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14 avr. 2016 - 05:06

Le Dessin d’Observation



Avant de passer à un cours d’anatomie sur les muscles je voulais vous donner l’opportunité d’en apprendre un peu plus sur le dessin en soi.

Le dessin est une activité à la fois physique, qui demande dextérité et coordination, et une activité mentale, qui se trouve au cœur de votre perception. C’est l’expression de votre intérieur.

Il y a différentes façon d’aborder un dessin. Le dessin d’observation, par exemple, lorsque vous étudiez une référence ou la répliquez, qui requiert votre attention, intuition et votre observation en particulier.
Et il y a le dessin d’imagination, qui sort non pas des méandres inconnus de votre tête mais de votre “bibliothèque intérieure”, constituée de tout ce que vous avez vu et noté dans votre mémoire sous quelque forme que ce soit. Cette bibliothèque se développe, comme le reste. On ne travaille jamais de “rien”.

Le dessin d’observation se fait bien entendu d’après modèle.

Je travaille sur un format identique à celui de la référence. Ce n’est pas par hasard: ça me permet de fabriquer des repères abstraits via les bords de mon document : très importants pour situer la figure avec fidélité et pour analyser ses proportions.




(Je le dessine au digital, qui est très convenient et me permet de gommer, déplacer et transformer à volonté mes erreurs pour les corriger rapidement.)
Je commence par me donner un point de repère: son coude, qui touche presque la bordure du document, mais pas complètement. Je trace une ligne horizontale pour le localiser sur la hauteur du document. J’ai désormais un repère très solide (puisqu’il est irrémédiablement juste) sur lequel baser le reste de l’anatomie.




Sur cette même ligne, je prends note des autres éléments qui sont coupés par cette ligne ou qui s’en rapprochent: La courbe ombrée du biceps sur son bras droit, l’articulation de son coude droit sont des repères notables, ainsi que l’intérieur de son coude gauche. Je les note sous forme de traits rapides et pour compléter la silhouette du personnage, je me penche sur l’espace négatif.

L’espace négatif, c’est toute la zone de l’image où la figure ne se trouve pas. Cet espace fait autant partie du dessin que la figure elle-même et en dessinant, j’en suis consciente, à tous les stades du dessin.




Cet espace négatif nous aide formidablement et je nous ai préparé le terrain en répliquant le même format que la référence, puisque je peux utiliser comme points de repères les bordures du document où la figure est coupée.




Une fois que le contour de mon modèle est adéquat, j’applique les mêmes calcules d’observation à l’intérieur de la figure, en basant chaque nouveau repère sur ceux qui le côtoient directement, et ainsi de suite.
Cette fois, j’utilise ma connaissance des os saillants, bien visibles sur la référence et d’autres repères anatomiques s’y attachants pour définir un peu plus ma figure.




(Transférés sur la référence certains repères que j’ai utilisés et qui n’étaient pas forcément flagrants sur le modèle, pour vous aider à mieux les voir.)

Notez qu’à ce stade je n’ai ni ombre, ni lumière et aucun détail relatifs à l’individu capturé dans la photographie. Je n’ai posé que la pose et les proportions, en me concentrant complètement sur l’aspect abstrait de ma référence tel que l’espace négatif, les bordures du document etc.
Jusqu’ici, le dessin n’a rien d’impressionnant ni de défini. Je n’ai posé que les fondations de mon dessin en devenir. Mais comme toute fondation, elle se doit d’être solide. C’est un stade TRES important, qui vous donnera peut-être du mal. C’est normal. Vous apprenez à voir avec vos yeux plutôt qu’avec votre pensée et ça peut vous paraître étrange au début.

“Voir avec vos yeux?”
Eh oui. Si vous n’avez jamais dessiné de votre vie, vous n’avez pas encore appris à regarder. Si je vous demandais de dessiner une fleur?
Vous me dessineriez quelque chose comme ceci.




Et en effet, vous m’auriez dessiné “Une Fleur”. L’idée d’une fleur. Le stéréotype, le concept universel et générique d’une fleur, le “des pétales arrondis autour d’un cercle, une tige, une feuille”.
Mais cette “fleur” n’existe pas.
Soyons donc plus spécifique:




Une marguerite?
Traduisons cette fleur sous forme de mots elle aussi: Un demi ellipsoïde couché, son autre moitié écrasée, une petit courbe vers la droite, un demi ellipsoïde avec le haut écrasé... Ok, d’accord. Ce n’est plus une fleur c’est en réalité une abstraction.
Une abstraction formée de traits et de courbes.




C’est la même marguerite, regardée par mes yeux.

Vous avez déjà lu et relu un mot tant de fois qu’il vous paraît être faux ou inexistant? Étranger? C’est pareil. Vous avez changé de perspective.

Il est important de regarder avec vos yeux pour dessiner. En effet, votre cerveau, votre maître des idées, peut se tromper, surtout si vos connaissances en anatomie sont encore pauvres. La réalité est souvent très différentes des idées que nous nous en faisons, même pour des choses aussi banales qu’un bras ou qu’un coude.
Parfois, vos deux modes de perception sont contradictoires et vous allez poser des traits que vos repères vous indiquent et qui n’ont pas de sens pour vous.
Acceptez ces défiances. L’observation s’apprend petit à petit, même si le sujet est le même, vous ne le verrez pas de la même façon maintenant et dans un an. Votre perception se développe avec vous.

Un beau jour, un détail anatomique complètement élémentaire ou anodin, qui vous était jusqu’ici invisible et donc inexistant, vous apparaît soudainement au détour d’une illustration de tel artiste qui l’aura mis en valeur: C’est la perception de cette personne qui a élargi et contribué à la vôtre. Et pourtant! Ce détail était présent dans les photos et sur les modèles depuis le début. Mais vous ne le voyiez pas. C’est ce qui distingue un dessin, une oeuvre, de la réalité: L’oeuvre est une vision. Un filtre.

C’est pour cette raison aussi que je conseille vivement d’étudier la réalité d’après modèle vivant ou d’après des photo “neutres” qui n’ont pas reçu de traitement important ou dramatique pour altérer cette réalité et lui donner une voix propre.

°°°


Reprenons notre dessin d’observation.
Jusqu’ici, notre croquis encore peu défini tâchait de répondre à une question assez simple: “Que fait mon modèle?”
Nous avons répondu, à l’aide de traits et de repères, qu’il se tenait d’une certaine façon, les mains sur les hanches. Nous avons répondu aussi à “Comment est sa silhouette?”, qui était svelte, avec un bras presqu’entièrement découpé hors du hors et l’autre partiellement masqué par la poitrine et le bassin, la nuque partiellement masquée par les cheveux.

Passons à l’étape suivante: Le modèle. Nous passons finalement à ses caractéristiques physiques et répondons à une multitude de questions comme “voit-on ses clavicules?” Oui, les deux. L’une d’entre elle est presque de face et l’autre est en contre-plongée, et paraît plus courte.
“Voit-on les côtes?” Non, mais nous voyons les grand dentelés, des muscles attachés aux côtes, bien définis.
“Voit-on les tranches de l’os iliac?” Oui, légèrement, de chaque côté. Et comme le tronc est sous le même axe (le modèle ne se tord pas plus d’un côté que de l’autre) vu de ¾, les proportions sont identiques aux clavicules, observées plus tôt.

Plus vos connaissances d’anatomie sont poussées et plus vous avez de réponses à ce genre de questions.
Mais vous pouvez vous les poser sous forme abstraite, si vous n’avez pas encore les réponses théoriques en main: “Observons-nous des zones plus foncées que le reste?”
Oui, sous l’aisselle et sous le pectoral gauche. Sous les dentelures du grand dentelé. Entre le biceps du bras droit et le tronc. Sous l’avant-bras gauche détourné de nous. Sous les doigts de la main droite…



Précisons. “Quelles formes ont ces zones?”
Plus tranchée sous l’aisselle, arrondie sur le dessus et descendant le long du pectoral avant de disparaître en dégradé. L’autre se termine sous forme de ligne. Elle est plus dégradée par le dessus et plus dure par le dessous. Etc, etc.




Une fois que nous avons des repères supplémentaires (ce sont des ombres, mais shut! Nous travaillons par abstraction. Cela marche aussi.), continuons à les comparer localement:
“Cette zone est-elle plus foncée ou plus claire que sa zone adjacente?”




“Voit-on du blanc où que ce soit sur le modèle?”
Non.




“Voit-on du noir où que ce soit sur le modèle? Toutes mes zones sombres sont-elles aussi noires? à quel point mes zones d’ombres tranchent-elles sur le noir du fond? Sur les contours de mon personnage? Se comparent-elles les unes sur les autres?”




Et pour finir, les détails.




°°°



N'hésitez pas à poser des questions ci-dessous.


Dans ton dos avec un beanie, un hamburger et un fusil.
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Message posté le 12:43 - 14 avr. 2016

Déja Smirt, merci pour ce petit cours sur l'observation, je comprend mieux certaine chose maintenant :p je vais me refaire une petit lecture au cas ou j'ai loupé quelque chose mais en tous cas c'est bien expliqué :) c'est justement un de mes deux future sujet de dessin ( demain ou aprés demain ) donc ça tombe à pique


quand tout semble aller contre toi souviens-toi que l’avion décolle contre le vent pas avec
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