Ce récit est une suite aux évènements survenus dans Résurgence.
Résumé :
Cassiopée, maintenant accompagnée d'un jeune compagnon qui n'est autre que le dragonnet Issac, part à la recherche de sa mémoire. Elle s'est découvert des liens d'un type étrange avec le dragon et voudrait bien savoir ce que tout ceci cache.
Alors qu'elle s'éloigne de Galeon, elle rencontre Lùthien...
Les auteurs :
Lùthien est jouée par Grendelor
Cassiopée et Issac sont joués par Cassiopée
Les autres personnages sont joués indifféremment par Grendelor ou Cassiopée
Couleurs des dialogues :
Lùthien : orange
Cassiopée : turquoise
Yomeï : palegreen
Simoa : lightblue
Patheï : deepskyblue

Le statut social de leurs guides était une source d'inquiétude pour Lùthien. Et cette histoire d'écoles de magie aussi. Elle détestait la magie. Enfin, en réalité, c'était le démon qui détestait la magie parce que c'était à cause d'elle qu'il se retrouvait coincé dans le corps de Lùthien et condamné à cette réincarnation perpétuelle. L'elfe fit part de ses réflexions à Cassiopée avant de dormir.
S'ils font partie de l'élite, pourquoi vivent-ils dans un petit village près d'Echoriath ? Est-ce qu'ils seront reconnus à l'entrée ? Est-ce qu'on va devoir fréquenter le gratin de la Capitale ? Ou bien sont-ils tombés en disgrâce ? Du coup, va-t-on nous soupçonner parce qu'on les accompagne ? En tout cas, prudence demain.
Pour parer à d'éventuels problèmes, la chasseuse cacha ses dagues au milieu des 5 kilos de viande qu'il lui restait, ne gardant sur elle qu'un couteau de voyage. Bien lui en prit. Après 4 heures de marche d'un bon rythme, où leur groupe doubla de nombreux marchands, ils arrivèrent en vue de la capitale. Souterraine bien sûr. Impressionnante cependant. Elles auraient pu se croire à l'extérieur tellement la cavité était vaste. Les deux femmes voyaient des bâtiments s'élancer vers un plafond invisible avec grâce et élégance, taillés à la fois sobrement et avec finesse. Et parce que l'espace était tellement vaste, Tandohmii était entourée d'une enceinte percée de seulement 4 portes leur appris Yomeï.
Leur groupe se dirigea vers la porte Ouest en suivant le flot des arrivants. Malgré le monde, ils avançaient assez vite, preuve de l'efficacité à l'entrée. Les gens passaient devant 4 gardes qui les scrutaient et inspectaient parfois les marchandises. L'elfe ne vit aucun geste de soudoiement, ce qui la laissa avec un sentiment mitigé. Quand leur tour arriva cependant, deux des gardes leurs firent signe de se mettre sur le côté. L'un d'eux entama une discussion en Noctarii avec Yomeï pendant que le second fouillait les deux femmes, de manière respectueuse mais tout à fait efficace.
Il repéra le couteau mais ne dit rien. En ouvrant le sac contenant la viande, il regarda Lùthien en haussant les sourcils.
J'ai bon appétit, répondit celle-ci avec un sourire amical mais loin du niveau de charme qu'elle pouvait déployer en cas de besoin.
Il ne poussa pas la fouille jusqu'à vider le sac et du coup laissa les 6 dagues de Lùthien là où elles étaient. Il s'attarda à dévisager les deux femmes avec curiosité, notant les longues oreilles de l'elfe, la chevelure blanche de Cassiopée. Seuls de légers tressaillements au niveau de la main gauche révélèrent son attirance pour leur aura magique. Ces gardes étaient parfaitement disciplinés.
L'ouïe fine de la chasseuse captait parfaitement la conversation des noctarii sans pour autant y comprendre grand chose. Le ton semblait courtois mais pas obséquieux, curieux mais pas soupçonneux. En quelques minutes, leur groupe eut l'autorisation de passer. Sans qu'aucun garde ne parle aux deux voyageuses.
Venez, nous allons nous installer dans notre maison familiale. Il va falloir discuter de comment obtenir les renseignements que vous souhaitez.
Yomeï les guida à travers les rues de Tandohmii à un pas de balade afin que chacun puisse profiter du paysage. Parfois il donnait quelques explications à son fils qui posait question sur question, comme tout enfant de son âge. Il leur fallut une bonne heure pour arriver à la demeure. Il n'y avait pas d'autre terme. La "maison" familiale respirait l'opulence, tout en gardant l'élégance de la capitale. Il devait bien y avoir assez d'espace pour loger une vingtaine de personnes. Un jardin entourait la bâtisse, avec de nombreuses fleurs et buissons. L'elfe se demanda comment ces plantes pouvaient pousser.
Puis, elle sentit tous ses poils se hérisser. Quelqu'un pratiquait la magie non loin d'eux.
Patheï avait raison, la capitale en mettait plein les yeux, sans être clinquante pour autant. Elle était élégante et innovante. Les architectes avaient fait preuve de recherche en construisant des charpentes remarquables en forme d’hélix ou de torsades. Mais toujours les lignes sculptées dans la pierre qui montaient vers la voûte étaient pures et dépourvues de fioritures.
Cassiopée avait elle-même sculpté à une époque. Elle s’en souvenait mais n’avait pas repris cette pratique depuis les guerres de Confréries. Il était peut-être temps de se remettre à pratiquer son art.
La caverne, si on pouvait encore nommer ainsi le lieu où ils se trouvaient, était si vaste que la ville s’y était déployée tout en hauteur. Les bâtiments taillés directement dans la roche se joignaient les uns les autres, reliés entre eux par de hauts escaliers en colimaçon ou des rampes sur lesquelles circulaient les noctarris.
Étonnamment, la végétation n’était pas absente de l’espace mais elle restait rare, surtout sur la périphérie. En se rapprochant du cœur de la ville, certains balcons laissèrent dégringoler des guirlandes de buissons fleuries et quelques jardins pointèrent leurs nez.
C’est dans cette proximité que la maison de Yomeï se situait.
Elle était taillée au raz du sol en forme de sphère légèrement spiralée et était entièrement entourée d’un jardin en couronne, clos et joliment décoré. Des bougainvilliers pendaient aux multiples fenêtres rondes de l’édifice.
Ils n’avaient pas fait trois pas dans l’enclos qu’une dizaine de personnes sortaient de la maison et d’autres pointaient leur nez par les ouvertures fleuries.
Patheï, accroché comme à son habitude à la main de Cassiopée, lui chuchota :
-Ils vous ont senties…
Un sentiment de mécontentement s’exprimait au travers de ces quelques mots.
Cassiopée savait à quoi s’en tenir maintenant. Elle se sentait parfumée d’une fragrance tellement forte qu’elle embaumait à distance.
-C’est très beau chez toi. Tu dois être heureux de découvrir enfin ce lieu.
-Oui. Mais j’ai un peu peur…
Il n’était pas le seul à ne pas se sentir en sécurité… Pourtant Cassiopée poursuivit toujours en murmurant tout en avançant lentement.
-Qui fait pousser ces belles fleurs ?
-C’est le jardinier. Il a appris à l’école de magie.
La magie était ici fortement présente. Mais Cassiopée n’eut pas le temps de s’étendre mentalement sur le sujet car ils arrivaient aux portes de la demeure où un très vieux noctarri se détachait du groupe qui les attendait.
Les poils de Lùthien retrouvèrent leur place habituelle : le jardinier devait avoir fini son travail. Mais le malaise de l'elfe persista. Elle espérait que leur séjour ici serait le plus court possible. Le groupe qui s'avançait vers eux, sourire aux lèvres, lui faisait l'impression d'une bande de loups affamés. Elle se retint de montrer les crocs.
Yomeï s'inclina devant le vieillard avec un sourire à la fois respectueux et chaleureux. Le vieux le prit dans ses bras en une étreinte pas du tout solennelle.
Grand-père ! Je suis content de te voir !
Malgré ses membres frêles, une énergie encore puissante se dégageait de l'ancêtre. Il focalisa son regard sur la femme et le fils de Yomeï pendant que celui-ci faisait les présentations. Visiblement ça faisait longtemps que leur guide n'était pas rentré à la maison. Lùthien se demanda bien pourquoi. Tout le monde avait l'air ravi de le voir et de voir sa famille.
Cependant, rapidement, bien trop rapidement à son goût, l'attention se tourna vers Lùthien et Cassiopée. Yomeï fut concis dans les présentations.
Voici Lùthien et Cassiopée. Deux surterriennes à la recherche d'une tour de Vaelin dans les Ténéombres. Elles ont un besoin urgent d'y aller et l'ont manqué à Eschorie. Leu requête nous a intrigués et nous avons décidé de les emmener à Tandohmi consulter les érudits.
Le groupe de parents se pressa autour d'elles et elles ne durent qu'à la bienséance de ne pas subir une séance de touchers curieux. Lùthien ne dit mot et se contenta de saluer de la tête, faisant de son mieux pour paraitre aussi innocente que la rosée. En vérité, elle était tendue et sur le qui-vive, les poils hérissés comme un chat avant la bataille. Elle retenait difficilement un grondement.
Heureusement, Yomeï, qui commençait à repérer son fonctionnement, sauva tout le monde en prétextant la fatigue du voyage et le besoin d'un moment de détente pour que toute la petite troupe rentre dans la maison. Sur les suggestions de Yomeï, le vieillard, Yosheï, installa les deux femmes dans deux chambres communicantes. Elles avaient chacune leur salle de bain, luxe inouïe. Yomeï les invita à se reposer et de se retrouver à 17h pour discuter de la suite des évènements.