ces défiances. L’observation s’apprend petit à petit, même si le sujet est le même, vous ne le verrez pas de la même façon maintenant et dans un an. Votre perception se développe avec vous.
Un beau jour, un détail anatomique complètement élémentaire ou anodin, qui vous était jusqu’ici invisible et donc inexistant, vous apparaît soudainement au détour d’une illustration de tel artiste qui l’aura mis en valeur: C’est la perception de cette personne qui a élargi et contribué à la vôtre. Et pourtant! Ce détail était présent dans les photos et sur les modèles depuis le début. Mais vous ne le voyiez pas. C’est ce qui distingue un dessin, une oeuvre, de la réalité: L’oeuvre est une vision. Un filtre.
C’est pour cette raison aussi que je conseille vivement d’étudier la réalité d’après modèle vivant ou d’après des photo “neutres” qui n’ont pas reçu de traitement important ou dramatique pour altérer cette réalité et lui donner une voix propre.
Reprenons notre dessin d’observation.
Jusqu’ici, notre croquis encore peu défini tâchait de répondre à une question assez simple: “Que fait mon modèle?”
Nous avons répondu, à l’aide de traits et de repères, qu’il se tenait d’une certaine façon, les mains sur les hanches. Nous avons répondu aussi à “Comment est sa silhouette?”, qui était svelte, avec un bras presqu’entièrement découpé hors du hors et l’autre partiellement masqué par la poitrine et le bassin, la nuque partiellement masquée par les cheveux.
Passons à l’étape suivante: Le modèle. Nous passons finalement à ses caractéristiques physiques et répondons à une multitude de questions comme “voit-on ses clavicules?” Oui, les deux. L’une d’entre elle est presque de face et l’autre est en contre-plongée, et paraît plus courte.
“Voit-on les côtes?” Non, mais nous voyons les grand dentelés, des muscles attachés aux côtes, bien définis.
“Voit-on les tranches de l’os iliac?” Oui, légèrement, de chaque côté. Et comme le tronc est sous le même axe (le modèle ne se tord pas plus d’un côté que de l’autre) vu de ¾, les proportions sont identiques aux clavicules, observées plus tôt.
Plus vos connaissances d’anatomie sont poussées et plus vous avez de réponses à ce genre de questions.
Mais vous pouvez vous les poser sous forme abstraite, si vous n’avez pas encore les réponses théoriques en main: “Observons-nous des zones plus foncées que le reste?”
Oui, sous l’aisselle et sous le pectoral gauche. Sous les dentelures du grand dentelé. Entre le biceps du bras droit et le tronc. Sous l’avant-bras gauche détourné de nous. Sous les doigts de la main droite…
Plus tranchée sous l’aisselle, arrondie sur le dessus et descendant le long du pectoral avant de disparaître en dégradé. L’autre se termine sous forme de ligne. Elle est plus dégradée par le dessus et plus dure par le dessous. Etc, etc.
“Cette zone est-elle plus foncée ou plus claire que sa zone adjacente?”
Non.
Et pour finir, les détails.
N'hésitez pas à poser des questions ci-dessous.
12:43 - 14 avr. 2016
Déja Smirt, merci pour ce petit cours sur l'observation, je comprend mieux certaine chose maintenant :p je vais me refaire une petit lecture au cas ou j'ai loupé quelque chose mais en tous cas c'est bien expliqué :) c'est justement un de mes deux future sujet de dessin ( demain ou aprés demain ) donc ça tombe à pique