Monnaie en Ter Aelis
Comment vivre, payer et se faire détrousser comme un être civilisé
Le système monétaire universel
Les marchands ont de tout temps sillonné le monde connu, et le pays de Ter Aelis n'y fit pas exception. Le commerce a toujours joué un rôle important pour les cités, aussi bien entre elles qu'avec les puissances étrangères, et les élites de Ter Aelis ont su en tirer les richesses et l'influence nécessaire pour maintenir leurs rangs. L’usage d’une monnaie « marchande », popularisé par les colporteurs et maîtres de Guildes, a ainsi vite pris le pas sur le troc, les pierres précieuses et l'esclavage (1).
Les grandes cités se sont alors mises à frapper monnaie, suivant l’exemple de leurs voisins et contribuant ainsi au système monétaire reconnu sur toutes les routes commerciales. Ce système universel obéit à une division simple entre pièces d’or, d’argent et de cuivre (2). La subdivision est ensuite la suivante : 24 pièces de cuivre font une pièce d’argent, et 12 pièces d’argent font une pièce d’or.
La composition exacte de ces pièces a beau ne jamais être parfaitement similaire, et le taux de change de varier en fonction de la confiance des marchands en l’autorité contrôlant la cité émettrice, force est de constater que le système fonctionne. Globalement une pièce d’or de Sul- tre vaut autant sur les routes commerciales qu’une pièce d’or d’Eschorie, et toutes les pièces émises par Ter Aelis sont équivalentes pour les marchands thaalabéens.
Ce système présente l'avantage de la simplicité et de l'universalité : une pièce d'or représente une large somme dans la majorité des pays, et les services de base se payent en cuivres assez aisément. L'argent sert enfin aux petits conforts du quotidien. Toutefois, l'encombrement est également présent, surtout pour l’homme aisé, tout comme la vulnérabilité des coffres et dépôts, publics comme privés. Raison pour laquelle l’usage des pierres et métaux précieux n’ont pas totalement disparu : il est plus aisé de dissimuler un rubis dans la couture de sa gabardine qu’une bourse de cinquante pièces d’or dans ses chausses.
Monnaies propres à Ter Aelis
Si il est une règle qui s’applique en tout temps c’est bien la suivante : guerre et affaires font mauvais ménage (3). Il est donc normal que la dégradation politique récente en Ter Aelis, et plus particulièrement la scission du Duché d’Eschorie, ai provoqué quelques remous dans les cercles économiques. Bien que larvé, le conflit d’influence auquel se livre les deux blocs politiques est tangible et ses effets notables.
Ainsi, le Duché a très vite pris la décision de frapper sa propre monnaie, dans le but de prouver la viabilité de son projet d’indépendance et d’autonomie vis-à-vis des puissances étrangères. L’incroyable stock de métaux précieux et de pierreries en sa possession lui permirent de battre sans soucis ses premières pièces, les Ducats, composés d’un alliage d’argent et de métaux vils, et dont la valeur se trouve indexée sur les réserves de « Pierres Vives » (4). La règle est simple : quiconque possède 200 Ducats peut l’échanger à Eschorie contre une ½ once de Pierre Vive.
Les Ducats se sont par la suite vus complétés par les Deniers et les Sous, respectivement surnommés « Barons » et « Dames » par la population. En effet, si le Duc se réserve le droit de frapper les Ducats, il a délégué à ses vassaux – sous un contrôle prudent – le droit d’émettre les deniers et les sous. Ces derniers ont vite pris pour habitude de frapper leurs armoiries sur les deniers, et le portrais de leurs filles ou épouses sur les sous. Seul exception notable : la baronne des Hautemarches, laquelle décida que les sous de sa baronnie représenteraient le portrait de son défunt époux (5).
Le système monétaire ducal est construit sur une base dite « de vingt » : 20 sous valent 1 denier, et 20 deniers valent un ducat. Par soucis de commodité, et uniquement le temps de créer la confiance des marchands du Duchés en cette nouvelle devise, un taux de change a été mis en place avec les monnaies marchandes classiques : 1 ducat s’échange ainsi contre 5 pièces d’argent. L’échange direct avec les solutions financières proposées par la Principauté est en revanche interdit et fortement réprimandé, et la possession de ces derniers l’est tout autant.
Car la Principauté de Ter Aelis a de son côté pour objectif d’attirer les marchands et commerçant de toutes origines, et a par conséquent développé un système favorisant les échanges de grosses sommes : les lettres de changes certifiés d’Etat.
Emis par la Banque Princière et indexé sur les colossales réserves de devise de la Principauté, les Bons Princiers, ou juste « Princes » dans le langage courant, sont échangeables à chaque instant contre 30 pièces d’or, auprès de tout établissement certifiés par l’Etat. Leur émission est savamment contrôlée et repose sur le pari que les marchands préfèreront transporter quelques Princes avec eux plutôt que d’aller tous les échanger dès réception. Une seconde gamme a été lancée il y a deux ans, appelés Feuilles Blanches, et d’une valeur à l’échange de seulement 6 pièces d’argent.
L’objectif est ici d’habituer la basse bourgeoisie à l’usage de ces bons princiers, tout en facilitant certains échanges de base pour les Guildes marchandes.
L’émission de tels bons a forcément amené à des tentatives de contrefaçons, et la Principauté met un point d’honneur à traquer et exécuter les faussaires. Si possibles après leur avoir broyé les doigts dans leur propre presse à feuillet.
1. Bien que les pirates des Vierges Vertes semblent encore user de ce dernier concept. La faute soi-disant au manque de minerai, le peu disponible étant principalement fondu pour forger des haches d’abordage.
2. Dont le nom ne traduit d'ailleurs pas le métal dominant leur composition, sans quoi elles s'appelleraient pour la plupart “pièces de plomb”.
3. Sauf si vous êtes marchand d’armes. Ou contrebandiers.
4. Un minerai rare et très recherché, notamment pour sa capacité à aimanter l’Essence arcanique et à la restituer à l’identique même des années plus tard. Toutes ses propriétés sont encore méconnues, mais font le fantasme des chercheurs et des bijoutiers inventifs. Le Duché est le territoire disposant à ce jour de la plus large réserve connue au monde.
5. Les sous de Hautemarches sont désormais connus sous le doux sobriquet de « Dames à barbe ».