Le sel de la connaissance

L'inconnu se dressait devant eux. C'était justement ça qui était excitant dans le fait de vivre une aventure, on ne savait pas de quoi demain serait fait.
Pour preuve, Zalyna n'avait pas pensé une seule seconde qu'ils croiseraient si vite d'autres voyageurs, et encore moins qu'ils se joindraient à eux. Et parmi eux, un dragon ! La jeune fille avait hâte de le revoir. Elle espérait avoir tout le loisir de l'étudier du regard. Elle était tellement fascinée...

Nayima aussi était fascinante... Si bien que Zalyna s'était fait surprendre quelque fois par l'elfe alors qu'elle l'observait du coin des yeux. A chaque fois, la jeune fille baissa le regard, rouge de honte, sous le regard moqueur d'Onyx.

Ils marchaient depuis quelques heures lorsqu'Onyx s'arrêta brusquement, regardant en arrière, les yeux alertes.
Zalyna revint à sa hauteur et orienta son regard dans la même direction que son cheval, espérant apercevoir ce qui le mettait dans cet état. Elle eut beau plisser les yeux, elle ne vit rien.

Cassiopée et Nayima s'étaient rapprochées, curieuses.

- Qu'y a-t-il mon beau ?

Onyx ne réagissait pas mais la jeune fille arriva à déchiffrer quelques bribes d'informations dans les pensées de l'étalon. Elle avait beaucoup de mal à en saisir le sens exact mais décida tout de même de les partager avec les deux femmes.

- Il a senti une présence dans l'écurie, lors de notre rencontre. Je n'y ai pas prêté grande attention, pensant qu'il s'agissait d'une coïncidence...

Zalyna fronça les sourcils. Elle réfléchissait à toute vitesse.

- A vrai dire, je ne sais pas de quoi il s'agit. Onyx sent les présences, les identifie mais... Nous ne connaissons pas encore grand chose de ce monde...

Elle inspira un grand coup et termina son monologue d'une voix plus claire :

- Cette même présence que la veille est là-bas. Onyx pense qu'il s'agit peut-être d'un elfe. Elle n'est pas seule... Tephra s'y trouve aussi.

Nayima sentait une inquiétude qui n'était pas la sienne frapper ses émotions. La sensation de légères vagues qui venaient la perturber.

Zalyna les informa d'une présence qui semblait les suivre en plus du jeune dragon. Une inquiétude qui lui était propre cette fois fit surface. Ils devaient poursuivre pour rattraper Yulda K'enr mais elle ne pouvait se résoudre à abandonner le dragon au danger. Elle attendit les observations de Zalyna et Onyx, si ce dernier sentait la situation dégénérer, le groupe rebrousserait chemin en espérant qu'il n'était pas trop loin.

Elles décidèrent de se reposer un peu. A l'écart de la route, à l'ombre d'un grand feuillu, elles prirent le temps d'allonger leurs jambes et s'hydrater. Onyx semblait toujours concentré sur un événement au loin. Nayima observa Zalyna. Elles n'avaient pas vraiment eu le temps de faire connaissance et la jeune femme avait rejoint leur quête sans véritablement en connaître les tenants et aboutissements. Simplement parce que son instinct lui ordonnait de suivre ce groupe. C'était peut-être l'occasion d'en savoir plus.

- Qui est cette Yulda K'enr ? Que peut-elle vous apporter ?

Cassiopée avait rechigné à s'arrêter. Avancer lui semblait la seule bonne chose à faire pour rejoindre la grande Errante. Pourtant, elle ne pouvait pas maltraiter Nayima qui lui semblait si fatiguée. Cette elfe l'intriguait. Chaque regard échangé était comme un cadeau qu'elle ne savait pas ouvrir.
Elle avait rassuré ses deux compagnes quant au sort du dragonnet en leur assurant qu'elle avait semé le long du chemin un guide que leur compagnon ne pourrait pas refuser de suivre. Cependant, ce dernier ne se montrait toujours pas et elle commençait à se demander si elle le reverrait un jour.
Ses réflexions se dirigeaient sur une descente rapide vers un grand moment de tristesse quand Nayima la questionna sur le but de leur périple.

- Yulda K'enr est la Grande Errante. Elle est la Marcheuse de l'école de magie de la Racine depuis longtemps... Au moins quinze ans je pense... C'est une Kor inégalée pour résoudre des énigmes comme celles que nous avons en main au sujet de Zalyna.
Cassiopée sourit à sa jeune protégée.
Il nous faut retrouver tes secrets perdus. Ajouta-t-elle avec une moue un peu dubitative. Je pense que les capacités de le Grande Errante à retrouver l'essence présente en toute chose pourrait nous apporter une bonne piste à suivre pour te connaître mieux et retrouver tes origines.

Sur ces derniers mots, Cassiopée se leva d'un bond et les sourcils froncés grogna.

- D'ailleurs, nous devons nous remettre en route, sinon nous allons encore la manquer !

L'appât semble fonctionner, la silhouette caractéristique du dragonnet se profile à l'horizon. L'elfe le voir venir, aperçoit ce museau contrit par la colère de s'être fait subtiliser son futur trésor. Un sourire en coin s'affiche sur son visage, arc bandé et prêt à tirer. Il suffit pour elle d'attendre encore un peu avant que le reptile ne soit à sa portée pour réagir. Il lui fallait être réactive et fin prête à une éventuelle riposte, à un jet de flamme mû par un réflexe défensif qui serait désastreux pour elle.

Elle devait être prête à tirer avant qu'il ne se prépare à cracher. Là est sa seule chance.

Alors elle bondit de sa cachette, une flèche menaçant déjà de fendre l'air de sa pointe d'acier tout droit vers la gorge du saurien ailé. Elle sait qu'elle prend un risque, mais elle sait également ce que recherche par dessus tout ce petit reptile. Elle en a gardé un specimen dans sa poche et compte bien capitaliser sur ce bijou pour approcher ce groupe qui, peut-être, lui apporterait une réponse, des indices, sur sa quête de toute une vie.

- "Un mouvement, et je tire", entame-t-elle le dialogue de la plus crue des manière, fixant de ses yeux vairons le petit dragon, arc braqué sur lui. Elle laisse un léger temps de réflexion, immobile et déterminée, le visage partiellement dissimulé sous sa capuche, avant de continuer sans détourner son regard. "Conduis-moi auprès de tes amis sans discuter, et tu auras une autre de ces perles en récompense, en plus de te laisser la vie sauve."

- Conduis-moi auprès de tes amis sans discuter, et tu auras une autre de ces perles en récompense, en plus de te laisser la vie sauve.

Elles avaient repris la route mais une tension perdurait. D'ailleurs, le groupe avançait plus lentement qu'auparavant, dans le silence, perdus dans leurs pensées.

Onyx attira leur attention à l'arrière. Au loin, deux silhouettes s'approchaient. Le jeune dragon avait réussi à les rattraper mais n'était pas seul et, même à cette distance, Nayima pouvait voir qu'ils n'évoluaient pas de manière amicale. La distance entre les deux étaient étrange, pas assez proche pour supposer une confiance, pas assez grande pour qu'ils avancent comme étranger l'un à l'autre. Non, cette configuration traduisait bien plutôt une méfiance.

La jeune elfe jeta un oeil à Onyx dont les perceptions étaient plus pointues. Il était visiblement nerveux et toutes les trois adoptaient la même tension dans l'attente, scrutant le dragon et son invité.

Onyx scrutait le groupe qui avançait dans leur direction, tendu. Il s'adressa à Zalyna :

" Ils avancent à bonne distance l'un de l'autre pour se tenir prêt à riposter en cas d'éventuel dérapage. Je les sens néanmoins plus calmes que toute à l'heure. Mais ils deviennent de plus en plus tendus au fur et à mesure qu'ils se rapprochent de nous."

Onyx aussi était agité, Cassiopée et Nayima le ressentait également. Une fois que Zalyna eut transmis le message reçu de son cheval par la pensée, ce dernier poursuivit :

" Nous devrions nous apprêter à les accueillir. Lorsqu'ils seront assez proches, l'équilibre entre cette elfe et le dragon sera rompu. Le dragon est notre compagnon et il est très difficile de pouvoir prédire ce que l'elfe fera. Elle est méfiante mais semble également curieuse. C'est peut-être pour cette raison qu'elle a suivi le dragon."

Une fois que Zalyna eut terminé de transmettre le reste du message, le groupe décida d'aborder une posture pacifique, légèrement en retrait de Cassiopée. Cette dernière s'était proposée pour discuter avec les deux arrivants, le choix le plus judicieux selon Zalyna.

Les trois compagnes de route étaient proches de leur but quand Onyx les poussa à s'arrêter. Le roc de la Pitance dominait sur la rousseur des marais. Cependant, la platitude était faussaire de distance et bien que monumental, le roc ne serait atteint que dans quelques heures. Aucune animation n'était sensible de ce côté du plateau. Dans tous les cas, la végétation rouille des grandes herbacées qui longeaient le chemin masquaient tout. Depuis plus d'une heure déjà, elles le suivaient méticuleusement par peur de s'enliser dans les tourbes environnantes.

Cassiopée regarda avec regret le mont de la Pitance quand elles firent halte. Elle ressentait l'inquiétude d'Onyx car elle était sensible aux paroles échangées par télépathie même si elle ne cherchait pas à les entendre.

Sans trop comprendre comment, ni pourquoi, elle se dressa face aux nouveaux venus. Le dragonnet marchait à coté du personnage encapuchonné qui l'accompagnait. Tous étaient méfiants et ils se retrouvèrent bientôt dans un face en face immobile. Chacun des protagonistes prêt à s'élancer contre celui qui aurait l'audace de bouger.

Elle choisit de tenter de réduire la tension.

- Hé bien Tephra, tu en as mis du temps pour nous rejoindre ! Nous avions peur de t'avoir perdu, mais je vois que tu as su suivre notre piste. Tu nous amènes un visiteur ! Peut-être pourrais-tu nous présenter ton compagnon ? Peut-être que ton compagnon pourrait baisser son arc ?

Le dragonnet se déplaça ventre à terre du coté de ses comparses. Instinctivement, il se lova entre leurs mollets, la tête tournée vers l'oreille-de-lynx au visage d'ombre et de lumière.

- Ce n'est pas mon compagnon, c'est plutôt ma (semi)-prisonnière. Baisse ton arme maintenant, moitié-d'éclipse, et rends-moi ma perle.

Il y eut un moment de flottement. Onyx donna un léger coup de sabot sur le sol. Imperceptiblement, une bruit de tension exercé sur une corde d'arc vint lécher l'oreille des protagonistes. Afin de dissiper le malaise, le dragonnet crût bon de rajouter en plus de Cassiopée :

- Et nous ne te ferons pas de mal, il jaugea ses nouveaux amis, pas vrai qu'on ne lui fera pas de mal ?

La question eut le mérite de déclencher des sourire francs.

- Ma foi non. Ni Nayima, ni Zalyna ne semblent être des personnes à faire du mal gratuitement. A moins que cette inconnue ne t'est blessé, et non, la dame des étoiles eut un sourire mi-taquin mi-compréhensif, ton orgueil de dragon, aussi important soit-il, ne compte pas.

La queue de Tephra vint frapper le mollet de Cassiopée avant de suivre son propriétaire, boudeur, du coté de moitié-d'éclipse. Cette dernière avait baissé son arc, bien qu'elle le tînt en main.

- Je veux ma perle.

L'elfe fouilla un instant dans une bourse de cuir, à sa ceinture.

- La voici.

Il y eut un éclat nacré suivi d'un craquement. Ronchon, le dragonnet commença à fendre les herbes de plaine.

- Cette inconnue voulait vous rejoindre pour je-ne-sais-quelle-raison. Remuez vos arrière-trains, vous discuterez de ces frivolités en route.

Cassiopée leva les yeux au ciel tandis que Zalyna pouffait de rire.

- Et depuis quand connais-tu notre destination ? Ou mieux encore, le chemin pour y aller ?

Il y eut un bref crépitement suivi d'une colonne de fumée à quelques mètres au milieu des broussailles.

- J'autorise l'une d'entre vous à venir me conseiller pour que je choisisse la meilleure direction à prendre.

Et c'est ainsi que le petit groupe se remit en marche, une nouvelle arrivante très silencieuse en son sein.

Le groupe s'était accordé sur la base d'une confiance relative sur le fait de ne pas s'attaquer. L'elfe à l'étrange chevelure bicolore ne semblait pas encore d'humeur à expliquer pourquoi elle souhaitait les accompagner mais il n'y avait plus de temps à perdre pour espérer trouver leur guide à temps.
Ils avaient donc repris la route, une elfe tendue et suspicieuse suivant un dragon contrarié depuis qu'il avait réalisé qu'il n'y aurait plus de perles et trois femmes anxieuses de cette étrange configuration et de la peur de ne trouver Yulda K'enr avant qu'elle disparaisse à nouveau.

L'étrange bande avait fini par adopter un bon rythme. La fatigue liée à cette marche rapide avait eu raison des conversations ou même de ces petits émerveillements sur les paysages en cours de route. Ils avançaient tête basse, prenant garde à ne pas trébucher, n'ayant plus que le désir d'arriver rapidement. Concentrés à mettre un pied devant l'autre, ils ne remarquèrent pas immédiatement les cris et bruits de combat.

Dans leur course précipitée pour atteindre les lieux de l'attaque, le groupe resta singulièrement uni. Ce n'est qu'en arrivant à proximité du combat que la semi-elfe se détacha du groupe. L'endroit était un emplacement parfait pour effectuer une embuscade. La roche rouge émergeait du marais pour former un monticule aride et nu. Les pierres s'amoncelaient sur un amas rocheux érodé par les pluies et les violentes différences de température.
Craignant une traîtrise de la part de cette femme étrange qui s'était jointe à eux sans émettre un mot, Cassiopée la suivit tandis que ses amis témoins de sa stratégie poursuivait en ligne directe sur le chemin pour rejoindre les combats.

Mais l'elfe ne fit pas long feu aux yeux de Cassiopée. Elle n'avait pas grimpé vingt mètres qu'elle avait perdu sa trace.
Inquiète, elle s'arrêta. D'où elle se trouvait, elle pouvait voir que trois cavaliers étaient aux prises avec un groupe de bandits qui leur avait coupé la route.
Soudain, une volée de flèches s'abattit sur les voleurs. Sorti de derrière un rocher, elle dévalait l'amas rocheux avec une agilité étonnante. Dans sa course, elle lançait flèche après flèche, si bien que Nayima et Zalyna n'eurent plus qu'à veiller à ce que les bandits ne se relèvent pas.

Elle vit Nayima la cherchant des yeux et lui fit signe, tandis que Zalyna entrait en discussion avec les cavaliers.

Elle s’apprêtait à redescendre de son perchoir quand un grondement sembla sortir de ses tripes, la pliant en deux.

Courir au milieu des flèches, même quand elles visent l'ennemi et semble être d'une précision redoutable, ça n'est pas du tout, mais alors pas du tout rassurant. Nayima devait donc se faire violence pour poursuivre sa course tout en vérifiant qu'aucun bandit ne pourrait se relever.
Finalement, elles n'eurent que peu à faire pour atteindre les cavaliers, reconnaissant de cette aide providentielle.
Assurée que la situation était à nouveau d'une relative sécurité, Nayima laissa soin à Zalyna de converser avec le groupe, pour vérifier que l'étrange elfe et Cassiopée étaient elles-mêmes saines et sauves. Elle ne trouva pas la première qui avait déjà disparu de son poste d'attaque. La Dame lui fit un signe auquel elle répondit avec un sourire qui s'estompa très vite, remplacé par une vive inquiétude.
La jeune femme se précipita vers son amie soudainement pliée en deux tout en priant les dieux que sa blessure ne soit pas trop importante. Elle craignait qu'à tout moment, vacillante, Cassiopée tombe de l'amas rocheux.

Cassiopée n'avait pas pu se relever sous l'assaut qui avait envahi son corps.
Elle avait glissé sur le sol, tétanisée par une foudre intérieure.
Le grondement avait pris naissance dans son ventre tandis qu'un tonnerre zébrait son être de décharges électriques. Cette tempête interne, aussi violente soit-elle avait atteint son cerveau et sa volonté ne lui répondait plus.
Elle dévala la pente, s'engageant sans le vouloir dans une faille verticale et étroite. Elle tombait, guidée par les parois lisses dans un long tunnel qui l’attirait vers le bas. Incapable de seulement voir ou comprendre ce qui lui arrivait.

Au bout d'un long moment, le conduit dans lequel elle descendait, s'arrêta net et elle vint s'écraser au sol au bout d'une chute longue et vertigineuse.

Le sol sableux amortit sa glissade, mais elle ploya sous le choc de l'arrivée et perdit conscience.

Tétanisée, Nayima assista à la réalisation de sa crainte et vit Cassiopée dévaler la pente puis disparaître soudainement. Elle dût se faire violence pour reprendre ses esprits et reprendre sa course pour rejoindre son amie.
La jeune femme avait tenté de garder en mémoire le lieu de la chute, mais une fois arrivée sur place, il lui fut impossible de repérer précisément la zone. De loin, l'amas rocheux cachait habilement toutes ses aspérités alors qu'une fois à portée, ça et là, de nombreux creux et failles se révélaient à mesure qu'elle avançait.

Elle ne cessait d'appeler Cassiopée mais aucune réponse ne venait. L'elfe cherchait toute trace de son amie, tout indice de chute, mais sans succès. Arrivée en haut du monticule de roche, elle sut qu'elle avait nécessairement dépassé la zone de la disparition. Elle se retourna et tenta de se repérer par rapport aux cavaliers encore en discussion au loin avec Zalyna et l'étrange elfe qui les avait rejoint. Ils ne semblaient pas avoir remarqué l'accident.
Prudemment, elle descendit la pente plus abrupte de ce côté, en effectuant quelques zigzags, toujours dans l'objectif de trouver quelques indices de passage.
Occupée à scruter les environs, elle ne remarqua pas un morceau de rocher à l'équilibre incertain. Elle avança sans précaution et, tout son poids porté sur sa jambe délogea la pierre sur laquelle elle venait de mettre un pied. Le mouvement fut si brusque, qu'elle ne tomba à sa suite et disparut à son tour dans un tunnel jusque là obstrué.

Cassiopée n'ouvrit pas tout de suite les yeux. Elle prit tout d'abord conscience de l'odeur de terre qui la pénétrait à chaque aspiration. Elle entendit ensuite le suintement de l'eau qui coulait et les clapotis des gouttes qui doucement atteignaient le sol. Alors elle ouvrit les yeux pour découvrir la grotte dans laquelle elle avait échoué.
Partout la roche humide luisait sous le peu de lumière qui provenait du sommet.
Posant une main sur son ventre, elle constata que la douleur fulgurante qui l'avait foudroyée avait disparu.
Combien de temps était-elle restée inconsciente ?

Elle ne pouvait remonter les longues parois de la cheminée qui l'avait guidée jusqu'à ces bas-fonds.
Alors, elle entreprit de chercher un autre chemin de sortie.

La grotte était bien basse, et elle ne pouvait se redresser. Mais en suivant le chemin de l'eau, elle découvrit un passage salvateur par lequel elle se faufila. Elle n'avait guère plus de place que la largeur de son corps et elle devait ramper dans l'eau froide pour avancer. Ce long tube la mena jusqu'à un espace plus vaste aux parois chargées de fer qui lui piquait l'odorat.

Elle réussit à se mettre debout en portant sa paume à ses lèvres. Elle récita une litanie si souvent murmurée qu'elle ne pouvait l'oublier. Une boule de lumière froide et jaune apparut dans sa main, illuminant son environnement.

La roche rouge formait des concrétions aux reflets dorés qui descendaient du plafond pour rejoindre les stalagmites grimpant en hauts pitons rocheux.
La caverne dans laquelle elle se trouvait était gigantesque.