Les chasseurs d'épaves
par gaba, Redofre, Cassiopée, Alwenn
par Anwenn, Cassiopée, gaba et Redofre
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Les chasseurs d'épaves est un récit narratif commencé sur Ter Aelis 1.5.
Résumé :
Sam Le Goff le forgeron est un bon bougre, tout comme Laouen Lostarbleiz qui aime tant perdre son temps à peaufiner son aéronef. Mais Grav'oc s'est mis en travers de leur chemin, lui et son univers sortis des règles. Tous deux se retrouvent embarqués sur un bateau volé à Avèle Morlord, coincée à bord elle aussi, avec à leur trousse une armada prête à les raser du monde des vivants.
Les auteurs :
Redofre joue Grav'oc, Cassiopée joue Laouen Lostarbleiz, gaba joue Sam Le Goff et
Anwenn joue Avèle Morlord.
Couleurs des dialogues :
Sam Le Goff : #ffff00
Laouen Lostarbleiz: tan
Grav'oc : #00ff00
Avèle Morlord : #E9383F
01:50 - 11 déc. 2015
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gaba
Cassiopée
La.Louve.des.Cerises
gaba
Redofre
Cassiopée
Redofre
gaba
Redofre
Cassiopée
gaba
Redofre
Cassiopée
Redofre
gaba
Cassiopée
Redofre
gaba
Redofre
Cassiopée
15:17 - 20 déc. 2015
Avèle était descendue dans la cale du Lieutenant Delhia. Un navire d'une magnifique facture sur lequel l'inventrice était parfaitement à l'aise. Le capitaine avait baptisé ainsi son vaisseau en souvenir de sa mère décédée en mission. La jeune femme attendait le retour des marchands. Elle jetait un œil aux marchandises restées à bord. Elle avait déjà vogué sur ce bateau par le passé. Se sentant en totale sécurité, elle venait négocier un transport pour des métaux afin de poursuivre ses inventions.
Elle sentit le bateau tanguer et entendit les voiles se déplier. La surprise la fit tomber. Jamais le capitaine quitterait le port sans être venu la chercher avant. Elle se relevait péniblement. Elle s'avançait avec prudence entendant des voix qu'elle ne connaissait pas. Elle aperçu des silhouettes qui s'activaient à la manœuvre. La logique ne fit qu'un tour dans sa tête. On était en train de voler le Lieutenant Delhia avec elle à son bord.
Avèle, écarquillait les yeux. son esprit envisageait les pires situations. Pour l'instant, le bateau bougeait trop pour qu'elle puisse remonter sur le pont. Elle s'imaginait déjà s'enfuyant à la nage mais elle était bien incapable de nager. Elle maudissait la fragilité de ses jambes et sa santé. Elle accrocha le bas dans sa robe beige clair dans une barrique qui se renversa alors faisant un bruit de tout les diables.
Elle se hâtait alors dans la cale cherchant en vain un endroit où se cacher. Avec le bruit de la barrique tombée, les malfrats ne pouvaient plus ignorer sa présence.
23:37 - 20 déc. 2015
Accoudé au bastingage, à la proue d'un navire sortant tout juste du port, Sam réfléchissait intensément à sa toute nouvelle et probablement précaire situation.
Il avait conscience de ne pas en être maître et ne savait pas quoi faire avec tout ces événements. Alors il observait en attendant, en quête d'éléments d'information qui lui indiqueraient quoi faire.
Bien évidemment, son regard se portait surtout vers les éléments métalliques, le cerclage de fer du mât, les cuivres étincelants de la cloche et des instruments de navigation, le bronze des canons.
Il y avait bien quelque chose à tirer de tout ça, utilise ton cerveau, Sam !
Mais rien ne voulait s'assembler dans la tête du forgeron, ce n'était pas un problème qu'on pouvait aborder sous l'angle métallurgique. Et puis, le problème étant sa présence sur ce navire qui s'éloignait du port, c'était justement le fait de l'aborder qui en était la cause.
Bon, réfléchissons autrement, ce Grav'oc n'avait pas hésité à tuer un homme !
Mais s'il ressentait du dégoût à la vue de tout ce sang et des hoquets d'agonie de la victime, Sam n'oubliait pas que la-dite victime pointait précédemment un pistolet sur lui.
Un pistolet dont la teinte argentée indiquait un alliage de bonne qualité, un canon qui ne se déformait pas sous la pression de la poudre qui détonait à l'intérieur à chaque tir, résistant à l'abrasion de la balle et … Non, concentre-toi, Sam ! La fabrication d'une arme à feu n'est pas importante pour le moment.
C'est alors qu'il entendit un bruit de chute venant de la cale.
Grav'oc et Laouen ne semblaient pas avoir remarqué, l'un parce qu'il chantait une chanson sur le thème d'un alcool aussi frelaté que sa voix, l'autre parce qu'elle tentait d'établir entre ses tympans et les cordes vocales du premier une frontière digne de celle que partageraient deux nations en guerre depuis mille ans.
Ce qui alerta Sam ne fut pas le bruit soudain, mais le silence qui suivit. Quelqu'un avait provoqué ce bruit, et ce quelqu'un n'avait pas jugé bon de prononcer à voix haute les malédictions que les gens adressent en pareil cas à une divinité domestique, à l'esprit frappeur de la maison ou à une personne indéterminée dont l'existence n'est même pas avérée (mais cette personne fait quand même chier, putain, sa mère).
Mais ces malédictions, quelqu'un en bas les pensait si fort que le silence les portait aux oreilles de Sam. C'est pourquoi il pensa tout de suite à un passager clandestin.
C'est en descendant à la cale qu'il tomba nez à nez avec une femme et réalisa aussitôt son erreur : elle portait une robe immaculée et avait une apparence générale très propre, malgré quelques tâches noires sur les doigts qui indiquaient une activité mécanique plus qu'une négligence de son aspect.
Alors, tout se mit en place dans l'esprit de Sam, les cuivres des instruments si polis qu'ils en brillaient, le cerclage du mât sans aucune tâche de rouille, et même le bronze des canons si lisse qu'il pouvait s'y mirer.
Comment ce navire pouvait-il bien appartenir à Grav'oc !
La femme ne bougeait pas, visiblement effrayée. Sam ne savait pas comment rassurer cette inconnue, et dit simplement ce qui lui passait par la tête à ce moment-là.
Euh… Bonjour. J'imagine que ce navire est à vous ?
01:10 - 21 déc. 2015
Avèle maudissait cette maladresse. Les voiles au fond de la cale ne pourrait de toute façon pas la cacher. Elle se mordait la lèvre inférieur cherchant désespérément une idée pour se cacher. Elle se plaqua contre la coque du navire, terrorisée, ne pouvant de toute façon plus bouger.
Quelques secondes plus tard, les grands yeux gris de la jeune femme fixait un homme immense. Il était aussi gigantesque qu'elle était frêle. Paniquée, elle ne voyait rien d'autre que son immensité. Elle tremblait et ses jambes commençaient à se dérober. L'homme immobilisé à une distance raisonnable l'observait. Avec la lune, la jeune femme devait lui sembler être un fantôme pale et fragile.
Elle fut surprise quand elle l'entendit parler. Quels voleurs disent bonjour aux gens qu'ils délestent de leur affaires. Son ton n'était pas agressif mais Avèle ne l'avait jamais vu et savait que ce n'était pas un équipier du capitaine. Elle se concentrait pour répondre reprenant un peu ses esprits.
Bonsoir, oui ce vaisseau est propriété de ma famille. Il est ordinairement sous le commandement du capitaine Norman Owendrigg et vous ne faîtes pas partie de l'équipage. Alors, je vous sommes de me dire ce que vous comptez faire du navire de ma famille et surtout qui vous êtes.
Avèle avait parlé d'une traite, ses mots, dépassant ses pensées. Elle venait de lui donner un ordre alors qu'il pouvait faire d'elle ce qu'il voulait. Elle lui avait aussi dit bonjour, mais qui dit bonjour à un voleur. Ses jambes lâchèrent et elle se retrouva à genoux. Les larmes aux yeux.
13:05 - 21 déc. 2015
Grav'oc perdu dans l'état extatique que lui procure la brise marine et la perspective de la mer qui s'approche chantait à tue-tête - et faux, comme tout bon pirate se doit - laissant les deux mousses engagés plus tôt sortir les voiles, lui ayant empoigné la roue qui servait à barrer. Pensant manoeuvrer il se dit qu'il pourrait travailler le multitasking nécessaire à tout flibustier un tant soit peu redoutable. Il cala donc une botte sous la roue, cap sur la sortie de port et se tourna vers Laouen, heureux de voir que le champ avait été laissé libre par Sam.
Il prit donc un accent se voulant noble - caricatural en fait - et adoucit ses manières. Practice time pour la flibuste.
"Madame! Vous pilotez je crois, venez donc par ici, approchez vous."
Voyant Laouen hésiter mais néanmoins s'approcher, il égara quelques filaments encore brûlés de l'épisode de la forge dans une courbette étonnamment souple pour la corpulence qui le caractérisait.
Il tendit une de ses pattes brunes et calleuse pour prendre la main gauche de Laouen qu'il enfourna entre ses poils de barbe en guise de baise-main.
"Tenez, prenez part à la plus jouissive expérience que ces mers et cette époque peuvent offrir, le départ vers la liberté, la fortune et l'appropriation douteuse comme définitive de vos moindres objets de désir. Aujourd'hui, le vent."
Il la guida vers la roue, laissant sa botte calée pour garder le cap.
"Vous vous débrouillez à merveille, ce cap est fort précis, félicitations. Je suis Grav'oc, votre capitaine, mais vous pouvez m'appeler Capitaine. Bienvenue sur mon navire. Et votre nouvelle navette vers la fortune."
19:27 - 10 janv. 2016
Laouen essayait de mettre bout à bout les événements de la nuit. Elle ne parvenait pas à comprendre comment elle se retrouvait à tenir une roue sans le vouloir. Depuis son arrivée à bord du navire, elle avait perdu la fonction de réagir. Elle n'était plus qu'une chiffe molle incapable de penser.
Même les chansons grivoises de Grav'Oc ne parvenaient pas à la sortir de cette léthargie.
Elle tenait la barre du bateau d'un main flasque et laissait Grav'Oc profiter seul de sa joie d'être en mer.
Pourtant, une petite flamme faisait son apparition. Une petite flamme de colère contre cet homme qui l'avait menée sur cette pente interminable où son univers s'écroulait.
Quand la flamme devint feu, elle oublia toute raison. Elle se retourna contre l'homme comme une furie remontée des enfers et cria en le repoussant à deux mains.
- Non, monsieur ! Non ! Je ne veux plus savoir qui vous êtes ! Je ne veux rien avoir à faire avec vous ! Vous nous avez entraînés sur ce bateau qui je suis certaine n'est même pas le vôtre sans notre accord ! Vous êtes un véritable poison !
Mais cette colère aussi furieuse fut-elle n'avait pas l'énergie de se poursuivre dans le temps. Laouen se sentait épuisée, le moral au raz des semelles. Et les souvenirs de leur veillée aventureuse surgirent dans ses pensées comme autant de raisons de modérer ses propos. Aussi reprit-elle un ton au dessous.
- C'est vrai que vous nous avez sauvé la vie sur ce bateau pourtant… Mais pourquoi y étions nous ?
Les larmes aux yeux, elle s'assit lourdement sur le plat bord.
21:49 - 10 janv. 2016
Sam resta coi devant la jeune femme en pleurs. Il n'aimait pas que les gens souffrent ainsi, et désirait la réconforter. Mais, aussi maladroit en société qu'habile avec les métaux, il ne savait pas comment faire.
Il finit par tendre un chiffon à la femme en guise de mouchoir.
Tenez donc… Euh.
Il reprit le chiffon un instant pour tenter d'essuyer le gras qui le maculait sur sa manche, obtint un succès mitigé (voire même une victoire morale) et le tendit de nouveau à la femme.
Ce coin là est plus propre, il me sert à essuyer les pièces après la trempe.
Devant l'hésitation de la jeune femme, il rajouta : Et la trempe c'est juste de l'eau. Et bouillie, naturellement, par la force des choses.
Sam entendit alors la voix de Laouen s'élever sur le pont. De ce qu'il avait compris de la personnalité du pirate, il valait mieux qu'il monte pour la soutenir, au cas où.
Il remonta très vite l'escalier menant au pont, lançant un : Bougez pas, je reviens.
Il s'immobilisa alors que sa tête était passée au dessus de l'écoutille et se pencha pour la faire réapparaître dans la cale : Au fait, moi c'est Sam, Sam Le Goff.
Puis il disparut.
La dispute sur le pont semblait s'être calmée assez vite. Sam ne saisit que la dernière phrase de Laouen avant qu'elle ne se mette à pleurer. À la vue de cette dernière, le visage dans les mains, Sam s'emporta.
Elle a raison, il est temps de tout nous dire, Grav'oc ! Et vite, avant que je ne tombe à court de chiffons pour les larmes des dames !
Sam réalisa sa gaffe au moment même où il prononçait ces mots.
21:49 - 11 janv. 2016
Grav'oc s'était muré dans un silence un peu vexé, préparant une réponse pour Laouen mais la laissant reprendre un peu ses esprits. Quand Sam apparut il fut d'autant plus vexé qu'il était ainsi acculé à une justification par les deux personnes à qui il avait décidé de rendre un service probablement inédit dans toute l'histoire de la flibuste indépendante. De plus sa petite crise d'impulsivité l'avait quand même mis dans une position légèrement sensible avec son associé Charles Lebouc. D'une part il avait faussé compagnie à son poste, laissant le bateau sans surveillance, l'avait dûment pillé, et laissé derrière lui le cadavre d'un de ses plus fidèles flibustiers. Il n'est pas certain que Lebouc garde Grav'oc dans ses relations de travail après ça. Pour le reste, il était quand même satisfait de prendre enfin la mer avec ce splendide 3 mâts très nouvellement affrété par une compagnie qui n'en aurait plus besoin. Toujours Grav'oc a eu un peu de mal à résister à ce qui brillait. Ce bateau brillait.
Il sortit de ses pensées, s'ébroua un peu et entreprit de commencer l'éducation de son nouvel équipage d'un ton ferme qui ne se ferait pas répéter:
"Je suis passé hier à votre échoppe demander un service honnête et monnayé confortablement. Votre boutique semblait loin de respirer la santé de ce merveilleux bateau que vous êtes en train de piétiner sans y porter la moindre attention. Sachez jeune homme que c'est un affront pur et simple envers le travail de dizaines d'hommes dont l'ancienneté dans l'ingénierie vous donnerait probablement le vertige. Je vous soupçonnais homme de talent et de travail, j'espère ne m'être pas autant trompé que vous le faites paraître sur ce moment. Madame, monsieur, tout m'a suggéré votre relative humilité pécunière et des ressources inexploitées. C'est vers votre fortune que je vous mène, juste après avoir échappé à votre mort - qui si elle était garantie pauvre et malade, étouffés par l'économie de Gav'orn avait ce soir pris une route bien plus sanglante et rapide. D'ici quelques mois vous auriez été forcé de fermer boutique et travailler sur les quais sous les ordres du genre d'individu dont vous pouvez arborer maintenant l'arme avec fierté. Le minerai métallifère est maintenant contrôlé par une corporation qui n'a aucun intérêt à partager un monopole de la métallurgie à quelque stade de finition que ce soit. Ce soir, Monsieur, Madame, je vous ai offert l'indépendance, et la propriété exclusive de votre entreprise. Nous allons légèrement diversifier votre activité et nous réapproprier les bottes qui allaient manquer à vos pieds pour continuer votre oeuvre, de pilote, forgeron: la localisation et l'approvisionnement en matière première. Considérez que vous êtes compagnons sous le patronnage de Grav'oc, et que ce bateau est votre école pour une vie qui soit enfin la vôtre. Aussi loin que bois se souvienne, c'est la plus grande opportunité que l'homme ait pu rechercher et traquer jusque dans la mort. Braillez des louanges aux cieux, aux vents et à votre vie si fragile, mais, de grâce, réservez votre colère pour des opportunités qui en vaillent la peine. Et Monsieur, vous êtes allés en cale je crois, où des mouchoirs plus doux qu'un chiffon noirci peut se trouver pour le nez délicat d'une aventurière. Dois je vous suggérer d'en ramener un la prochaine fois?"
Grav'oc renifla un peu bruyamment, puis reprit un peu de contenance, retourna la question du mouchoir dans son esprit sans trouver exactement ce qui lui semblait inapproprié. Il reprit cependant
" Monsieur, Madame, si vous êtes aussi vaillants que je le supposai de prime abord, nous allons naviguer ensemble quelques temps, et devoir travailler dans des conditions parfois assez difficiles pour des tâches qui demandent précision et simplicité. Je vous saurai gré de bien penser à ce qui vous sera nécessaire pour ce faire, et de vérifier si vous trouvez ce nécessaire à bord. Il est encore possible mais peu préférable de revenir à terre. Et nous devrons l'éviter quelques temps. J'aurai besoin d'un alambic, l'idéal aurait été celui que je vous ai laissé, le reste doit se trouver à bord, pour mes exigences. Nous allons plonger. Il y a quelques épaves dont je connais l'emplacement relatif qui ont largement de quoi remplir votre forge pour une décennie. En attendant, il vous faudra en installer une fonctionnelle sur ce navire, moins grande et confortable que votre échoppe mais suffisamment pour du matériel de plongée et de hissage."
22:38 - 12 janv. 2016
En entendant Sam, Laouen se leva, honteuse d'être prise en flagrant délit de misérabilisme. Inconsciemment, elle se rapprocha de lui. Un peu comme on se place à côté d'une source de chaleur.
Elle renifla un grand coup et s'essuya le nez sur sa manche en secouant ses nombreuses tresses.
Elle recula d'un pas quand Grav'Oc se lança dans son monologue. Elle l'écouta la bouche ouverte et les yeux écarquillés.
Son esprit, remis en route par la seule présence de son ami, analysait la situation au fil du discours. Et le constat n'était pas bien brillant.
Si l'homme qui leur faisait face était plein de ressources, il était aussi la pire personne à qui donner sa confiance.
Dans l'instant, elle s'inquiéta pour le petit aréonef qu'elle avait construit de ses propres mains et qu'elle n'était pas certaine de retrouver un jour, sauf si...
- Je veux aller cette nuit dans mon atelier qui se trouve au sud de Gav'orn. Ce n'est pas très loin de la côte. On peut l'atteindre depuis la mer par la baie des cochons. Vous connaissez ?
Si vous me débarquez sur le plage, je me débrouillerai pour vous rejoindre avec l'aéronef si vous me dîtes dans quelle direction vous allez...
Elle se tourna vers Sam, l'air penaude.
- Il faut que je récupère l'aéronef avant qu'il soit trop tard...Cette nuit donc.
ajouta-t-elle.
23:43 - 12 janv. 2016
Avèle fut d'abord surprise quand l'homme lui tendit son morceau de tissu. Elle le regarda quelques secondes et l'accepta.
Des éclats de voix tonnèrent sur le pont. L'homme n'était pas seul. Avèle entendit distinctement une voix de femme et une autre masculine. Le grand gaillard se précipita alors vers l'écoutille et lui lança son nom.
Au fait, moi c'est Sam, Sam Le Goff.
Elle se demanda combien de pirates avait embarqué à bord du Lieutenant Delhia et elle repensa aux mots de Sam "un chiffon de trempe" murmura-t-elle. Il devait être forgeron, cela expliquerai son grand gabarit. Avèle s'essuya les yeux. Elle inspecta le chiffon, il lui faisait penser à ses doigts qui, par la force des choses, étaient tâchés par l'encre et l'huile.
Elle respira doucement et profondément pour se calmer. Jamais, elle n'aurait imaginé se retrouver dans une telle situation. Sam lui inspirait confiance, elle décida d'attendre son retour.
Les caravelles ne naviguent qu'en convoi sous la protection de frégates, voir de galion ou, plus impressionnant, de navire de ligne quand leur cargaison est précieuse. Ils avaient naviguer sous les ordres du Commodore Nathan "Shark" Saverell au voyage aller. C'est lui que le capitaine Owendrigg allait rejoindre, sur sa frégate, amarrée près de l'entrée du port, quand il laissa Avèle.
La jeune femme connaissait bien le Capitaine et il était plus attaché à son bateau qu'à n'importe quel être humain. Elle savait pertinemment qu'il préférerai voir Le Lieutenant Delhia, sa caravelle, par le fond plutôt que sous un commandement étranger au sien.
Le passage du navire de commerce à l'embouchure du port avec un équipage réduit les mettrait en alerte. Il ne leur restait donc que quelques minutes avant d'être pris en chasse. Et s'il y a bien un chose que le "Shark" apprécie c'est la chasse. Avèle en est certaine. La caravelle sera coulée avant l'aube. La frégate rapide et armée du commodore Saverell ne leur laissera aucune chance à moins qu'ils ne la voient à son bord.
22:32 - 3 mars 2016
Laouen semblait avoir un plan pour récupérer son aéronef. Et du point de vue de Sam, tout plan qui n'émanait pas de Grav'oc était un bon plan.
Si le pirate accepte, il te faut connaître notre destination.
Voyant Laouen se tourner vers l'individu, Sam rajouta :
Tu peux lui demander, mais je vais confirmer avec notre cap actuel. Par rapport aux étoiles.
Le forgeron tourna alors son regard vers le ciel et constata deux choses.
Premièrement : Sans les lumières de la ville ni les fumées des usines, les étoiles étaient plus magnifiques que tout ce qu'il avait jamais vu dans sa vie. Elles lui évoquaient les étincelles qu'auraient produit les coups de marteau cosmiques ayant forgés l'univers.
Deuxièmement : Il était globalement ignorant de l'astronomie.
Après avoir regardé dans toutes les directions, penché la tête cinq fois à gauche et deux à droite, plissé les yeux et risqué le torticolis, Sam localisa enfin la constellation du piston d'Ael.
Et juste en dessous, trois astres isolés des autres brillaient d'un éclat jaunâtre.
Euh, Laouen ? … Monsieur Grav'oc ? Les étoiles en dessous de l'horizon, c'est pas vraiment des étoiles, si ?
Laouen, qui avait la meilleure vue des trois compagnons, sut tout de suite à quoi ils avaient affaire.
Ce sont des navires. Il se dirigent vers nous et ils nous rattrapent.
Et puisque personne n'a commandé de pizza par Pneumanet, ça veut dire que…
Oui.
Sam prit soudain peur. Si leur poursuivants ne les coulaient pas d'abord, il connaîtrait le sort réservé aux pirates.
Il leur fallait accélérer s'ils voulaient survivre, et les voiles ne suffiraient pas.
Mais les voiles n'étaient sûrement pas leur seul moyen de propulsion : tous les navires modernes étaient équipées de chaudières et d'hélices.
Bien sûr, leurs poursuivants en auraient aussi, mais ils n'avaient pas Sam le forgeron.
Sam avait vu passer entre ses mains tous les modèles de chaudière de Gav'Orn et connaissait en détail les points forts et les points faibles de chaque. Au besoin, il pouvait renforcer la pièce qui résisterait le moins en cas de surpression de la chaudière, et repousser ainsi les limites de la machine.
Bon, je reviens tout de suite, j'ai peut-être une solution.
Et Sam planta là ses deux compagnons en redescendant à la cale.
Il se retrouva devant la jeune femme.
J'espère que vous aimez les défis !
23:17 - 7 mars 2016
J'espère que vous aimez les défis !
Elle regarda Sam, éberluée. Il était arrivé si vite. Essoufflé, il lui avait demandé d'une traite si elle aimait les défis. Sa vie quotidienne était déjà un défie à elle seule. Elle vit aussi de la peur dans ses yeux. Nathan devait déjà être à leurs trousses. Cette idée lui convenait parfaitement. Elle ne bougeait pas.
Sam raconta sa litanie, lui expliquant comment dérouté la pression pour en envoyer d'avantage dans les hélices pour augmenter la cadence. Elle se sentait vexée qu'il la prenne pour une enfant à tout lui débiter à vitesse grand V en demandant si elle suivait les explications. Elle comprenait. Elle ne savait toujours pas si elle devait les aider ou non. mais l'idée d'ennuyer fortement le Commodore germait rapidement.
Il la tira dans la salle des machines et se rua sur la caisse à outils. Elle trébuchait plusieurs fois avant de s'effondrer au moment où il lui lâcha le bras. Elle pestait intérieurement. Sam commença les manipulations de la chaudière sans lui prêter plus attention que ça. Il s'arrêta soudainement quelques secondes. Le forgeron se tourna dans sa direction. Sans dire un mot il lui tendit une clef de serrage.
S'il vous plaît
Elle ignorait dans quoi elle s'embarquait. A cet instant, ce qui la fit s'activer, c'est l'idée de semer le Commodore Saverel. La chose l'amusait. Elle esquissa un sourire. Elle l'imaginait fulminer comme elle l'avais tant de fois vu faire.
Avèle leva les yeux au ciel en attrapant la clef. Elle pouffa de rire. Était-ce bien le moment de rire, non certainement pas. Elle riait maintenant de bon cœur en visualisant la tête déconfite de Nathan.
Elle accéléra la cadence de transformation devant un Sam surpris de sa rapidité d'exécution et son habileté. Bientôt la chaudière était prête à faire augmenter la cadence aux pales.
21:07 - 13 mars 2016
Laouen suivit Sam comme un chien son maître. A ce moment, il était plus qu'un ami, il était une bouée de secours, un parachute, son seul secours possible.
Elle l'avait suivi dans une salle qui pouvait être la salle des machines. Mais là, elle s'arrêta net.
Sam s'était adressé à une jeune femme à la mise élégante mais sale et tachée de graisse. Il s'adressait à elle comme à une personne connue et Laouen se sentit flouée, trahie.
Qui était cette demoiselle sortie de nulle part que Sam connaissait. Sam était-il dans ce coup monté ?
Les réflexions allaient bon train dans son esprit, rebondissant les unes sur les autres sans trouver de prise ou se poser. Elle n'y comprenait rien.
Un « Laouen ! Puisque tu es là, viens nous aider bon sang ! » La tira de sa gamberge et elle attrapa la clé que Sam lui tendait en lui expliquant quel écrou dévisser et sur combien de tours.
L'énergie qu'elle mit à décoincer l'écrou retors la stimula et comprenant la manœuvre envisagée par le forgeron, elle le seconda comme elle put, envisageant même expulser la demoiselle de la manœuvre.
Alors que le moteur vrombissait de plus belle, elle glissa à l'oreille de Sam : « C'est qui, celle là ? »
22:04 - 13 mars 2016
Grav'oc un peu piqué par l'attitude de Laouen repartit dans ses pensés e marin enfin libre, se souciant peu de qui était derrière, ou devant, il sortait du port et c'est tout.
Il avait bien senti quelque chose d'étrange dans la réaction de Sam le forgeron, mais quelque chose le tranquillisait, il avait envie de se reposer, se sentir porté par les vents. Et en l'occurrence ces deux recrues lui inspiraient quelque chose. Il se laissa donc porter, rêvassant et chantant quelques vers en sentant avec plaisir le bateau s'activer, non par le vent, mais le moteur... C'était une première, pas aussi géniale qu'un bon souffle dans la grand voile, mais une sorte d'invitation à danser sur un rythme un peu décalé, et il en profita pour tester l'agilité de ses pieds un peu trop fermes depuis le retour à la terre..
22:17 - 30 mars 2016
Sam était conscient de son manque d'expérience avec les femmes, tellement conscient qu'il n'osait pas expérimenter, de peur de mal faire. Il voyait bien que son raisonnement battait de l'aile, mais ne pouvait pas risquer de manquer de respect à une demoiselle (à ne pas confondre avec une fille : la distinction était bien claire dans sa tête). Après tout, il ne s'agissait pas des barres de fer qu'il avait maltraité lors de son apprentissage.
Par conséquent, il ne s'était jamais retrouvé dans des situations, comme il les appelait.
Mais il avait entendu assez de détails sur les situations de ses clientes pour savoir qu'elles étaient parfois confuses, et que les choses pouvaient apparaître comme des situations alors qu'elles n'en étaient pas. Notamment quand on trouvait deux jeunes gens de sexe opposé, en sueur, rouge d'excitation - faire progresser la science thermodynamique pendant une course-poursuite, c'est palpitant - et dont l'homme était torse nu.
Il fallait dissiper les doutes tant qu'il en était encore temps.
C'est… euh… c'est pas ce que tu crois, c'est juste… euh…
Laouen leva un sourcil interrogateur.
C'est juste pour la mécanique, tu vois ?
Le second sourcil, jaloux du premier, s'éleva plus haut encore.
Sam se rappela que le terme "mécanique" était parfois utilisé par les filles pour décrire certaines situations. Les demoiselles ne parlaient pas comme ça, évidemment : c'était en cela qu'elles se distinguaient des filles.
Afin de couper court à toute interprétation malheureuse, le forgeron se tût et indiqua de sa main la chaudière qui était désormais recouverte d'assez de tuyaux et de baromètres pour être confondue avec un serveur de transit du Pneumanet.
Les deux sourcils de Laouen conclurent un accord pour se mettre sur la même altitude, celle où ils commençaient à respirer difficilement. Puis elle se rappela qu'elle parlait à Sam.
Je vois bien. Dis-moi juste qui c'est.
Oh, c'est une passagère clandestine mais en fait c'est son navire. Enfin, celui du capitaine Normal O'Vent-Digue, mais elle est mécanicienne à bord. En fait c'est une clandestine légitime en quelque sorte.