[Aparté] -----------
Par Cassiopée, Smirt et autrefois Lilith.
[Transfert en cours...]
"-----------" est un récit dirigé.
Les rôlistes impliqués sont Smirt, Cassiopée et Lilith.
Lilith ayant été longuement absente, j'ai reçu permission pour manipuler son personnage afin que nous puissions faire progresser l'histoire malgré la perte d'un de nos valeureux rôlistes.
Aux bordures d'une Ter Aelis prospère s'enlise depuis quelques années un no man's land aux ambiances d'une Stalingrad moderne. Cette histoire sans nom s'y déroule.
Un pays limitrophe à Ter Aelis est l'Eausche, où les technologies et la culture aélissienne sont largement répandues et les échanges commerciaux courants. Dans ce pays le citoyen est Eusch et parle le Resch, une langue fictive apparentée à l'Allemand. La langue aélissienne est également enseignée dans ce pays comme seconde langue (cf, le Français).
La région située à la frontière Eauschoise est aussi avancée que Wilvarin culturellement et technologiquement. Cette frontière est sujette à de nombreux changement cartographiques et continuellement rasée par des tensions et conflits avec l'Eausche. Certaines grandes villes dans cette région changent régulièrement de nationalité, et en conséquence, enseignent les deux langues de façon égale, par exemple, à Tchatchin, souvent conquise et reconquise. Les habitants de cette région souffrent d'un léger complexe d'identité.
Au delà de Tchatchin s'étend une large zone de grands lacs et de plaines, territoire de la République Tsmane. Dans ce pays, le citoyen est un Tsman et parle Souss (langue fictive apparentée au Russe).
Des mégapoles industrielles s'y élèvent, comme Pulchratek et Varatichev, autrefois des capitales impériales très peuplées et dont le patrimoine culturel est encore riche. Le patriotisme dans les villes périfériques y est élevé et dangeureux. La population y souffre des abus de groupes extrêmistes et patriarcaux.
Au Nord, le relief s'adoucit et forme des plaines plus ou moins désertiques et arides où la population est plus dense, parfois fournie en électricité mais principalement constituée de clans et de dresseurs de chevaux. C'est la région des Bas-Plateaux. La violence individuelle et la pauvreté y sont élevées. Les natifs de cette région sont parfois appelés les Oghtsis.
Enfin, le Gorgouri est un territoire Tsman très ancien et relativement primitif où la population est rare et claircemée dans des chaînes de montagnes très élevées et pauvres. Les natifs de cette région sont les Gorgours (aussi "gurgurs").
L'histoire se déroule à Pulchratek, mégapole et capitale antique de la République Tsmane désormais sur le point de devenir une conquête économique de l'Eausche. L'armée Eusch l'a mise en état de siège depuis des mois mais rien n'avance car des groupes patriotiques organisés l'ont embourbée dans un labyrinthe urbain imprenable. Les citoyens se débrouillent comme ils peuvent à l'approche de l'hiver.
L'armée (Eusche): Première sur place, épuisée et paralysée. Passablement ridiculisée par les média. Elle est en quête de sa propre raison d'être.
Des organisations d'aide humanitaire: Tentant d'alléger les souffrances d'une population prise entre deux feux.
La Télévision: Des envoyés de presse désabusés et cyniques.
La Peetersien: Milice d'élite privée et infame dont la présence (injustifiée?) se veut encore vague et discrète.
La Fraternité: Ironiquement, les forces rebelles à la défense de l'indépendance de Pulchratek sont animées par une vieille caste aristocratique Tsmane qui se soucie peu du bas peuple.
*
Lucia
Nationalité: République Tsmane
Lieu de Naissance: Oghvatsil (Auvase)
Langue(s): Souss
Genre: Femme
Jouée par: Cassiopée
Un événement tragique et récent a chassé Lucia de chez elle avec son fils Nikolaï âgé de 7 ans. Elle arrive à Pulchratek où elle espère trouver du travail, mais sa situation n'a fait que s'aggraver, rejetée pour sa race et ses habitudes paysannes par la dureté urbaine de la ville.
Elle trouve finalement refuge chez Madame Sofia, gérante d'un bordel changé en Q.G.
Voir Description Complète :
*
Madalyn
Nationalité: Aélissienne
Lieu de Naissance: Wilvarin
Langue(s): Français, Resch, [...]
Jouée par: Lilith
Rôliste de secours: Smirt
Elle a un problème avec les hommes. Pour elle, ils ressemblent tous à son père, avatar du "vieux con" qui l'empèche d'être qui elle veut et est responsable de la condition des femmes. Elle ne supporte pas le machisme sous aucune forme.
On peut dire d'elle que c'est une emmerdeuse dans le sens ou sa conscience professionnelle et son désir de rétablir la vérité tourne à l'obsession.
Elle l'hésite pas a pratiquer l'espionnage discret pour obtenir des infos et a frayer avec toutes sortes d'indics peur recommandables.
Voir Description Complète :
*
Vapor
Nationalité: République Tsmane
Lieu de Naissance: Sovat
Langue(s): Souss, Resch
Genre: Homme
Joué par: Smirt
Un mercenaire de la Peetersien âgé a 31 ans et un vétéran Black Mail (compagnie ultérieure). C'est un gars simple à première vue. Commode, il parle rarement de lui. Charismatique, le dialogue n'est pas difficile, le sourire, comme la poignée de main, non plus. On le sent comme quelqu'un de sûr, bien ancré dans ses chaussures et réfléchi, d'un sang-froid reptilien qui ne le sépare jamais de sa tête.
Il a besoin d'indépendance. Une position de puissance ou de contrôle lui convient, comme son ascension en tête des Peets. "Vapor" remplace désormais son nom sur ses papiers. Lorsque l'armée est engagée dans un merdier compliqué autour de Pulchratek et d'autres métropoles, la Peetersien est appelée en renfort et débarque sur le terrain.
Voir Description Complète [Spoiler):
*
Masha
Nationalité: République Tsmane
Lieu de Naissance: Tchatchin
Langue(s): Souss
Genre: Femme
Joué par: Smirt
Une employée de Madame Sofia. Masha est jeune, illetrée et perdue, à charge d'un jeune fils de cinq ans nommé Vasya.
*
Luka
Nationalité: République Tsmane
Lieu de Naissance: Stravo
Langue(s): Souss, Resch
Genre: Homme
Joué par: Lilith
*
Vassili
Nationalité: République Tsmane
Lieu de Naissance:
Langue(s): Souss
Genre: Homme
Joué par: Smirt
PIETS. Son vrai nom est inconnu. Il a 35 ans, né dans une puissante famille aristocrate sur les rives du lac Stravo. Il en paraît moins, les traits irrémédiablement lisses et le visage trop doux. Taciturne mais poli, maniéré. Moral, il se fait respecter par les monstres de la Peets à coups de sabre.
*
Vénia
Nationalité: Eausche
Lieu de Naissance:
Langue(s): Resch
Genre: Homme
Joué par: Smirt
PIETS. Âgé de 27 ans, Vénia est le plus jeune employé de la Peetersien. D'origine Eusch, il parle Resch. C'est un soldat performant et endurant, dédié à 100% à son équipe, qui est sa famille. Il est sociable, bavard, docile et parfois fatiguant. Son Q.I. laisse à désirer. Un homosexuel plus ou moins reflué.
*
Isaiah
Nationalité: République Tsmane
Lieu de Naissance: Tchatchin
Langue(s): Resch, Français
Genre: Homme
Joué par: Smirt
PIETS. De son vrai nom Uxilliotr Nadavanski. Il a 28 ans, de taille moyenne et de corpulence compacte, il n'a rien de très impressionnant à côté des Peet's plus massifs. Son visage est étroit et ses yeux grands comme ceux d'une femme, d'un bleu intense d'eau profonde. Une tare au sein de son groupe de musclés, qui ne perdent pas une occasion de remettre sa masculinité en question. Il est cultivé et c'est aussi une tare, cependant il est pour ça le protégé d'Hauffman dont il partage les lectures, et cette protection rend sa vie plus paisible au sein de l'équipe. Sans essayer d'attirer l'attention, Isaiah défend ses opinions et ses droits, choisit ceux qui l'approchent et s'illustre d'un méchant caractère. Il a rejoint les Peet's assez tard.
Isaiah est en relation depuis quatre ans avec une jeune femme du nom d'Elsa Schwern. Ils sont mariés depuis un an.
*
Hoel
Nationalité: Eausche
Lieu de Naissance:
Langue(s): Resch
Genre: Homme
Joué par: Smirt
PIETS. Un officier aux commandes de l'équipe locale. Hoel se charge des logistiques. Peu d'autres choses l'intéressent. Il a le physique d'un petit bulldog renfrogné et aboie beaucoup. Sa capacitié d'attention en conversation est plus que modérée et il a la capacité de ne voir que ce qu'il veut voir et de n'entendre que ce qu'il veut entendre. Il a l'air constamment perdu dans un état de rêverie boudeuse, sauf pour beugler des ordres, parfois très d'à propos. On ne sait jamais s'il est présent ou non.
*
Hausman
Nationalité: Eausche
Lieu de Naissance:
Langue(s): Resch
Genre: Homme
Joué par: Smirt
PIETS. Probablement la cinquantaine, Hausman est aimable et bien élevé, attentif. Associé à Hoel aux commandes, il est chargé du bon fonctionnement psychologique et sociale de l'équipe locale.
*
Vicious
Nationalité: Eausche
Lieu de Naissance: Mudinsk
Langue(s): Resch, Français
Genre: Homme
Joué par: Smirt
PIETS. De son vrai nom Viggor Magernvaes. Il a 38 ans. Vicious est muni d'un Q.I. limité et s'avère passablement agressif. Ses acolytes Vice et Villainy servent de tampon à son énergie destructice. L'absence de ces derniers rend Vicious nerveux et parfois désorienté.
*
Villainy
Nationalité: Eausche
Lieu de Naissance: Mavinc
Langue(s): Resch, Français
Genre: Homme
Joué par: Smirt
PIETS. De son vrai nom Asaldaïr Rhoess, il a 34 ans, né dans l'Eausche d'un père Eusch et d'une mère Tsmane. Grand et relativement athlétique. Un tatouage de crâne couvre l'entièreté de son visage, dissimulant toute expression sur son visage en déformant ses traits. L'index de sa main droite est manquant.
*
Enri
Nationalité: Eausche
Lieu de Naissance:
Langue(s): Resch
Genre: Homme
Joué par: Smirt
PIETS. Enri porte également un tatouage effrayant sur la face mais Villainy et lui ne sont ni associés ni amis. Autant le tatouage de Villainy est représentatif, autant celui d'Enri est un déguisement pour masquer ses fragilités.
=
Madame Sofia
Nationalité: République Tsmane
Lieu de Naissance: Pulchratek
Langue(s): Souss
Genre: Femme
Joué par: Smirt
Patronne de la maison et protectrice de ses filles. Sofia est élégante, placide et usée par les longs mois d'occupation militaire. Sa maison est habitée de 38 femmes.
=
Sergeï
Nationalité: République Tsmane
Lieu de Naissance: Pulchratek
Langue(s): Souss
Genre: Homme
Joué par: Smirt
Employé de Madame Sofia chargé de l'administration du business et du bâtiment. Sergeï est grand. Il a la voix traînante et diplomatique, bien que son Resch soit plus qu'approximatif.
=
Alexeï
Nationalité: République Tsmane
Lieu de Naissance: Pulchratek
Langue(s): Souss
Genre: Homme
Joué par: Smirt
Employé de Madame Sofia chargé de la protection des prostituées.
=
Gruebeck
Nationalité: République Tsmane
Lieu de Naissance: Pulchratek
Langue(s): Souss
Genre: Homme
Joué par: Smirt
Propriétaire d'une moitié du bâtiment occupé par le busines de Madame Sofia. C'est un petit homme ridé et suave, plutôt amical.
=
Mikailovitch
Nationalité: République Tsmane
Lieu de Naissance:
Langue(s): Souss
Genre: Homme
Joué par: Smirt
Mathan Mikailovitch Rubranov. Habitant de Pulchrateck depuis sa jeunesse, c'est un vieil écrivain raté, étudiant indéfini et relayeur d'info pour la Fraternité.
La Peetersien.
AU moins trois équipes nommées par lettre, formées d'une quarantaine d'individus chacun. Huit véhicules blindés pour l'équipe A, dirigée par Hoel et Volk en second, administrée par Hausman (qui fait office de Relation Humaines). Ils utilisent leur propre réseau de communication satellite.
Un "P" ornementé sur les uniformes noirs. Pas d'autre armoirie. Pas d'immatriculation. Les mercenaires possèdent une carte d'identité spéciale qui remplace tout autre document officiel et qui ne mentionne ni leur nom, ni leur nationalité. Ils ont un numéro de registre de la P et un nom de code.
Autres Peets de la Team A: Volk, Half, Spear, Simon.
08:47 - 9 nov. 2015
J'ai presque fini de rapatrier les coulisses. Il reste encore le script et les bribes de scènes en chantier.
Tiens j'ai eu une idée, puisque j'ai très envie de redessiner tout le monde (même si ça risque de prendre un peu de temps), je voudrais, au lieu d'avoir un portrait par protagoniste des actes qui se répète à chaque acte, avoir une interlude dessinée qui sera un portrait horizontal, plus large et qui ne se répète pas. Ce sera au début de chaque acte un portrait différent, jusqu'à ce que tout les personnages aient été dessinés.
Je vais en tenter un et voir ce que ça donne. Je voudrais aussi concentrer ces nouveaux portraits sur un zoom du visage et des yeux en particulier, plutôt que le buste entier.
12:25 - 9 nov. 2015
Comme ça. Tout nos personnages par les yeux. : )
EDIT: Je vais remplacer les portraits petit à petit par ceux-ci. Voilà Madalyn ajoutée.
02:50 - 10 nov. 2015
Actes Complétés:
Madalyn. I. Je Dois Partager Ma Tente?
Masha. I. Ma Chambre est un QG
Lucia. I. Entretien avec Madame Sofia
Vapor. I. Sauvetage d'Otages
Vapor. II. De la Taxidermie
Lucia II. Fin de Soirée
Madalyn. II. Amourettes Improbables
Masha. II. Sans Papiers
Lucia. III. Les Tuyauteries Ont Sauté
Lucia. IV. Ni Morale, Ni Opinion
Lucia. V. Pour Asservir et Pour Tromper
Lucia. VI. Combusion
Vapor. III. Sur Le Toit
Rapatriement des idées de scénario:
!SPOILER ALERT!
...
Luka. [à faire] La cible des Peets dans le quartier rebel est finalement abattue par Vapor. Il dit à Luka que c'était un traitre.
...
Luka. [à faire] Est au bar avec Vapor quand Mr. G s'incruste pour mettre la pression à Vapor. Son dossier est sur la table de son patron.
...
Madalyn. [à faire] rencontre Mr. G qui l'encourage à harceler Vapor pour avoir son nom.
...
Madalyn. [à faire] raconte des saloperies sur la Peets aux news, ravigorée des informations que G. lui a mentionées.
...
…
Madalyn. [proposition] Elle s'aventure trop près des Peets sur le terrain hostile et Vapor la coince pour la refroidir. Vice intervient.
...
Vapor. Un Verre à l'Amitié [WIP]
Madalyn. [à faire] Vénia s'incruste dans la tente de Mada pour témoigner contre Vapor.
…
Lucia. [proposition] Vénia est viré des Peets pour avoir brisé la règle de discrètion. Il se met une balle dans la tête.
Lucia, Acte VII
Elle est conduite à son fils, avec ou sans Vassili. Mikailovitch est introuvable. Les gardiens des enfants ont été tués et ces derniers se sont organisés à leur façon pour survivre. Potentiellement Lucia se retrouve hébergée du côté rebelle. Elle leur communique ses informations: Villainy est hors jeu, elle soupçonne Vapor présent de leur côté. Ils prennent ses informations d'une oreille mais elle a peu de crédibilité pour eux par comparaison avec Vapor.
Vapor, Acte IV
Deux jours plus tard. Il a passé ce temps en mission chez la fraternité et sa mission se termine mal: Dans une zone instable de Pulchratek entre le feu militaire et la zone occupée par la fraternité, il exécute quatre rebelles (plan de sa mission) mais est blessé. Madalyn était en train de fouiner dans le coin accompagnée de sa colocataire et elles découvrent la scène. De cette façon Vapor est emmené chez les humanitaires et plus tard, la présence de la Peets est confirmée, contre leur gré.
Madalyn, acte III
Elle harcèle Vapor pour son nom et des information et rencontre monsieur G. dans l’hôpital qui lui donne des indices et semble en savoir blindé. Il a les informations sur l'identité de Vapor mais il lui manque des preuves concrètes de ses crimes. Pour des raisons personnelles, il veut de Mada des enregistrements vidéos de ses actes sur le terrain en échange de ses informations. Il a en tête d'étaler des rumeurs qui tâchent et qui fâchent.
Madalyn, acte IV
Vapor est dans une situation inconfortable et précaire qui ne lui plaît pas du tout mais il se remet de ses blessures et s'en sort sans trop de casse jusqu'à ce que Mada publie la présence des Peets et des rumeurs partagées par G. Elle est immédiatement contactée par les autorités anonymes de la Peets et reçoit des menaces.
02:54 - 10 nov. 2015
Rapatriement des Actes entamés:
!SPOILER ALERT!
Lucia, Acte VII [Incomplet]
Lucia, qui était restée dans le couloir afin de surveiller un éventuel passage, le voit revenir bredouille et s'inquiète .
- Tu crois qu'ils auraient pu... Elle laisse la phrase en suspend car imaginer Mikailovitch et Yana emprisonnés, sans doute torturés, la pétrifie. Alors, elle tente une autre alternative :
- Tu crois qu'ils ont fui ?
- Je n'en ai aucune idée. Rien de déplacé ou de renversé, la porte n'est pas forcée. Leurs affaires sont là. Ils peuvent être n'importe où.
Il appelle Mikailovitch dans le couloir à tout hasard et frappe à quelques portes sans résultat.
- Ne traînons pas ici.
Lucia et Vassili ne s'attardent pas dans le local déserté. Ils se retrouvent dans la rue froide et vide où le vent de l'hiver vient les assaillir et marchent sans trop réfléchir vers où aller, jusqu'à l'extrémité de la rue. Arrivés au carrefour, Lucia s'arrête et lève la tête vers son compagnon :
- Je voudrais rejoindre mon fils. J'ai peur qu'il lui soit arrivé un malheur. Je pense savoir où il est, mais je dois y aller seule. La présence d'un membre de votre milice serait très malvenue. Je crois que nous devons nous séparer ici.
Ses yeux expriment bien plus que des mots impersonnels. Ils dévisagent Vassili, pénétrant son regard. Puis elle baisse le visage et dit :
- Merci Vassili.
- Je comprends. Soyez prudente.
Il hésite à lui donner quelques indications pour le retrouver d'un côté ou de l'autre du siège, s'en abstient et tourne les talons, désireux d'en finir avec une sorte d'au-revoir qui lui fait mal. Il ajoute en s'éloignant:
-Si jamais la situation se présentait, ne laissez pas Vapor vous voir ni vous approcher. (Il fait un geste en écartant les bras) Le plus de distance possible. Lucia, nous nous reverrons. Bonne chance.
Vapor, Acte IV [Complet, en attente]
Leur promenade s'achève au croisement d'un boulevard et d'une avenue détruits. La moitié des lampadaires Art Nouveau sont couchés dans des morceaux d'asphalte arrachés à la rue par des obus qui ne tombent plus sur Pulchratek depuis le mois de Mai. Stanislas s'arrête sur deux pièces de trottoir superposés comme des crêpes et s'apprête à critiquer le retard de leur agent sur les lieux, mais une balle au travers de l'aorte l'arrête net. Vapor a sorti sans bruit le Glock 18 automatique de sous son pull: ses compagnons confus n'ont pas le temps de réagir et s'entassent au sol à leur tour, chacun leur trou béant au travers du cou ou de la tête. Une volée de balles supplémentaire les secoue pour terminer le travail.
Vapor s'arrête pour fumer mais sa détente est interrompue par des voix au loin. Il abandonne son mégot et longe les murs en direction des intrus, qu'il ne tarde pas à découvrir à une centaine de mètres de là: deux femmes. Bruyantes comme des touristes. Elles ne savent pas où elles vont, sont-elles complètement insouciantes du danger? Pourquoi se dirigeraient-elles vers la provenance de coups de feu? "Idiotes." chuchote Vapor pour lui-même mais il devient apparent que les deux jeunes femmes se dirigent intentionnellement dans sa direction. Tandis qu'elles approchent sans le voir, Vapor détaille la grande blonde qui semble mal à l'aise, son sac en bandoulière, leurs sacoches contenant des appareils digitaux et la rousse en blouse de cuir qui semble mener la marche, un GPS à la main. Il reconnaît cette dernière comme arrogante à la langue bien pendue, la forte tête qu'ils avaient libérée quelques semaines auparavant. Aucun doute, celle-là est en quête d'embrouilles. Elle n'est pas venue par hasard et, connaissant ce genre de filles, elle est probablement armée. Un Tazer, un Pepperspray? Un FN57 ne le surprendrait pas. Il décide de les attendre au coin, l'occasion rêvée de faire taire cette machine à commérages et sa compagne dont il n'a que faire.
Elsa et Madalyn sont aux aguets. L'idée de se déplacer dans la zone 3 sans escorte et de se diriger, en plus, vers des tirs contrarie toutes les règles de survie qu'elle a apprises depuis son arrivée. Mais Mada est têtue. Elle murmure avec insistance et un accent:
-Mada, faisons demi-tour, je t'en prie, ça sent la poudre.
-Chhht. Fais pas de bruit!
Lentement, précautionneusement, Madalyn pointe la tête au coin du building. Elle ferme les yeux avec force et sans avoir eu le temps d'identifier ce qui se trouvait au carrefour car Vapor la saisit par le col et la propulse sur des débris, la regardant du Glock et Elsa des yeux. Celle-ci a sursauté si violemment qu'elle est presque assise au sol, respirant fort. Tous ses cauchemars se réalisent.
Madalyn a rapidement repris ses esprit et elle s'empresse de négocier, mains en l'air, ignorant son omoplate endolorie:
-Vous c'est Vapor, je me trompe? De la P. Vous vous rappelez?
-Je t'ai jamais vue. Qu'est-ce que vous croyez faire ici? Promenade de santé?
-Elsa est infirmière. On a entendu des coups de feu et - (elle se redresse en détaillant les trois corps de l'autre côté de la rue) Qu'est-ce qui est arrivé à ceux-là?!
La surprise de Madalyn invite Vapor à remarquer un mouvement à la périphérie de sa vision et il échange brièvement, mais brutalement, des coups de feu avec un jeune individu armé sur le boulevard.
Des balles ricochent au-dessus d'eux et Elsa s'accroupit en se protégeant la tête des bras, horrifiée. Les jurons colorés de Madalyn sont couverts par le Glock, qui finit par jeter leur assaillant à terre et le silence revient. Vapor a chancelé jusqu'au mur, où il s'appuie. Une douleur aiguë dans la poitrine l'empêche de respirer. Il toussote, inspire lentement et la douleur, multipliée par dix, le force à genoux. Comme son arme lui échappe des doigts, Madalyn sautille et en prend possession. Le tireur n'ayant pas montré signe de vie elle se lève, pointe le Glock vers Vapor prudemment et ordonne:
-Elsa, t'as rien? Tu peux faire le point sur ses blessures?
L'infirmière se relève, intacte et un peu choquée:
-Que s'est-il passé?
-Un mec là-bas nous a tiré dessus, je crois qu'il est mort. Mais regarde celui-ci, s'il-te-plaît, dépêche-toi!
-Mais ne pointe pas cette arme comme ça, tu me fais peur!
Mada détourne l'arme en gardant Vapor à l’œil. Il ne semble pas en état de leur sauter dessus par surprise mais on ne sait jamais. Elsa l'examine à distance, s'approche, frôle du bout des doigts toute la surface de son pull à la recherche de sang puis l'invite à se tourner, d'abord sur le dos puis sur le côté. Elle a trouvé l'impacte d'entrée d'un projectile sous l'aisselle, juste au bord d'un gilet par balle qu'elle découvre en soulevant le pull. Elle étudie rapidement le gilet et désassemble sans ménagement les languettes épaisses en velcro. Du sang partout, très bien, il ne fait pas semblant.
Mada consent à déposer le Glock.
-Elsa, tu le tiens à l’œil, je ne veux pas qu'il meurt! (Trop de questions à lui poser avant!)
Smartphone en main elle appelle précipitamment leur camp pour un brancard et des renforts. Elsa, pendant ce temps, recouvre la plaie d'un spray coagulant et ré-emballe Vapor dans son équipement. Elle déplie de son sac une pochette de fluides qu'elle lui applique impeccablement par perfusion.
Vapor souffre d'une expérience plus inconfortable encore qu'une balle très douloureuse dans le poumon: il est à la merci de Madalyn. Sa frustration est insurmontable. Comme leurs regards se croisent, Mada lance:
-Promenade de santé, hein?
Vapor grogne, on ne sait pas trop de quoi. De tout. Madalyn, au contraire, pète la forme d'être en vie avec tant de matériel sous la main. Elle dégaine son appareil photo digital et trotte jusqu'aux morts, qu'elle photographie à profusion pour ses archives personnelles.
Elsa est assise à côté de Vapor dont elle prend le pouls régulièrement. Désenchantée, perplexe, inquiète, elle demande:
-Qu'est-ce que tu fais, Mada?
-Je sauve les preuves, il y a eu meurtre ici.
-Mein Gott... Il va bientôt faire nuit, il fait glacial. On est milieu de la zone 3 et tu photographies des cadavres. Qu'est-ce qu'ils ont dit (au camp)?
-Ils ont dit que la nuit c'était plus sûr pour déplacer un véhicule dans la zone. Donc ils seront là bientôt.
Il fait complètement noir. Ils grelottent. Vapor est de plus en plus calme, allongé sur l'épaule, inconfortable. Sa respiration devenue laborieuse les inquiète. Seul l'écran du téléphone de Madalyn les illumine, qui transmet à leur secouristes les données de leur location.
Après une attente interminable d'un peu moins d'une heure, le murmure d'un véhicule leur parvient. Madalyn s'accroupit:
-C'est not' rescue! ... Ils ont les phares éteints.
Elle agite son écran dans leur vague direction puis répond à un appel téléphonique:
-Allô! Mais oui c'est nous, qu'est-ce que vous attendez? Qu'on meurt tous de froid?!
Une jeep sombre s'approche avec des bruits d'éboulement de gravier et s'arrête à proximité. Une homme et une femme en sortent avec un brancard et des bandeaux à lampe de poche sur le front. Tous ensembles ils rapatrient Vapor sur la banquette arrière, customisée pour cette fonction. La femme, aux allures robustes, se met au volant. Ils font demi-tour comme ils sont venus, avec le moins de lumière possible, en éclairant seulement leur équipement paramédical et les plaies de leur patient.
Madalyn n'en peut plus:
-Je peux lui poser des questions?
L'auxiliaire médical, pompant le sang hors du poumon de Vapor avant qu'il ne s’asphyxie, nie de la tête.
-Quand est-ce que je peux espérer l'interroger?
Il sourit avec embarras, gêné par son insistance:
-Vous êtes pressée? Il faudrait déjà qu'il survive jusqu'au camp.
-Voyiez, je l'ai trouvé sur une scène de meurtre. Son témoignage est important. Si vous voulez mon avis, il est aussi premier suspect.
L’auxiliaire soupire. Mada l'informe, sans avoir l'air de spéculer:
-Vous ne vous rendez pas compte du niveau de cette affaire. Ce mec travaille pour la Peetersien. Il a tué quatre personnes sous nos yeux et il menaçait de nous tuer aussi.
-Ok.
-Alors j'ai BEAUCOUP de questions à lui poser.
Madalyn s'occupe en harcelant la conductrice jusqu'au camp et on doit la séparer de force du brancard pour emmener Vapor en bloc opératoire.
Madalyn, Acte III [Complet]
-Il est mort ce matin.
Madalyn secoue Elsa encore une fois, incrédule, irritée même:
-C'est impossible! T'es vraiment sûre que c'était lui?
Elsa hausse les épaules et Madalyn la pousse hors de son chemin, blasée à l'idée d'avoir perdu son butin. Elle court sous tous les chapiteaux médicaux, pousse tous les rideaux sans demander permission à personne, lit toutes les étiquettes, soulève tous les draps blancs des brancards des décédés laissés au sol, engueule et interroge tout le personnel qui lui passe sous la main. Et elle trouve Vapor en chambre de réanimation, inanimé mais vivant d'après les graphiques de la machine posée à terre à son côté. Mada prend un instant pour féliciter sa bonne étoile, frappant ses mains avec autant de cérémonie que d'appétit journalistique et un grand soupire satisfait: "Resilient motherf*cker, merci, merci, merci..."
Elle réfléchit.
Elle bondit sur le premier infirmier qui passe dans leurs alentours:
-Hey! Quand puis-je espérer voir ce patient se réveiller?
-Pardon?
-J'ai besoin de l'interroger. Quand va-t-il se réveiller?
L'infirmier ne semble pas savoir mais elle insiste tant qu'il examine Vapor avec attention, seulement pour la satisfaire.
Avec la patience d'un prédateur, Madalyn attend. Elle ne laisse personne d'autre approcher et scanne tout ce qui s'intéresse à sa proie. Aux alentours de neuf heures, l'effet des anti-douleurs diminue et Vapor se réveille. Il lui faut un certain temps avant de comprendre où il est mais le visage intense de Mada au-dessus du sien le lui rappelle. Vapor détourne la tête avec une grimace des plus amères qui fait sourire la journaliste:
-Eh bien, je t'en fais de l'effet! T'as l'air content de me voir. Elsa et moi t'avons sauvé la vie. Pas besoin de me remercier!
Baissant la voix, elle tend son appareil photo au-dessus de lui, présentant un zoom sur les visages des hommes tués la veille:
-Qui sont ces gens?
Vapor s'efforce de l'ignorer ou de tourner la tête à l'opposé des photos, mais pas moyen de faire semblant de dormir. La douleur reprend possession de sa poitrine au point de lui rendre la respiration difficile, comme la veille. Le petit jeu de Madalyn prend rapidement la forme d'une torture.
-Je crève de mal... Fous-moi la paix.
-Regarde la photo! Tu me dis qui c'est et je te laisse tranquille. Ils font partie de la Fraternité ? Pourquoi tu les as liquidés ?
-Je sais pas. Dégage.
-C'est un aveux ?
-Je ne sais pas de quoi tu parles et ne t'appuies pas sur moi, putain!!
La commotion de leur lutte accélère son rythme cardiaque comme indiqué sur la machine. Mada s'écarte. Vapor est à bout de souffle et constate qu'il est incapable de protester autrement qu'en chuchotant. Respirer plus fort lui déchire la poitrine. Il s'efforce de retrouver un état stable ou moins pénible et Mada lui accorde quelques minutes de repos par crainte qu'il s'évanouisse. Il était devenu très pâle un instant. Vapor entre cette information dans ses calculs : s'évanouir est une option.
Une assistante s'empresse dans les environs, attirée par leur agitation:
-Qu'est-ce que vous faites ici? C'est un espace de repos.
Madalyn devine par l'énergie qu’émane sa stature que cette femme ne va pas se laisser duper. Elle dégaine son multi-passe de journaliste:
-J'ai bien peur que ce ne soit une affaire de sécurité nationale.
-J'ai bien peur que vous n'ayez rien à faire ici. Je vous demande de sortir, madame.
-Vous avez entendu parler de la P.?
-Sortez immédiatement!
Madalyn cède le terrain pour le moment. Elle s'installe à la cafétéria, une tasse de café sous la main et le portable ouvert sur une douzaine de pages Google. Personne sur place ne semble vouloir avouer la présence de la Peetersien sur le terrain. Elle n'a pas un seul doute sur la question mais il lui faut des preuves. Des preuves blatantes, TV-friendly. Du gros. Identifier Vapor serait une piste mais elle n'a rien sur lui. Même au registre de l'hôpital de fortune, un X remplace son prénom et un numéro son nom de famille. Elle n'a que les quatre noms de ses victimes, sur qui elle ne trouve rien ou presque. Iliyah B. Stanislas U.
Elle triture entre ses doigts le couteau replié. C'est son unique piste et jusqu'ici, elle n'a rien donné. Sur le manche en bois se dessine l'emblème d'un ours et d'un corbeau surmontés d'une lettre ornementée qu'elle a du mal à déchiffrer. Peut-être un ''Z'', joli mais pas très utile. Elle ne sait même pas où commencer.
Une heure, même deux, s'écoulent sur son écran d'ordinateur. Sa chaise en plastique n'a rien de confortable et la tente est parcourue de courants d'air glacés.
Elle va se chercher un autre café. Lorsqu'elle retourne s'asseoir, un homme assez large et gras se tient à côté de sa chaise inoccupée, le couteau entre les doigts pour l'admirer.
-Hé !
Elle s'empresse de récupérer ce qui lui appartient (pour l'enquête) :
-ça va ? Faites comme chez vous !
L'homme, souffrant de la cinquantaine et d'en-bon-point, s'excuse poliement en lui donnant de l'espace :
-Pardonnez-moi. Je suis curieux. C'est un bel ouvrage. Authentique... Vous appartient-il ?
-Un héritage de famille. Maintenant si vous permettiez...
Elle se rassied en lui lançant un regard noir mais il ne se défait pas, quoi qu'un peu intimidé. Il demeure à quelques pas mais ne la quitte pas des yeux. Comme elle attend, il parle :
-Je ne vous aurais pas typée comme une native de Sovat.
-Sovat ?
-Cette armoirie sur le manche, c'est le ''Z'' de Zabrov. Une famille Tsmane, bien implantée à Sovat. J'en tire que vous n'êtes pas une Zabrov.
Madalyn décide de lui accorder son attention et se relève pour lui tendre la main :
-En effet. Je suis Mada'.
-Benoît Jet. Enchanté.
Il lui serre la pince fermement. La main est un peu moite et douce.
-Vous ne m'en voudrez pas si je vous demande la raison de votre présence sur le champ de bataille ? Demande Mada, pertinente.
-Pas du tout. Je suis venu pour des raisons personnelles, voyez-vous... J'écris un livre que j'ai besoin de documenter. Moi aussi, je fais des recherches (hochement de tête vers son écran encombrées de registres et d'armoiries). Ne vous offusquez pas si je vous demande où vous avez trouvé ce couteau...
Elle ferme prestement son ordi en deux :
-Je vous l'ai dit, un héritage de famille.
-Est-il en vie... ?
L'insistance froide qu'exhument ses mots déroute Mada. Elle inspecte ce monsieur Jet sous un nouvel angle et après un bref silence, lui indique de la suivre.
Vapor est endormi ou inconscient lorsque lui viennent ses deux visiteurs. Toute la personne de Benoît Jet se transforme lorsqu'il reconnaît l'homme étendu sur la couchette d'hôpital. Ses traits se durcissent comme du ciment pris. Sa posture s'agrandit, ses mains se croisent dans son dos et tout son corps fait silence. Mada ne peut s'empêcher de prendre part à cette révérence dont la nature lui en encore inconnue. Elle tuerait pour entendre Jet s'expliquer mais, au lieu de le pousser trop tôt, se contente de presser la touche d'enregistrement du micro de sa tablette. Lorsque l'homme lui semble mûr, elle demande, funèbre :
-Cet homme est de votre famille ?
-Non, répond Jet sans hésiter. Et il ajoute, avec ce que Mada identifie comme une pointe de mépris ou bien plus: « Il s'appelle Tom Zabrov. »
Madalyn jubile, masquant avec peine son triomphe. Et il se passe ensuite quelque chose d'extraordinaire : Monsieur Jet, comme s'il savait que Madalyn enregistrait leur conversation, lui raconte son histoire. La voix claire, les mots sûrs, il dit :
-Il y a neuf années de ça... J'ai reçu un appel. Janet est à l'hôpital, m'ont-ils dit. « Elle a été agressée. » Ses amis et elles s'étaient rendu tard au cinéma. Janet sortait depuis deux jours avec un gars dont elle ne nous avait rien dit. Un garçon plus âgé. Un beau gosse, bad boy, avec un accent, comme elle me l'a décrit par après. Cette nuit-là il l'avait invitée dans les toilettes du cinéma pour lui faire des avances et pour faire l'amour. Ma fille l'a refusé, avouant n'avoir en réalité que 16 ans. Elle avait dit 18 deux jours auparavant. Le courtisan est alors devenu violent. Il l'a bousculée, insultée, rouée de coups et mutilée au couteau. Quand j'ai trouvée ma fille à l'hôpital, elle était inconsciente. Deux phalanges coupées à sa main droite qu'elle a tendue pour se défendre. Une partie de sa joue, manquante. Une hanche fissurée. Vingt-huit points de sutures sur le visage...
-... Je suis vraiment désolée...
-Il a détruit notre famille. Lorsque nous avons pu l'identifier, il était trop tard. Il avait pris la fuite, engagé de façon expéditive chez la Blackmail avant que l'on ai pu ouvrir un dossier. Légalement, Tom Zabrov n'existe plus. C'est un fantôme qui a défiguré ma fille... Ou devrais-je dire qu'il s'est évaporé ?
Benoît ricane sans joie, la machoire en avant.
-L'a-t-il violée ? S'enquiert Mada.
-Non. Mais je crains qu'il ne se soit pas arrêté à Janet.
-Pouvez-vous certifier que cet homme gisant ici est Tom Zabrov, l'aggresseur de votre fille ?
-Janet et mois avons fait faire un portrait robot. En remontant ses traces j'ai fini par retrouver la Blackmail, une fois, à Tchatchin et je l'ai trouvé. J'ai ramené les photos à ma fille, et elle a pu confirmer. Le couteau que vous avez, est celui même qui a lacéré la joue de Janet.
-Pourriez-vous me transmettre ces photos ? Janet accèpterait-elle une interview ? Son témoignage serait très important pour exposer ce criminel.
-Non. Janet a eu beaucoup de mal à reconstruire sa vie et se passerait bien de revivre les événements.
Sa réponse est un trop sèche au goût de Mada et elle sent que quelque chose cloche mais ne préfère pas mettre en péril ce témoignage exquis au détriment de Vapor. Elle se contente donc d'acquiéser :
-Je comprends parfaitement.
-De plus, et tant que Zabrov est sous la protection de la Peetersien, il est inexistant. On ne traîne pas une silhouette évaporée devant la justice.
Elle pause l'enregistrement ici:
-Vous avez un plan, Benoît ?
-Assez de bruit pour convaincre la Peetersien de lui retirer son uniforme noir, dit-il en la regardant intensément dans les yeux.
Mada soutient son regard et lui tend la main :
-Je suis avec vous.
Il la lui serre à nouveau, d'une paume plus moite et plus sûre que jamais.
-Mais à une condition, ajoute Mada, stratégique.
-Oui ?
-Je veux les photos que vous avez prises, vos dossiers sur Zabrov et un numéro valide pour Janet.
L'attention de Jet est détraquée vers l'infirmière féroce qui s'approche. Il inspire un grand coup et s'empresse de conclure :
-Très bien. Vous les avez... Retrouvez-moi au café ce soir, à 20h. Je vous amène tout ce que j'ai.
Madalyn ne revient visiter sur premier suspect qu'à la nuit tombée afin de permettre au personnel de baisser la garde et le trouve au même endroit. L'assistante n'est pas là mais à sa place se trouve un soldat bien armé, gardant le pied du lit. "Eh ben ça c'est le toupet, chuchote Mada à distance raisonnable. Elle allait faire demi-tour mais se cogne à un monsieur en uniforme d'officier qui s'excuse le premier:
-Excusez-moi.
-Pardon!
-Puis-je vous aider?
Madalyn réfléchit vite: - Oui, je vous cherchais monsieur... (Un coup d’œil à son badge) Lewitt.
-Vous me cherchiez? (Il sourit) Et vous êtes...?
-Madalyn M. (elle agite brièvement son propre badge sous son nez). C'est au sujet de ce patient. Il est ici par mes soins, une drôle d'histoire.
Il semble intéressé, elle continue:
-Vous devez vous rappelez le groupe d'otages libérés ultérieurement? Que l'armée n'a pas pu aider? J'en faisais partie.
-Je ne vous suis pas très bien.
-Nous avons été sauvés par la P. ça vous rappelle quelque chose?
-Hmmm, non! Répond-il d'un sourire innocement intrigué.
-Pardonnez-moi mais vous n'avez l'air très au courant. Bref cet homme faisait partie des gars en uniformes de la P. qui nous ont récupérés puis reconduits ici-même. Hier soir ma collocataire de tente et moi l'avons croisé dans la zone 3 après avoir entendu des coups de feu. Il a assassiné quatre rebelles sous nos yeux.
Il l'interrompt poliment:
-Ralentissez un peu je vous prie... Vous êtes en train de me dire que ce prisonnier n'est pas un rebelle?
-Je ne veux pas spéculer, simplement vous informer des éléments que je possède. Ce "rebelle" comme vous dites, est un mercenaire de la Peetersien et vous amène à l'occasion des otages trop difficiles à dépatouiller. En d'autres mots, pouvons-nous confirmer la présence de la Peetersien sur le terrain et le fait qu'elle s'approprie certaines missions autrement prises en charge par l'armée?
Officier Lewitt bafouille quelques secondes et dit:
-Attendez, je n'ai connaissance d'aucune mission de sauvetage déléguée à qui que ce soit. Et je vois très bien de quel groupe vous parlez, vous êtes revenue le 15, un groupe de 8, est-ce correct?
-Oui, c'était bien mon groupe.
-Je suis navré de vous le dire mais le rapport ne fait aucune mention d'un groupe d'intervention particulier.
C'est au tour de Mada de se taire avec stupéfaction, ébahie moins par la nouvelle que par le contrôle que Lewitt recouvre en lisant sa stupeur. Il continue en riant:
-Vous semblez bafouée mais, aucun des témoins n'a parlé de la « Peetersien ».
-Je suis témoin. Vous n'avez pas demandé aux personnes munies d'yeux.
-Vous semblez certaine. Avez-vous des preuves de leur présence?
Elle pointe vers la couchette:
-Ce mercenaire se fait appeler Vapor. Lui et un autre, dénommé Vénia, nous ont sauvés ce jour-là. Ils ont tués les rebelles qui nous tenaient prisonniers. J'ai vus leurs visages, nous avons conversé. Ils ont déclaré eux-mêmes appartenir à la Peetersien. Leurs uniformes étaient noirs avec un "P.", leurs véhicules ne portaient pas d'immatriculation.
-Enregistrement vocal, photos, vidéos... ?
-Non. Les rebelles m'ont dépouillée de ma première tablette ce jour-là. Mais j'ai les meurtres des quatre rebelles d'hier sous vidéo...
Elle le sent fléchir sur cette dernière info.
-Vous allez devoir déposer ça devant un officier.
-Bien sûr, à quelle adresse ?
Madalyn sort la tablette de sa poche de sa poche et caresse l'écran, qui ouvre l'application de son enregistrement et signe du bout du doigt. Elle attend. Lewitt lui récite de bon cœur l'adresse d'envoi des enregistrements rapides:
-98619801.
-Vous avez bonne mémoire, Sergent Lewitt. Votre prénom ?
-Bryan.
Madalyn fait mine de farfouiller quelques instants dans ses dossiers puis claque la langue avec une irritation feinte à la perfection :
-C'est pas croyable ça. Pas moyen de retrouver ce .mov.
Comme le fichier ne vient pas, Lewitt s'impatiente.
-Je suis vraiment désolée, s'excuse Mada. Je pensais l'avoir sous la main, là, écoutez... J'ai dû le perdre.
Le soulagement de l'officier est visible et Mada en prend note d'un reniflement victorieux. (Tu ne perds rien pour attendre, Bryan Lewitt !)
-Quelle tête en l'air je fais ! Je suis vraiment désolée, sergent. Je vous ai accaparé pour rien.
-Ne vous embêtez pas, Madalyn, répond l'officier et se défait de la journaliste gracieusement.
Lewitt s'éloigne en direction de Vapor et Madalyn dans la direction opposée. L'air de rien, elle s'efface avec habilité derrière le premier rideau abandonné à la pénombre. Elle oriente intensément toutes ses oreilles vers l'officier qui, au son des pas, s'est arrêté près de Vapor. Et elle attend, car ils ne se parlent pas et quand Lewitt ouvre enfin la parole c'est dans une autre langue et Mada s'aperçoit vite qu'il est au téléphone. Elle ne comprend pas un mot du monologue, qui lui semble germanique, mais elle a le bon réflexe d'enregistrer ce qu'elle peut avec son propre téléphone, vidéo un peu floue en prime. La vidéo risque d'être sombre mais si c'est du Resch ou autre, Elsa pourra le lui traduire à son retour.
Vapor. Acte V (?). Un Verre à l'Amitié. [Complet]
Il est seulement 3 heures de l'après-midi et ça sent déjà la poudre et les douilles brûlantes en train de refroidir. Venia trottine avec une raide neutralité, nuque tendue et yeux baissés chassants les débris devant ses pieds. Il se baisse machinalement sous les fenêtres Est de la ruine industrielle que Vapor lui fait visiter. Il commence à les connaître, ces usines de textiles éventrées et ces orphelinats déserts, passablement identiques.
Par réflexe,Venia s'accroupit derrière Vapor qui se pose, mais la pièce est dépourvue de fenêtre, il n'y a pas besoin de se planquer. Vapor cale son arme automatique contre le mur effrité et s'étire comme une panthère. Il ronronne aussi tranquille qu'un chat sur un fauteuil de salon. Un énorme chat:
-Ici, c'est parfait.
-J'aime jamais quand tu dis ça.
Vapor le regarde du coin de ses coudes levés derrière sa tête, indifférent et presque sympathique. Il souffle, flegmatique:
-Je sais. Appelle Isaiah. On a besoin de lui ici, dépêche-toi. Et dis-lui de se grouiller.
Venia l'épie sans obéir trop vite, pensif à côté de son supérieur qui largue sa veste dans un coin de la pièce, roulant des bras massifs sous un T-shirt noir qui souligne sa silhouette de prédateur. Ce dernier s'étant débarrassé de son oreillette, il pose une bouteille d'alcool à ses pieds. Des mots échappent de la bouche de Vénia, qui n'a toujours pas obéi:
-On fête quelque chose?
Le félin se redresse avec le sourire ravi de celui qui prépare une surprise, amusé comme un enfant:
-La guerre. Et toi, tu sais plus te servir d'un micro?
Venia rit:
-Sans déc', tu fêtes quoi?
-Je t'ai dit d'appeler Isaiah, me fais pas répéter.
-C'est gentil de m'inviter...
Vapor s'allume une cigarette, hautain dans son indifférence et par l'absence de tonalité dans sa voix. Venia se tait, se tenant à distance, un sourire mitigé collé au visage. Sentant sa méfiance, Vapor le fixe des yeux mais n'en fait rien. Il ne craint rien de son petit camarade de sortie et son attitude transpire le dédain, ce qui ne rassure pas Vénia. Il lui lance, soufflant un nuage amer dans sa direction:
-De quoi tu as peur, rookie?
Venia expire un rire bref et nerveux:
-Rien!
Il ajoute après un blanc gênant:
-Je sais juste pas pourquoi tu sors le champagne!
-T'emballes pas, c'est que de la vodka. Tu peux me dire, si t'aimes pas.
-Ah bon. Je reconnais pas la bouteille.
Il n'en dit pas plus, mais ses doigts trahissent sa tension. Vapor rappelle de sa tiédeur détachée:
-Tu as appelé Isaiah...?
-Immédiatement.
Un instant s'écoule durant lequel Vénia remue les pieds avec un doigts sur l'oreillette et discutant de la disponibilité de leur invité, la vigilance reptilienne de Vapor fixée sur lui.
Enfin, la pièce devient silencieuse et Vapor demande:
-Tu vas commencer à me faire répéter trois fois avant de faire ce que je t'ordonne, c'est nouveau?
-Pardon, je savais pas que c'était un ordre.
-Tout ce que je dis est un ordre.
-C'est plus clair comme ça.
-ça a toujours été clair.
Vénia s'intéresse obstinément à ses bottes pendant quelques minutes. Puis Vapor s'impatiente:
-Il est où?
-Qui?
Vénia porte la main à son oreillette, alarmé par le regard subitement fluorescent et furieux de la panthère. Il vérifie tout haut la progression d'Isaiah:
-Heu, t'es bientôt là? … (à Vapor) Il arrive, il est tout près.
-Bien. À partir de maintenant, ferme ta gueule.
Venia se tait, appréhensif. Toute trace de sourire l'a quitté. Ce rendez-vous n'a aucun sens, il le sait. Quelque chose cloche radicalement. Il ne sait que faire des secondes qui défilent devant lui, coulant vers ce qu'il a déjà découvert au fond de sa tête et qui lui donne le vertige.
Il dit:
-Vape', pourquoi je suis toujours invité à tes trucs?
-C'est la question la plus intelligente que t'as jamais posée.
Vénia regarde la panthère dans les yeux et la surprend à rigoler chaleureusement, très amusée. Cette réaction le glace d'effroi. Il note que Vapor n'a apporté qu'un seul verre, assez grand.
Puis les pas d'Isaiah résonnent dans le hall. Sa voix familièrement pincée appelle, avec leur code auquel Vapor répond, fixant Vénia de ses yeux noirs et perçants. Venia est pétrifié.
Isaiah entre, arme sous le coude, d'abord méfiant comme il est de coutume aux alentours de ces ruines. Son front se plisse à la vue de Vapor dont la présence le surprend, il ne s'attendait qu'à rencontrer un bénin camarade.
-Vapor...
-Salut, toi.
Venia n'a pas un geste, paralysé, les yeux fixés sur Isaiah. Il essaye de contenir un rire idiot en remarquant:
-Oh, tu es venu.
-Ben oui, tu m'as appelé. Vous aviez besoin de moi?
-On t'a trouvé une planque parfaite pour le tir.
Vapor montre le mur sans fenêtre d'un bras, ramassant de l'autre la bouteille d'allure inoffensive dont il dévisse le bouchon sans se presser, comme s'il allait y boire:
-C'est tranquille, t'en penses quoi?
Isaiah ne prend même pas la peine d'examiner la pièce parfaitement close, concerné par les intensions de Vapor. Il dit, glacé:
-Tu me prends vraiment pour de la merde, c'est dingue.
Vapor semble surpris, clope au bec:
-T'es difficile.
Isaiah s'avance dans la pièce derrière Venia, soupçonneux et interrogatif. Il note l'automatique de Vapor adossé au mur, hors d'atteinte des mains de son propriétaire, ce qui diminue son inquiétude. Il demande, un peu plus agressif:
-C'est quoi votre délire, exactement?
Vapor claque la langue, charismatique:
-Tu n'as pas d'humour Isaiah. Pose ton flingue, on se fait une petite fête ici.
Il verse généreusement le contenu de sa bouteille dans son unique récipient tandis qu'Isaiah consent à pendre son arme à une protubérance abîmée du mur.
-Je t'offre un verre?
-ça dépend, qu'est-ce que tu sers?
Lorsqu'il s'est éloigné de quelques pas de ses armes, Vapor jette simplement le contenu du verre sur la poitrine de son invité, aspergeant le bas de son visage d'un liquide lourd et jaunâtre. Isaiah reste coi, bras et yeux ouverts, surpris par la bouffée écœurante de l'essence dont on vient de le recouvrir. La cigarette de Vapor quitte ses lèvres pour suivre une trajectoire similaire, enflammant dans une bourrasque sinistre les mains et l'uniforme du beau soldat blond transformé en torche.
La journée a été longue. Vénia n'a pas pu rentrer directement à la base, dispersé par une unité de militaires Eusch patrouillant inhabituellement le secteur. Il n'arrive qu'à la nuit tombée au bordel après avoir repris le contact avec Hoel, l'ayant entendu plus tôt réprimander Vapor pour avoir coupé son oreillette trop longtemps.
Il entre dans la salle d'attente transformée en cantine, hagard et pantelant, confus. Il marche avec lenteur jusqu'au bar, visant des yeux le premier tabouret qui se propose à lui, croisant Vicious sans le remarquer qui vient de laisser la serveuse tranquille. Ce dernier ralentit à hauteur de Vénia pour l'observer avec une irrespectueuse intensité, comme examinant un objet, lançant:
-Fais voir ta tête? T'en fais une belle, tiens!
Il s'éloigne en riant, d'un pas rapide et brutal, pareil à son caractère. Vénia ne réagit qu'intérieurement à cette intervention qui n'a fait qu'aggraver sa perplexité et s'assied presque en manquant le tabouret. Il ancre au comptoir ses mains qui tremblent convulsivement.
05:37 - 10 nov. 2015
Ce fiasco sanglant était un gros dérapage de la part des Peets. Une bourde d'abord d'avoir placés Villainy et Simon ensembles: ils ne fonctionnent pas bien et sont chacun blessés, donc plus facilement compromis. Cette bourde doit être attribuée à Volk.
Volk est un commandant en second, il travaille avec Hoel. Il aurait dû connaître ses hommes par coeur et éviter facilement cette situation en plaçant quelqu'un d'autre avec Simon. Mais Volk n'apparaît que tard dans le récit et simultanément on n'a pas vu Hausman depuis un moment.
Je pense que l'on peut donc assumer qu'Hausman est absent, (déplacé pour du travail dans l'équipe B, C ou D, par exemple) et que Volk le remplace mais que Volk ne commande pas l'équipe A habituellement, qu'il est moins familier avec les hommes de Hoel et ne connaît pas bien encore Madame Sofia, Alexei et Sergei. Il ne sait pas non plus qui est Lucia ni combien de fois elle est sortie (à part une, lorsqu'on rencontre VOlk la première fois).
Volk a donc envoyé Villainy et Simon garder les locaux par erreur, sans savoir que Villainy dépasserait Simon en hiérarchie pour abuser des prisonniers et faire monter la pression (et faire péter Alexeï par conséquent).
Simon est négligeant ou manque de perception et a commis de graves erreurs en face d'Alexei résiltant en la mort de ce dernier.
Les conséquences de ce drame sont celles-ci:
Villainy est en état critique, Simon est probablement retiré de l'équipe (temporairement ou non, peut-être sous examen) et Volk a la mort de deux prisonniers sur la conscience. Il a sans doute perdu la confiance de Hoel et d'Hausman.
Hausman revient en urgence pour investiguer. (C'est lui qui fait les Relations Humaines, lui qui fait les équipes habituellement).
Ils ont un problème maintenant. Il y a des "casualties" à leur entreprise, en plus d'avoir maltraité leurs "hosts" locaux. Il faut se rendre compte qu'à partir de ce moment, plus personne ne peut quitter l'établissement de Madame Sofia. Toutes sont témoins des faits compromettants et doivent être mises au silence (par corruption ou exécution). Je pense qu'il est bon d'assumer que Hausman va pencher pour la corruption en premier, en offrant des dédommagements aux femmes en échange de leur silence. Hoel considèrerait aussi bien l'un que l'autre mais il écouterait d'abord Hausman, qui parle mieux.
Cela va sans dire qu'il est devenu très improbable que Lucia puisse quitter les lieux à nouveau, à moins que Vapor et/ou Vassili n'interviennent en contre-quarrant leurs supérieurs.
Mais à posteriori je trouve que la fin de cet acte devrait se dérouler sans l'intervention de Vassili.
03:11 - 12 nov. 2015
Merci d'avoir tout transféré, Cassi!
Alors effectivement il nous manque un titre pour le dernier Acte posté. Il y a un détail que l'on a oublié dans cet acte (et puis dans le brouillon du suivant) c'est que Lucia a toujours son couteau dans sa botte! Pas un détail de mince importance, je trouve.
On devrait peut-être le revisiter un peu, ce dernier Acte.
10:09 - 14 nov. 2015
J'ai retravaillé ce passage. Il me plaît beaucoup maintenant.
Vapor. Acte IV. [Complet]
Leur promenade s'achève au croisement d'un boulevard détruit et d'une avenue penchée sur la rive du fleuve gelé. La moitié des lampadaires Art Nouveau sont couchés dans des morceaux d'asphalte arrachés à la rue par des obus qui ne tombent plus sur Pulchratek depuis le mois de Mai. Stanislas s'arrête sur deux pièces de trottoir superposés comme des crêpes et s'apprête à critiquer le retard de leur agent sur les lieux, mais une balle au travers de l'aorte l'arrête net. Vapor a sorti sans bruit le Glock 18 automatique de sous son pull: ses compagnons confus n'ont pas le temps de réagir et s'entassent au sol à leur tour, chacun leur trou béant au travers du cou ou de la tête. Une seconde volée de balles les secoue pour terminer le travail.
Après avoir laborieusement traîné les corps vers la glace,Vapor s'arrête pour fumer. Sa détente est de courte durée, interrompue par des voix au loin. Il expire la fumée mélangée à sa respiration condensée par le froid et abandonne son mégot, longeant les murs en direction des intrus qu'il ne tarde pas à découvrir à une centaine de mètres de là: deux femmes. Bruyantes comme des touristes. Il les situe sur les quais bien avant qu'elles ne soient au courant de sa présence. Sont-elles complètement insouciantes du danger? Pourquoi se dirigeraient-elles vers la provenance de coups de feu? "Idiotes." chuchote Vapor pour lui-même mais il devient apparent que les deux jeunes femmes se dirigent intentionnellement dans sa direction. Tandis qu'elles approchent sans le voir, Vapor détaille la grande blonde qui semble mal à l'aise, son sac en bandoulière, leurs sacoches contenant des appareils digitaux et la rousse en blouse de cuir qui semble mener la marche, un GPS à la main. Il reconnaît cette dernière comme arrogante à la langue bien pendue, la forte tête qu'ils avaient libérée quelques semaines auparavant. Aucun doute, celle-là est en quête d'embrouilles. Elle n'est pas venue par hasard et, connaissant ce genre de filles, elle est probablement armée. Un Tazer, un Pepperspray? Un FN57 ne le surprendrait pas. Il décide de les attendre derrière une pile de pneux entassés, dégageant dans la neige fraîche une ouverture de tire. C'est l'occasion rêvée de faire taire cette machine à commérages et sa compagne dont il n'a que faire.
Son plan se serait déroulé sans accrot si un quatrième homme ne s'était approché en provenance du boulevard. D'un bon rapide, il se glisse de l'autre côté du coin de mur branlant : préférant se dissimuler à l'intrus potentiellement armé au risque de révéler sa présence aux femmes.
Elsa et Madalyn sont aux aguets. L'idée de se déplacer dans la zone 3 sans escorte et de se diriger, en plus, vers des tirs contrarie toutes les règles de survie qu'elles ont apprises depuis leur arrivée en zone de guerre. Mais Mada est têtue. Anxieuse, Elsa murmure avec insistance et avec un accent:
-Mada, faisons demi-tour, je t'en prie, ça sent la poudre. On pourrait se faire tirer dessus !
-Chhht, Elsa. Fais pas de bruit!
Les deux femmes s'accroupissent à l'abris de quelques crêpes de béton, surprises lorsque un homme sans uniforme se déplace arme au poing et à découvert, à une cinquantaine de mètres devant elles comme si de rien n'était. Lentement, précautionneusement, Madalyn extrait son smartphone qu'elle élève par-dessus les débris, tâchant de ne pas trop trembler de froid et d'excitation. Le petit son optimiste de l'appareil indiquant le début d'un enregistrement vidéo surprend Elsa :
-Qu'est-ce que tu fais ?
-Je sauve les preuves. Il y a probablement eu meurtre, Elsa, des coups de feu ? C'était pas pour les murs, non ? C'est même ...
Madalyn plisse ses grands yeux de velour sur la silhouette de chat à distance : le visage lui est familier. Cet homme pourrait-il être un des Peets présents à leur sauvetage ? Vénia ? Une raison de plus pour filmer ! Elle souffle calmement, pose son poignet sur un morceau de béton glacé (dont elle ignore complètement la température) et s'assure de bien calibrer l'image. Elle ne laisserait pas cette chance filer.
Elle discerne ensuite le deuxième individu en approche. Armé lui aussi et à l'affût. Elle réalise rapidement que les deux hommes sont des ennemis et que le Peets (pour le moment non-identifié) l'a en joue. Le premier est momentanément distrait à la vue des corps flottants encore sur la glace. Le Peets l'a remarqué aussi, il vise. Mada se lève :
-Hé ! Toi-là !!
Les deux hommes sursautent comme des lapins pris dans le seau à carottes. Mais le Peets se trouvait entre sa proie et elle, et la proie l'a repéré. Un échange de coup de feu claque dans l'air froid où les échos sont secs et purs. Un projectile ou deux sifflent près de l'abris bétonné qui protège Mada et sa compagne roulée en boule.
Le dernier venu a décidé d'attaquer sur cet élément de surprise comme l'espérait Mada. Il s'est rué en direction du Peets pour l'avoir à découvert et le frappe d'une balle dans le dos avant que ce dernier n'ait pu répliquer. Sous l'adrénaline, il verse deux autres cartouches sur la poitrine de son ennemi.
Vapor s'est étendu au sol, immobilisé et sous le choc infligé par les trois impactes de balle. Le souffle coupé, face contre terre, il se réanime avec une lenteur à moitié calculée pour extirper son bras droit de sous son corps. Sa main est toujours autour de son arme : bien. Il roule sur lui-même sans geste brusque, se tord le cou et vise entre ses côtes et son coude. BAM !
Pleine tête. Le type s'écroule. Un amateur. Il a eu de la chance ; son gilet par balles, bouillant à plusieurs endroits, lui a évité une mort certaine. Son aisselle gauche lui donne l'impression de coller lorsqu'il s'appuie sur un coude pour se relever. L'effort lui semble prématuré, il pourrait souffler encore quelques minutes sur le givre mais son instinct l'y force. Debout, la tête lui tourne. Il ignore ce signal pour s'approcher du mort encore frais dont un flot de sang turbulent s'échappe du crâne brisé. Iliyah. Un bavard. Il a bien fait.
Regroupant ses forces il saisit le corps d'Iliyah par les chevilles et le traîne vers la rampe de quai, qui se charge elle-même de le rapatrier en bas vers le fleuve. Vapor s'étonne de la fatigue que lui procure cet exercice. Il est encore à bout de souffle et s'appuie au bord de la rampe , pantelant, pour le retrouver. Ses inspirations profondes n'éveillent qu'une douleur aiguë dans sa poitrine. L'odeur du sang ne s'est pas effacée non plus en ajoutant de la distance entre lui et le corps d'Iliyah et une pointe de panique se saisit de lui. Au moins une des balles a dû le toucher. Il renifle, toussote et d'un seul coup la douleur s'intensifie comme une flamme lui sciant les côtes. Sa vision se trouble puis se résume à quelques tâches blanches l'espace de quelques instants.
Une voix féminine :
-Vous c'est Vapor, je me trompe? De la Peetersien. Vous vous rappelez?
Un problème se dessine devant lui sous forme d'un visage flou en contre-plongée. Il reconnaît la voix assurée et rouspillante de la rousse. Il a beaucoup de mal à respirer, comme si elle s'appuyait de tout son poids sur sa poitrine. Pourtant elle est debout, à distance. D'une voix qu'il reconnaît à peine, il croasse :
-Je t'ai jamais vue.
-L'autre c'est Elsa. Elsa est infirmière. Elle peut vous aider. On a entendu des coups de feu et - (elle se redresse en détaillant les trois corps en contrebas, éparpillés sur la glace) Qu'est-ce qui est arrivé à ceux-là?!
Vapor remue un bras en quête de son Glock mais l'arme n'est plus à sa gauche. Une odeur âcre de sang lui donne envie de tousser et il boit la tasse. Sa bouche s'emplit de sang chaud. Un instant il n'a plus accès à l'air et roule sur le côté pour cracher et se dégager la trachée.
-Une hémorragie pulmonaire ! Laisse-moi l'approcher sinon il va se noyer, lance une autre voix fébrile.
-Je t'en prie, fais le point sur ses blessure, offre Madalyn poliement.
S'adressant ensuite à son smartphone, elle appelle des secours :
-Si vous pouviez vous manier le cul, on a un mec qui se noie dans son sang ! Je l'ai trouvé sur une scène de meurtre. Son témoignage est important ! J'ai BEAUCOUP de questions à lui poser !
-Ne pointe pas cette arme comme ça, Mada', tu me fais peur ! S'écrie Elsa en s'affairant sur leur blessé.
Mada détourne l'arme en gardant Vapor à l’œil. Ce dernier ne se soucie plus du contenu de leur conversation, conservant l'oxygène que son poumon droit seul peut lui apporter. Il ne semble pas en état de leur sauter dessus par surprise mais on ne sait jamais. Elsa a trouvé l'impacte d'entrée d'un projectile sous l'aisselle, juste au bord du gilet par balle qu'elle découvre en soulevant le pull. Elle étudie rapidement le gilet et désassemble sans ménagement les languettes épaisses en velcro. Le sang est partout sauf où il faut. Mada consent à déposer le Glock dans son sac à dos.
-Il ne va pas clamser, dis-moi ? S'enquiert-elle.
-Si tu pouvais m'aider ? Mada' ?? Presse ici, ordonne l'infirmière en perdant patience.
Vapor grogne. Elsa recouvre la plaie d'un spray coagulant puis déplie de son sac une pochette de fluides qu'elle lui applique impeccablement par perfusion. Leurs efforts semblent porter fruit et l'hémorragie ralentit au bout de quelques minutes.
-Combien de temps, pour l'escorte ? Demande Elsa.
-Ils ont dit que le nuit c'était plus sûr pour déplacer un véhicule dans la zone. Ils seront la bientôt, répond Mada' avec assurance.
Elsa s'offusque :
-La nuit ! Mada'... Il va mourir de froid s'il ne meurt pas de ses blessures !
-T'es sûre ?
-Qu'est-ce que tu espères ?
Non, non, non, ça ne va pas, ça. Laisser l'hiver s'emparer de ce précieux matériel médiatique ? En prenant soin d'ignorer les risques et les prosternations concernées de l'infirmière, Mada' descend la rampe de bateau sur les fesses puis s'ose de quelques pas sur la surface gelée du fleuve où, s'étant à peu près assurée de la solidité de sa passerelle, elle dérobe les corps frais de leurs anoraks et de leurs blousons. Elle profite de l'occasion et de son rush d'adrénaline pour fouiller les poches en quête de cartes d'identification et les photographie une à une avec soin. Un instant, elle espère également trouver quelque chose sur Vapor : un permis de conduire ? Qui sait . À sa grande déception, il n'a rien d'autre sur lui qu'un couteau de chasse gravé. Elle s'en empare discrètement sous un œil plissé d'Elsa qu'elle se permet d'ignorer.
Une fois leur blessé empacté dans les vestes du mieux que possible, Mada' concentre une immense part de son énergie à tenir Vapor éveillé à coup de claques et de jurons édulcorés. Elle se réjouit de l'entendre grogner de temps en temps, ou même d'entendre les sifflements de sa respiration laborieuse.
Il fait complètement noir. Ils grelottent tous les trois violemment. Vapor est de plus en plus calme, allongé sur l'épaule. Son état les inquiète. Seul l'écran du téléphone de Madalyn les illumine, qui transmet à leur secouristes les données de leur location.
Après une attente interminable d'un peu moins de quarante minutes, le murmure étouffé d'un véhicule leur parvient. Madalyn s'accroupit:
-C'est not' rescue! ... Ils ont les phares éteints.
Elle agite son écran dans leur vague direction puis répond à un appel téléphonique:
-Allô! Oui c'est nous, qu'est-ce que vous attendez? Qu'on meurt tous de froid?!
Une jeep sombre s'approche avec des bruits d'éboulement de gravier et s'arrête à proximité. Un homme et une femme en sortent avec un brancard et des bandeaux à lampe de poche sur le front. Ils rapatrient Vapor sur la banquette arrière, arrangée pour cette fonction. La femme, aux allures robustes, se met au volant. Ils font demi-tour comme ils sont venus, avec le moins de lumière possible, en éclairant seulement leur équipement paramédical et les plaies de leur patient.
-Quand est-ce que je peux espérer l'interroger? Demande Madalyn.
L'auxiliaire médical, pompant le sang hors du poumon de Vapor avant qu'il ne s’asphyxie, nie de la tête.
-J'ai vraiment besoin de son témoignage. Il est suspecté de meurtre et travaille pour la Peetersien.
Elle ajoute sans avoir l'air de spéculer :
-Il a tué quatre personnes sous nos yeux et il menaçait de nous tuer aussi.
Au campement, on doit la séparer de force du brancard pour emmener Vapor en bloc opératoire.
09:49 - 14 déc. 2015
Ok, je me suis décidée à reprendre Vapor, Acte III qu'on avait déjà posté mais que je trouvais nécessaire de remanier. C'est à ton tour de continuer, Cassi. ;) J'espère que ça t'inspire.
Je me demande bien jusqu'où Lucia va garder ce couteau dans sa botte. Jusqu'ici Vapor ne la soupçonne pas d'en avoir un.
Et il va la regarder se déshabiller et se laver. DX
Vapor. Acte III. [Incomplet]
Quand le reste des Peets rentrent de mission ce soir-là, il y a deux sacs noirs à tirettes alignés contre le mur de la cour. Vassili ne reviendra pas avant le lendemain matin mais Vapor, qui a déjà fini sa mission et profité du cargo plutôt que de rentrer seul, descend du camion avec le reste des troupes. Il remarque les sacs et s'en approche, tâte leurs poitrines. Ce sont deux hommes. D'après leur musculature modérée, ce ne sont pas des Peets. Pas de quoi lever les bras au ciel mais il s'empresse de rentrer afin de s'informer de ce qu'il s'est passé. Le rapport de Volk leur confirme que les morts sont les deux chiens de garde des prostituées, dont il ne se rappelle pas les noms. Inconvénient mais pas bien grave. La raison de leur exécution en revanche, est plus fâcheuse puisque Villainy est à l’infirmerie avec un trou au travers de l'estomac.
Vapor souffle dédaigneusement par le nez en imaginant le genre d'incompétence requise pour développer un scénario du genre. Il marche vers la zone de repos organisée aux caves et il est suivi par un grand gaillard aux traits troubles; Vicious. Ce dernier a un visage étrange, un peu fade et brouillé comme s'il avait souffert d'une condition cutanée. Ses cheveux sont incolores et rasés de près, ses yeux bruns sans âme dont les sourcils sont manquants sont un peu tristes et il fait part maladroitement de sa détresse vis-à-vis de l'accident en suivant Vapor aux talons, à la façon d'un compagnon canin.
Villainy n'est pas en état de recevoir des visites. Il est sous perfusion et à peine conscient. Vapor demeure en retrait sans vraiment se formaliser de cette vision mais Vicious s'approche de son ami sans vie et l'interpelle avec insistance. Comme sa pseudo-politesse ne reçoit pas de réaction satisfaisante, il lui enfonce le doigt dans les côtes à répétition, pensant bien faire. L'abus continue jusqu'à ce que le blessé gémisse se débatte en protestant à coups d'insultes à demi formées. Vapor intervient alors:
-Hey! Fous-lui la paix!
Vicious interrompt sa méthode de harcèlement qui a dessiné sur le visage de Villainy un regard de bête sauvage piégée et suit Vapor hors de la pièce.
En retournant dans la salle à manger, Vicious attarde son attention sur quelques soldats occupés sur un projet, auxquels il lance des remarques insultantes. Volk réagit très rapidement à cet afront, un comportement fréquent de Vicious et qui n'est pas forcément malicieux mais automatique. Il lui attribue donc quelque tâche du soir laborieuse à accomplir pour le punir et pour l'occuper, ce à quoi Vicious s'exécute sagement, son visage sans forme affaissé et docile. Vapor s'éloigne sans s'intéresser à cet épisode. Il monte à l'étage et, avant de marcher vers sa chambre, s'arrête instinctivement devant celle de Vassili. Il ne sait pas pourquoi, une intuition. Il tend la main vers la poignée, un déclic, la porte est ouverte. Un problème. Il réalise en entrant que la chambre est vide et fait demi-tour. Un regard bref vers la cellule des filles laissée ouverte et où on nettoie encore. Le sang de Villainy sur le parquet du couloir. Vapor s'approche et lance un coup d’œil à l'intérieur. L'éclaboussure impressionnante qui décore la moitié du mur de droite ne le surprend pas. Son attention effleure à peine les visages livides et exténués des otages, aux rangs desquelles la paysanne ne se trouve pas. Elle doit pourtant être quelque part.
Vapor tourne des talons en ignorant quelques suppliements dans sa langue en provenance des putes en désespoir.
Il arpente lentement le couloir, à l'écoute de ses instincts de prédateur. Ses semelles pausent sur le sang noirci de Villainy et il médite un instant, respire. Ses pas le mènent vers l'escalier, droit devant lui et il monte. à l'étage, Vénia le voit et l'encombre, pressé de lui exprimer sa soumission par des sourires, des blagues et compliments très dispensables. Vapor ne prend pas la peine de regarder cet oméga en face et dont l'attitude inférieure se lit déjà avec clarté dans sa vision périphérique. Il passe, traverse seul quelques pièces inanimées, identifie à distance des containers verrouillés. En arrivant sur le toit il s'arme d'une petite lampe de poche LED pour éclairer la nuit en train de tomber. Il fait glacial et le vent souffle un peu. Dans l'obscurité du soir il distingue les formes anguleuses des fenêtres et une cheminée avec un coin irrégulier sur lequel il pointe sa lampe. Une femme recroquevillée y apparaît, grelotante. Elle est engourdie par le froid, à peine capable de se protéger de la lumière qui lui entre dans les yeux:
-Vassili?
Elle n'attend pas de réponse. La lumière envahissante qui demeure insensiblement pointée sur elle lui indique que son seul ami ne tient pas l'objet, de même que l'absence de réponse. L'attitude secrète, distante et supérieure, n'appartiennent pas à l'homme qui l'a sauvée. Puis elle réalise; la silhouette, la position, la forme des sourcils. La femme pâlit et tremble comme si elle voyait la mort. Vapor sourit:
-Je t'ai trouvée.
Lucia a fait un pas en arrière et son talon frappe le rebord du toit. Alors, elle cherche à se glisser sur le côté. Elle n'aime pas sa position si fragile, presque en suspension au dessus du vide devant l'être le plus abominable qu'elle ait pu connaître. Peut-être va-t-il simplement la pousser. En l'imaginant, elle se voit tomber sans pouvoir se retenir et s'écraser au sol. La frayeur la pousse à s'écarter du muret en contournant son prédateur. Peut-être va-t-il tout bonnement sortir son arme, la pointer vers son thorax et tirer. Terrifiée, elle recule d'un pas, mais se retrouve les deux mains plaquées contre un mur. Vapor est toujours là, devant elle, comme un fauve devant sa proie. Il garde sur ses lèvres son sourire énigmatique et si content de lui.
Elle finit par dire :
-Je prenais l'air.
Vapor acquiesce nonchalamment:
-Je comprends ça.
Il se rapproche de Lucia sans geste brusque, la guidant lentement à l'opposé du vide. Il n'a rien en main mis à part sa lampe de poche et saisit le bras glacial de la femme avec fermeté lorsqu'elle est à portée, presque doucement.
-Voilà, viens avec moi. N'aie pas peur. Vassili revient ce soir, ment-il sans sourciller.
Lucia doit faire un effort surhumain pour se rappeler que sa vie n'a pas d'importance, que son corps n'a plus vraiment de raison d'être. Son fils a tellement grandi et forci depuis qu'ils sont arrivés en ville, qu'il saurait bien se débrouiller sans elle. Alors, les yeux vides, elle fixe le mercenaire. Son corps raidi est devenu mou. Elle l'abandonne aux mains de Vapor qui la pousse vers l'escalier, puis vers les étages sombres devenus des entrepôts.
Le mercenaire promène son aveugle jusqu'au couloir habité par les femmes prisonnières et terrorisées où l'odeur du sang et de la violence règnent encore. La plupart des hommes sont en bas en train de dîner, nourris cette fois par leur propres cuisiniers. Vapor ignore les rires et les conversations animées au rez-de-chaussée et dirige Lucia directement chez Vassili juste à côté de sa propre chambre. Il ferme la porte à clef derrière eux, assied la femme frigorifiée sur le lit sans plus d'égard et la couvre à peu près de la couette double.
Vapor circule autour d'elle en faisant d'autres choses, s'assurant ici et là qu'elle ne tombe pas en hypothermie. Il est allé chercher ses vêtements dans l'autre chambre, a ramené des objets et se douche rapidement dans la salle de bain à côté de Lucia, la porte ouverte pour l'entendre.
Une fois hors de la douche il se rase minutieusement, se laque les cheveux. De beaux vêtements sont posés sur la table. Il se prépare pour une toute autre guerre et demeure devant la glace pendant un certain temps, penché au-dessus du lavabo. Après un silence on l'entend vomir, un ricochet d'objet solide qu'il rince sous l'eau.
Il revient dans la chambre torse nu et saisit son téléphone portable, qu'il empale d'une carte numérique. Il tapote rapidement l'écran tactile sans reflet puis range l'appareil dans une poche de son manteau. De l'autre main il craque la carte en deux entre son pouce et son index et les déchets de la minuscule carte mémoire disparaissent dans la chasse d'eau des toilettes. De temps en temps il jette un coup d’œil à Lucia pour vérifier son état et renifle avec une sorte de dépit.
Elle n'a pas bougé d'un pouce, pas même resserré les pans de la couverture sur elle. Elle écoute les moindres gestes de son gardien et échafaude toutes sortes de scénarios. Mais aucun ne lui convient. Mourant d'envie d'en savoir plus, elle finit par se lever mais n'ose pas se diriger vers la salle de bain. Alors, elle se retrouve debout devant une fenêtre aux volets clos sans pouvoir aller plus loin.
Son mouvement a alerté Vapor qui surgit à moitié nu dans la chambre mais rien dans le comportement de Lucia ne peut laisser craindre une quelconque agression. Elle regarde, inquiète, le long corps athlétique de Vapor qui lui fait face et finit par dire :
-Merci pour la couverture.
Il ne dit rien, perçant Lucia du regard en quête de ses intentions. Il n'a pas un mot de politesse à lui rendre et tout dans son attitude, ses mains fermées semblent dire qu'il ne l'a pas gardée du froid et d'une chute du haut du toit par compassion. Il tourne les talons et finit de s'habiller. Lorsqu'il revient dans la chambre il est vêtu comme un gentleman. Seul son regard noir et nocif ne correspond pas:
-Que faisais-tu sur le toit?
L'homme inspire à Lucia de grands frissons de peur. Sa voix claque comme un coup de fouet et son regard n'inspire que dangers. Elle voudrait répondre qu'elle ne cherchait qu'à fuir le plus loin possible ou qu'elle espérait voir dans la nuit étoilée les amis perdus. Mais elle formule une réponse non préméditée :
-Je suis montée pour avoir froid et voir le noir. La montagne me manque terriblement.
Il hausse un sourcil d'un air moqueur. Il ne croit pas à son explication mais ne lui demande pas de rectifier. Il a d'autres choses en tête:
-Vassili te fait confiance. Moi pas. C'est toi (il pointe vers elle) et ce clown de Mikaïlovitch qui avez rapporté notre présence en face. Mais je te promets que tu ne reverras jamais ton complice.
Le sang se glace dans les veines de Lucia en entendant ces paroles. Elle secoue la tête dans un non muet mais garde les lèvres fermées. Qui est donc Vapor pour connaître ses relations avec Mikaïlovitch et les rebelles ? Pourquoi ne l'a-t-il pas déjà tuée ?
-Que voulez-vous de moi ?
Il marche vers elle puis la regarde de près en silence. Il lui remet les cheveux en place de chaque côté des oreilles, lui dégage doucement le front méthodiquement avant de conclure :
-Tu n'es pas présentable. Vas te laver et te remaquiller.
Dans ses yeux étincelle une méchanceté profonde dont les origines sont lointaines.
18:57 - 17 déc. 2015
Je vais replonger dans notre histoire. Ce Vapor est vraiment sans honneur.