REMUE MENINGES

Cassiopée réfléchit un moment avant de proposer :
-Je ne crois connaître personne à La Baronnie, ce que je connais d’Eschorie se trouve plus au nord dans les hauts monts. Ici je suis rarement venue… Et puis… mes souvenirs sont tous si vagues !
Elle soupira avant d’ajouter : Mais ne pourrait-on pas envoyer Issac longer un peu l’Yrio et renifler si d’autres que nous empruntent des gués ? Maintenant que j’arrive à toujours le situer et qu’il commence à savoir correctement chasser, il ne craint pas grand-chose. Il vole bien.
De notre côté, dans la soirée nous trouverons peut-être une piste si nous nous débrouillons bien. Je te fais assez confiance pour renifler les mauvais coups.

C’était une bonne idée de renvoyer Issac à l’extérieur de la ville car il ne pouvait pas rester caché indéfiniment dans sa veste et il aurait bien trop attiré l’attention en circulant librement.
En sortant des thermes, elles l’accompagnèrent jusqu’aux remparts et trouvèrent un petit coin isolé pour le relâcher en lui donnant sa mission.
Cassiopée pouvait ressentir la joie du dragon.

-On va à la taverne ?

Lùthien hocha la tête mais ne les conduisit pas vers leur auberge. Si elle n'était pas convaincue de l'idée d'envoyer Issac en reconnaissance, cela lui avait donné une idée, qu'elle expliqua à Cassiopée.

Tu as raison, nous pouvons probablement trouver un autre chemin. Mais qui aurait besoin d'un tel chemin détourné ? fit-elle avec un clin d'oeil.

Elle les mena donc vers les quartiers mal famés et trouva une taverne tout à fait accueillante : de grands rires gars en sortaient. A leur entrée, toutes les têtes convergèrent vers elles, pas tout à fait habillées comme les habitués. Mais l'elfe ne se laissa pas démonter et trouva une table encore libre dans un coin sombre. De là, elle put observer la salle. Elle se pencha vers Cassiopée.

Il faut trouver des contrebandiers. Ce sont eux qui connaissent les chemins de traverse. Notre habit fait de nous des proies et c'est ce que nous voulons pour le moment. On va trouver des canailles mais aussi ceux qui vont sentir qu'on cherche quelque chose. Et c'est ceux-là qui nous intéressent.

Lùthien commanda une vodka à la serveuse et continua à observer la salle.

Installée dans son coin mais faisant face à la salle, Cassiopée s’interrogeait.
A quoi reconnaît-on un contrebandier ? Une canaille, c’est assez facile, mais les contrebandiers devaient assez finauds s’ils ne voulaient pas se faire griller facilement .
L’odeur ?
La taverne sentait le fauve en décoction qui écorchait l’odorat de Cassiopée habituée au grand air.
L’air de rien, elle observait les usagers de la taverne. Mais aucun indice ne lui semblait probant : Des rires, des engueulades pour des bagatelles, des moqueries, de la tristesse aussi à la table du fond.

-On pourrait peut-être être un peu plus investigatrices en recherchant discrètement un produit de contrebande. On pourrait, par exemple rechercher un cristal provenant d'Irëm Seshir…

Elle regardait Lùthien, un peu anxieuse de la riposte possible de la louve. C’était le seul produit de contrebande qui lui était venu à l’esprit.
Alors, elle s’empressa d’ajouter, doutant de son idée.

-Ou autre chose qui te conviendrait bien-sûr !

Dans les tréfonds de son esprit, Issac atteignait l’Yrio.

Lùthien sourit à la proposition de Cassiopée. Elle-même avait autre chose en tête.

Je pense plutôt qu'on va demander à se faire convoyer nous-même. Tu va jouer la Dame, légèrement hautaine mais en même temps un peu anxieuse. Je serai ta garde du corps. J'ai beau être gracieuse, je n'ai pas le port d'une Dame, ce qui est tout à fait ton cas. Tes vêtements forestiers peuvent passer pour un déguisement, alors que mon ensemble de cuir non. J'ai déjà repéré quelques individus qui pourraient correspondre, mais nous allons les laisser venir à nous. Continue à regarder la salle avec cet air mi-interrogatif mi-perdu que tu as, c'est parfait.

Les deux femmes continuèrent donc leur surveillance. Rapidement, quelques canailles essayèrent de leur faire miroiter une fin de soirée endiablé. Lùthien les repoussa sans problème. Un seul insista un peu trop lourdement et finit avec la dague de l'elfe sous la gorge. Il fut un parfait exemple pour les autres.

Enfin se produisit ce que Lùthien espérait. Un homme, qu'elle voyait seul depuis un moment et qui les surveillait du coin de l'oeil, s'approcha d'elles discrètement et s'assit sans cérémonie à leur table.

Z'avez l'air de chercher quelque chose de précis, mesdames.

Son accent rugueux et ses habits forestiers le désignaient de prime abord comme un chasseur. Sa petite taille et son air chafouin en faisaient une fouine.

Parfait, pensa l'elfe.

Et tu penses peut-être que tu pourrais nous l'apporter, répliqua-t-elle en le détaillant ouvertement, comme si elle prenait sa proposition pour quelque chose d'égrillard.

Moui, j'sais bien que les dames ont parfois besoin de faire passer des choses sans qu'leur mari soit au courant.

L'homme fit un sourire entendu en regardant Cassiopée. Lùthien reprit les commandes de la conversation.

Certes, mais ce que nous cherchons à passer est un peu plus gros qu'un colifichet. Rien ne nous dit que tu sauras y faire.

Le contrebandier était loin d'être bête. Il contempla les deux femmes longuement avant de répondre.

Si fait. Et où doivent-elles aller ?

Lùthien eut un fin sourire.

Nous devons rapidement et discrètement rejoindre Echoriath. Evidemment, le passage par Sécrives est impossible. Mais je suis sûre que tu connais le moyen de traverser discrètement l'Yrio et de gagner quelques jours sur le chemin... N'est-ce pas ?

Afin d'appuyer son propos, l'elfe sortit une pièce d'or de sa ceinture qui miroita subrepticement avant de disparaitre à nouveau. Le regard de l'homme brilla. Il hocha la tête en se frottant doucement les mains sous la table. Instantanément, il sentit la piqure d'une lame contre sa main. Il n'avait même pas vu bouger l'elfe.

Evidemment, il n'y aura pas d'ennui en route, n'est-ce pas ?

Le ton dur et glacial de l'elfe, ajouté à ses yeux dorés et à la lame firent déglutir l'homme qui hocha la tête.

Bien. Nous te retrouverons demain à l'aube à la lisière nord de la ville. J'imagine que c'est par là qu'il faut aller ?

Impressionné, l'homme hocha à nouveau la tête. Sur un mouvement de l'elfe, il se leva et repartit.

Lùthien s'appuya contre le dossier de sa chaise en souriant à pleines dents.

Et voilà ! Il était tellement content et terrifié qu'il n'a même pas négocié le prix. Les indications d'Issac nous serons précieuses afin qu'il ne nous embobine pas.

Cassiopée était en contact constant avec Isaac. C’était une sensation étrange et nouvelle de sentir le dragonnet en elle sans interruption. Il était présent comme pouvait l’être un de ses organes. Elle n’était cependant pas familiarisée avec cette compagnie qu’elle avait du mal à différencier d’elle-même. Comment accepter en son sein une part qui semble être totalement liée à soi sans la connaître et en risquant toujours l’inconnu. Cependant la situation aussi effrayante qu’elle soit semblait combler un manque.
Isaac lui envoyait régulièrement des projections où se mêlaient odeurs, lumières, images, bruits et sentiments. Cassiopée n’interprétait pas toujours bien ces perceptions mais elle pouvait affirmer que le dragon était arrivé près de l’Yrio à la nuit tombée.
Il remontait le courant en quête de traces de roues ou de pas traversant la rivière pouvant évoquer l’existence d’un gué. Mais jusqu’ici il n’avait rien trouvé de réellement convainquant hormis le passage très étroit taillé en haut d’une chute sans doute emprunté par des animaux.
La lune était haute quand Cassiopée le convia à faire demi tour afin qu’il soit de retour à temps pour les rejoindre en forêt le lendemain.

Après une courte, mais confortable, nuit, les deux femmes se préparèrent. Elles étaient au point de rencontre dès les premiers rayons du soleil, droites sur leurs montures.
Aucune odeur n'alerta l'elfe qui resta près de Cassiopée comme tout bon garde du corps.

L'homme les rejoignit quelques minutes plus tard, à pied. Il détailla rapidement leur équipement et hocha la tête.

Dames, les salua-t-il.

Lùthien hocha la tête et Cassiopée daigna un regard. Elle était parfaitement dans son rôle de grande Dame. Lùthien rigolait intérieurement en se souvenant que la dame des étoiles avait parfois exactement le même comportement quand elle était sous les ordres de Sanz.

D'un geste, l'elfe intima à leur guide d'ouvrir la marche. Il partit en courant, elles suivirent au petit trot. Issac était revenu à temps pour aller se cacher dans les bras de Cassiopée et prendre un petit déjeuner bien mérité.

Ils partirent d'abord droit au nord, en direction de la mer de Gelden, à travers les bois. La sente qu'ils suivaient semblait être faite par les animaux mais en regardant bien quelques indices montraient son utilisation par les hommes. Ils cheminaient en silence, aussi bien par discrétion que par envie.

Alors qu'ils allaient atteindre les contreforts montagneux entourant la mer de Gelden, ils bifurquèrent vers le nord-est à travers les plaines. C'est là qu'ils firent halte pour le déjeuner. L'homme essaya d'engager la conversation avec Lùthien.

L’est courageuse la Dame de vouloir passer par ici. De qui c’est qu’elle se cache ? Son mari ?

Lùthien haussa un sourcil.

Ne crois pas que tu pourras tirer un bon prix de notre capture. D’abord, tu n’y arriveras pas. Ensuite, tu ne trouveras pas cette personne. Contente-toi de nous indiquer le chemin et tout ira bien pour toi.

L’homme se renfrogna mais son air spéculateur ne le quitta pas. L’elfe se méfiait de lui. Elle sentait qu’il préparait un mauvais coup. Elle se demanda un instant s’il n’avait pas fait appel à des « amis » à lui pour les attendre sur le chemin. Elle rejoignit Cassiopée et l’informa de ses craintes.

Restons sur le qui-vive.

Issac gigotait dans la besace où Cassiopée lui avait élu domicile le temps du voyage. Elle ne tenait pas à ce que le dragon se fasse voir. Ce n’était pas la peine d’attirer la convoitise de leur guide.
Tout comme à l’elfe, l’homme ne lui inspirait aucune confiance. Mais il fallait faire contre mauvaise fortune bon cœur ou elles ne seraient pas à temps pour rejoindre Echoriath.
Soudain l’alerte rouge embua son esprit. Issac criait au danger.
Elle poussa un cri en sautant de son cheval. Leur guide se retourna, mauvais, mais Cassiopée tenait le sabot de sa monture et l’appelait : Il a perdu le clou d’un fer et un gros caillou pointu s'est glissé dans la fente, venez m’aider à l’enlever !
Bien-sûr, comme elle l’espérait Lùthien fut à ses côtés bien avant l’homme qui pestait en descendant de son canasson.
Un coup d’œil suffit à Lùthien pour comprendre que l’arrêt était voulu.
Dès que l’homme fut à leur côté, Cassiopée marmonna une courte incantation qui canalisa le vent sur son visage lui faisant perdre tout repère tandis que Lùthien lui fermait la bouche d’une poigne de fer et qu’une lame sortie de nulle part lui écorchait le cou .

Leur passeur était hors d'état de nuire, Lùthien le tenant fermement par le cou, sa lame sur la gorge. Mais elle sentait la présence de 5 autres hommes. Qui, à l'odeur, ne s'étaient pas lavés depuis des semaines...

Les montures des deux femmes se tenaient calmes, se prêtant au jeu de l'arrêt inattendu mais sans danger.

5, souffla l'elfe à Cassiopée, 2 à droite, 2 à gauche et 1 à l'arrière.

Elles étaient encore dans les bois, à quelques centaines de mètres des plaines. Elles pouvaient galoper jusque là et ainsi à découvert voir plus facilement leurs adversaires. Qui les verraient aussi. Ou bien les battre ici, montrer à leur guide qu'il n'aurait rien à gagner à ne pas leur montrer le chemin. Elles n'avaient pas de temps à perdre.

D'un geste rapide, Lùthien assomma leur guide, qui s'effondra sans un bruit. Elle l'installa dans le même mouvement en position assise, comme s'il regardait Cassiopée s'occuper de son cheval.

Continue ainsi et tiens toi prête à protéger les chevaux et toi. Je vais m'occuper de ces enquiquineurs.

Elle s'avança d'un pas détendu et s'appuya contre un arbre, comme si elle allait attendre un moment. En un clin d'oeil, elle disparut du décors, se fondant dans l'ombre des arbres comme si elle en faisait partie.

Elle s'approcha sans bruit des deux hommes sur leur gauche, qui gigotaient comme s'ils avaient des oursins dans le fond du pantalon. Sans doute attendaient-ils un signal de leur complice et qu'ils s'impatientaient. Elle n'eut aucune pitié. D'un double lancer rapide, elle leur trancha la gorge.

Plus que 3.

Si les bruits de lutte furent ténus, ils attirèrent pourtant les assaillants venant du côté opposé. Lourds et déterminés ils furent sur Cassiopée avant que l'elfe soit de retour.
Celle-ci n'eut que le temps de libérer Issac de la besace tandis qu'elle giflait le plus fluet d'une bise gelée et blessante. Elle laissa sur le visage de l'homme une entaille profonde et violacée. Le dragonnet, monté haut pour prendre son élan piquait vers le plus balèze à la vitesse d'un boulet de canon.
Précis dans sa course, il embrocha l’œil droit de l'homme qui lâcha Cassiopée pour se tenir la tête en hurlant de douleur. Issac avait repris son envol vers les cieux prêt à piquer à nouveau.
Le jeune éfflanqué menaçait Cassiopée de son arme tandis qu'un homme surgissait sur le sentier le regard totalement effrayé et criant à l'aide.

-Tu préfères avoir l’œil arraché ou être dévoré par la louve ? dit Cassiopée à l'homme qui la menaçait.

Elle n'eut pas le temps d'achever sa phrase que Lùthien écrasait sous sa patte énorme le bandit qu'elle avait traqué.

D'un coup de patte (seule partie qu'elle avait transformée pour le moment, économisant ses affaires), elle déchira le dos du bandit affolé. Ne restait que l'homme que Cassiopée n'avait que blessé avec ses pouvoirs. Celui-ci regarda rapidement la situation, fit volte-face et partit en courant.
Sans se préoccuper des 2 blessés, l'un gémissant en se tenant l'orbite et l'autre évanouit par terre, l'elfe réveilla d'une bonne gifle leur passeur.

Debout ! C'est pas le moment de dormir. La route est encore longue ! La colère et une froideur polaire perçaient dans la voix de Lùthien, ce qui fut aussi efficace que sa gifle.

L'homme s'éveilla, l'air hagard. Il considéra la situation d'un oeil rond, eut la délicatesse d'avoir l'air consterné.

Dames, j'vous mène sans tarder, fit-il d'une voix apeurée.

J'espère bien, assez perdu de temps ! En avant !

Et la troupe repartit sur leurs montures, Lùthien s'assurant de l'état de santé de Cassiopée et Issac.

Cette fois, Cassiopée laissa Issac voler à sa guise autour d’eux alors qu’ils trottait le long du cours d’eau. Il s’élevait haut dans le ciel pour repérer ses proies. Parfois il piquait vers le sol le cou allongé dans le prolongement de ses ailes et comme une flèche plongeait dans la rivière pour en ressortir un poisson entre les serres qu’il dévorait dans la foulée. Il semblait le bonheur incarné. Pour varier, il tournait autour de leur guide en criant de ce son rauque et teigneux qu’il réservait à la colère et crachait vers son visage. Les flammèches le lèchaient de près.

- Voici maintenant plus de six heures que nous avançons sans compter l’intermède que tu nous as organisé. Tu envisages de trouver le gué à un moment donné où tu nous mènes en bateau ? Si je peux m’exprimer ainsi…

- Oui, oui… Nous allons y bientôt arriver… lui répondit l’homme d’un petite voix alors qu’Issac venait à nouveau de l’exposer aux flammes.

Cassiopée fulminait, elle sentait le coup fourré d’un homme qui ne savait plus où il les menait.

-Lùthien… Je sens que notre guide n’est plus qu’un individu isolé et perdu… Je crois qu’on ferait bien d’agir pour lui faire avouer sa duplicité, tu sais...

Lùthien soupira.

Ne perdons pas de temps avec lui. S'il ne nous sert à rien, abandonnons-le.

Et sur ces mots, elle partit au grand galop sur sa jument, piquant dans la direction qu'Issac leur avait fournies la nuit suivante, un méandre de l'Yrio proche des contreforts des Monts Pâles.

Leur guide ne pourrait suivre le rythme de leurs montures de guerre et l'elfe ne s'en inquiéta plus. Probablement qu'au final il n'était qu'un rabatteur pour un groupe de malfrats.

D’abord surprise de la réaction intempestive de Lùthien, Cassiopée ne mit pourtant qu’un quart de seconde à suivre l’élan de sa consœur.
Leur galop garda un rythme soutenu durant une bonne heure. Cassiopée, courbée sur sa jument, ne voyait plus Issac. Elle le sentait au loin, mais il ne suivait pas la course.
Lùthien reprit la bride de son cheval pour le mettre au trop et Cassiopée la rejoint pour lui parler.

-Je suis inquiète, Issac n’est pas dans les environs. J’espère qu’il nous trouvera.

Mais à peine avait-elle formulé son inquiétude qu’Issac se matérialisa comme par magie et sans doute par magie… à leur côté.

-Oh ! J’avais complètement oublié cette faculté qu’ont les dragons de se téléporter dans l’instant où ils le veulent. Il doit pouvoir le faire sur un individu.
Ce serait tellement simple de pouvoir en faire autant !
Tu sais où tu vas ?

Je me fie aux indications d'Issac. Et à mon instinct.
Par contre, mieux se tenir sur nos gardes, des fois que notre guide avait vraiment prévu de nos faire passer par là-bas. Il y aura peut-être aussi du monde.


Au trot, il ne leur fallut que quelques heures pour atteindre l'Yrio et son méandre. Effectivement, à cet endroit il était assez resserré et l'eau était assez basse à cette période pour que les chevaux puissent passer.

Avant de traverser, Lùthien déploya tous ses sens. Aucune mauvaise surprise ne semblait les attendre.
Elles passèrent prudemment, le courant étant assez fort tout de même.
Une fois de l'autre côté, il leur fallut une petite heure avant de rejoindre la route secondaire qui se dirigeait vers Eschorie, au nord ouest du Bourg de Secrives.
Malgré l'obscurité qui tombait, l'elfe continua leur route, avançant jusqu'à ce qu'il fasse trop sombre pour les chevaux.

Alors seulement elles établirent leur campement pour la nuit, à l'écart de la route, à l'orée de la forêt entourant les contreforts des Monts Pâles.

La prochaine fois, on utilisera les talents d'Issac pour trouver un passage. Maintenant qu'il a trouvé comment se téléporter ce sera plus rapide. D'ailleurs, je ne savais pas que les dragons faisaient ça.

Son ton était clairement interrogatif, mais la formulation laissait le choix à Cassiopée d'y répondre ou non.
Pour approuver le travail d'Issac, l'elfe lui lança une lanière de viande fumée.

Il leur fallut encore plusieurs longs jours de voyage pour parvenir à la tour de Vaelin. Des journées à chevaucher dans la boue sous des pluies torrentielles qui les obligèrent à contourner des marais envasés et profonds. Trop de temps passé à maudire la tourmente qui les imbibait telles des chiffes molles et spongieuses.
Issac se téléportait de plus en plus souvent, revenant de ses virées sec et nourri. Il lui arrivait de rapporter une petite proie qu’il déposait très fier sur la cape trempée de Cassiopée. Un trophée qu’elles étaient contentes de recevoir, leur évitant ainsi de perdre du temps à chasser.
La fatigue les gagnait, mais elles continuaient sans relâche afin d’atteindre Vaelin dans les temps.
Quand enfin elles atteignirent leur but, elles ne purent que constater qu’il était trop tard.
Malgré tous leurs efforts, Vaelin n’était plus dans la visée de cette tour. Cette dernière ne touchait pas le ciel. Seules les ruines résiduelles leur signifiaient que Vaelin était déjà loin. La magie ne faisait plus son œuvre.

Désespérée, Cassiopée se tourna vers Luthien :

- Il va vraiment falloir traverser tout le continent pour atteindre Sul Nar ? Tu ne connais pas d’autres moyens de rejoindre cette foutue cité volante ?