[Rubrique] Courants d'air
Chez tonton Tr0n, les jets de mots
Je m'ouvre une petite rubrique de textes qui n'ont pas vocations à finir dans les bibliothèques mais à juste m'amuser sur les mots. Vous pouvez commenter, dire ce qui vous passez par la tête, peu importe, c'est ouvert à tout jet de mot. N'hésitez pas à nous en balancer, c'est toujours agréable de voir la réussite comme l'échec.
Texte 1 : Médée.
Texte 2 : Un simple sourire.
Texte 3 : L'orchidée sauvage.
Texte 4 : Aphrodite.
Texte 5 : Haine.
Texte 6 : Un SMS.
Texte 7 : Britomartis.
Texte 8 : Comptine.
11:03 - 12 nov. 2015
11:10 - 12 nov. 2015
Mais… Son, simple sourire.
11:18 - 12 nov. 2015
Au regard du profane, l’orpheline est plus gracieuse et brillante que la nitescence de la nacre. C’est ainsi. Appréhender la réalité du mythe, concevoir et pénétrer l’éternelle Vérité. C’est ainsi. Insondable, cette blanche candeur illumine mon œil impur, qui de sa prunelle souille l’éclat de cette fleur. Sous la lumière d’une bougie, mes sens, immondes et abjects révèlent l’imparfait, l’illusoire. Je ne vois pas, j’engendre. Je ne touche pas, je ressens. Je ne sens pas, j’invente. J’évoque et j’invoque, aveugle pragmatique, sa beauté sans équivoque : la crédule argentée, l’infantile ingénue. Elle est un phare dans mes rêves nourris par le dégoût. Je ne la scrute pas, je la contemple. Elle est ma chimère, mon ange, mon cœur. Saisir chaque parcelle de son existence amère. Tu me trompes, de cette espiègle virginité, carcan d’émotions du sens d’une vie. En ton giron, tout s’éclaire.
Mutine, l’esquisse s’éclisse.
Elle nous offre une brillante et soudaine clarté. De blanche, couleur chélidoine se dévoile. Le pistil nu brille carmin ; une subtile fresque gradient vermeil à grenat, éveille l’appétit de l’amblyope. La naissance d’une conscience, cette métaphore humaine imparfaite. La pureté immaculée expire. Mon rêve s’éteint. D’un modèle irréprochable je ne vois plus que couleurs, arc en ciel écœurant qui fascine mon entourage. A mon œil, elle devient terne, à mon œil, elle devient fade. Insipide, l’enfantement n’est qu’un mirage et que vois-je ? Une âpre et futile métamorphose de la Vie. Irrémédiablement, vivre et grandir sont les égéries de la laideur de l’imparfait.
A ma belle orchidée sauvage.
11:46 - 13 nov. 2015
Cette frimousse fabuleuse, suave et sucrée, la perfection d’un idéal. Elle se trémousse sur les tables de bar aux heures où les grands font la sieste. Elle rit à gorge déployée, offre des sourires en cadeau et danse en cadence, sur les rythmes des îles.
Elle a deux ans.
A la genèse de mon imaginaire.
Il a de la chance d’être papa.
Amour et amitié.
Baisers et bises.
Sourde pitié.
Ses lèvres frôlent ses pommettes. Il sursaute. Sa peau se plisse, sa peau se crispe, la chamade attrape son coeur. Sous les effluves de ce délicieux arôme, il tressaille. Il aime ce parfum. Des années durant il la chérit. Des années durant il l’a senti. Les années passant, il l’a haïe.
00:22 - 15 nov. 2015
Il déchire ma quiétude,
Me laisse mourir.
Dans le trouble de tes rires
De ton attitude.
Brûlant et lentement...
Lentement...
Ton corps avare de paroles, charmant.
De ces gestes affriolants, il devise.
Du bruissement d’un bras,
Des chuchotements de ta voix
Comme une mélopée,
Une complainte qui vous crève
Chantée par tes lèvres
Ton regard pétille,
Et de ta ravissante pupille,
S’élance pour me dévorer.
Tes seins invitent à la convoitise.
Et ainsi naît l’appétant désir,
De te voler un baiser.
D’une simple posture,
Tu joues des braises qui m’attisent
Et aucun augure pour te dire,
D’un murmure
Que tu es la plus gracieuse,
Et la plus précieuse
00:50 - 15 nov. 2015
Tr0n, je me dois d'avouer que la lecture de tes jets de mots a eu raison de mes à-priori sur ton personnage. En effet je ne porte pas en odeur de sainteté les gens qui parlent trop bien (ce que l'on appellera le réflexe de l'idiot). Mais ... voila j'ai fait le pas et j'ai lu, étrangement la musique des mots se développe et le registre soutenu dévoile la complexité des accords. Tu écris de la musique, j'adore, j'entends tes phrases. Ces pavés à l'allure logorrhéique sont en réalité des pierres taillées avec minutie par un véritable artisan, qui se mettent à briller quand on les regarde avec attention.
Bien que je garde cet œil quasi philistin, dû à mon manque de savoir en la matière, je lis avec plaisir ce que tu écris, merci de partager tes divagations littéraires.
11:28 - 16 nov. 2015
Merci en tout cas, ça fait toujours plaisir. Mais je suis persuadé que tout le monde, peut, avec du travail, pratiquer ce genre de sonorité et de rythme, de jeux. Il suffit juste de se poser derrière une feuille blanche et de tourner autour des mots. J'aimerais d'ailleurs que d'autres participent car je suis sûr que beaucoup y arriveraient avec brio.
12:20 - 16 nov. 2015
Le mot personnage n'est peut être pas très sympathique en effet, j'en suis désolé. Je voulais dire par là que sur un forum on se fait une idée des personnalités d'après ce qu'elles écrivent, et pas plus. Tout l'aspect émotionnel et complexe de la réalité est tronqué par le médium, en ce sens on y voit des personnages, des avatars, dont l'apparence ici n'est pas la même certainement que dans la réalité. Oui du coup j'ai pu avoir la naïveté de croire que tu écrivais en soutenu, pour le "genre" ou juste la démarcation, mais encore une fois la bêtise des préjugés ...
En tous cas tu donnes envie de jouer avec les mots, du moins d'apprendre à le faire.
14:21 - 17 nov. 2015
A,
La déesse du Mont Dicté,
La première fille de Carmé,
La douce et sucrée,
Britomartis.
Phénicie.
Dans la citadelle d’Argos et ses danaïdes,
Elle aimait à se baigner comme les naïades,
Ou cueillir des fleurs près des matia.
La farouche, à la chevelure de cuivre,
Bronze aux reflets d’airain, danse, ondule avec souplesse
Ses reins divins d’une exquise délicatesse.
Le beau la flatte.
Mais solitaire rien ne l’attise.
Alors, agacée, elle s’éloigne à la hâte.
En Crêtes,
Si gracieuse, elle arrive.
Minos courtise la belle, avec concupiscence,
Et convoitise.
Le rapace la désire avec appétence
Et Neuf mois durant, il achoppe ; effrayée, elle s’échappe.
Le calvaire n’osa pas la suivre
Quand elle se précipita du haut de la falaise
Pour échapper à tous ces aléas et fadaises.
A Egine.
Si séduisante, elle arriva.
D’un amour charnel, le pêcheur qui la sauva
Des longs filets,
S’éprit d’elle et encore troublée, elle s’éloigna,
Mortifiée par tant d’ardeur, à désirer son cœur.
Sur l’Olympe.
Si charmante, elle arriva.
Terme de son épopée, elle soupira, tourmentée
Par ces mélopées.
Désormais favorite d’Artémis, Gorgone adulée,
Elle préservera sa virginité, pour l’éternité.
14:24 - 17 nov. 2015
Dans l’esquif du printemps.
C’est le début d’une comptine
Exclusive pour les glands.
Qui s’y frotte s’y pique !
Qui s’y frotte la nique !
Qui s’y frotte… Cynique…
Mélusine au gréant
Prend un spif et s’éprend
D’une bulle de résine.
Evasive, elle s’étend.
Qui s’y frotte s’y pique !
Qui s’y frotte la nique !
Qui s’y frotte… Cynique…
Mélusine la maman,
Du castel d’if allant,
Ou plutôt quittant l’usine
Lascive s’entiche d’un géant.
Qui s’y frotte s’y pique !
Qui s’y frotte la nique !
Qui s’y frotte… Cynique…
Mélusine chantant,
A Ténériffe vivant
S’enfuit à Messine
Et lessive son jeune amant
Qui s’y frotte s’y pique !
Qui s’y frotte la nique !
Qui s’y frotte… Cynique…
Mélusine est stupide.
Pères se valent,
Et perdu, turpide
Elle erre dans les halles…
Pauvre enfant sans parents
Qui d’un air amusant,
Aimera sa maman.
Pauvre adolescent sans parents,
Qui d’un coup de rein,
Reprendra un jour ce refrain.
Celui de maman.
Qui s’y frotte s’y pique !
Qui s’y frotte la nique !
Qui s’y frotte… Cynique…
14:29 - 17 nov. 2015
A la fontaine
Près de la porte Capène
Dans le vallon de Caffarella,
Souvent il alla.
S’enfonçant dans les bois
Un jour il croisa
La plus belle des muses.
Sans aucune ruse
Elle l’inspira,
Non de sa beauté
Mais de ses idées.
C’est ce qu’il raconta
A tout l’état,
Et il en profita
Alors, pour manipuler
Toute une assemblée.
Depuis ce temps
Quelle est la Vérité ?
Déesse des amants,
Les romains furent floués.
Ils l’adulèrent,
Et l’appelèrent
La muse Egérie,
Des intellectuels épris.
14:55 - 17 nov. 2015
D'où mon amour pour Beaudelaire, et surtout Aloysius Bertrand. J'ai même été interrogé au bac de français sur "Ondine", l'un de mes poèmes favoris (c'est sans doute l'un des jours de ma vie de lycéen les plus importants. Je suis passé à 11 h 30, j'étais le dernier de la journée. Nous avons parlé de la prose poétique jusqu'à 14 h 30 avec la prof de français qui m'avait interrogé. Non sur de la culture d'auteur, mais sur le sensible du jeu des mots. C'est, je pense, le tournant de ma vie; avec évidemment ma prof de français pendant ces années là qui était un fantasme ^^). Rimbaud ensuite. Ca, ça, c'était de l'art et non pas uniquement de la technique. Du romantisme, de l'esthétisme, de la beauté sensible à l'état pur. Oscar Wilde, typique de la prose poétique. Bref.